grés de marbre par où l’on monte à l’églife d’Ara.
cceli, ont été pris d’un temple de Romulus; faint
Blaife eft bâti des débris d’un temple de Neptune;
faint Nicolas-de-l’Ame a été élevé des débris du Cirque
Agonal, & ainfi de quantité d’autres.
Le palais Farnèfe eft un des plus beaux de Rome.
On voit dans fa cour la ftatue de Flore, celle de
deux gladiateurs , & celle d’Hercule qui fut trouvée
dans les bains d’Antonius Caracalla. Il y a dans une
des galeries, l’admirable figure d’un dauphin portant
fur fon dos un petit garçon , & à l’entrée de la
grande falle, les ftatues de deux rois parthes qui font
enchaînés. On fait aufli grand cas des ftatues de la
Charité & de l’Abondance, en pofture de deux per-
fonnes qui s’embraffent. Tout-au*tour de l’appartement
font les figures de plufieurs gladiateurs, l’épee
à la main, dans les différentes attitudes de combat.
On aime encore mieux les belles ftatues des anciens
philofophes & poètes; celle d’Euripide, de Platon ,
de Pouidonius, de Zénon , de Diogène, de Sene-
u e, &c. On entre aufli dans un appartement rempli
e tableaux des grands maîtres.
De-Ià on paffe dans la galerie dont les- platfonds
font de la main d’Annibal Carrache: ils contiennent
les hiftoires des amours des dieux & des déeffes. La
ftatue d’Apollon taillée dans un caillou fe voit dans
cette galerie. Dans une cour de derrière eft le taureau
de marbre qui fait l’admiration des connoiffeurs,
& qu’on nomme le taureau Farneft. Foye/ T aureau
Farnèse.
. A quelque diftance du palais Farnèfe, on trouve
la piazza de Pafquino, où eft la fameufe ftatue de
Pafquin proche de la place Navone. jPasquin.
La place Navone s’appelloit autrefois platea ago-
71 a lis , c eft-à-dire, la place des combats, parce que
c’étoit un cirque bâti par Alexandre Severe. Elle eft
cinq ou fix fois plus longue que large, & une de
fes extrémités eft un arc de cercle. On y voit le
palais du prince Pamphile, ainfi que la belle églife
qu’il a fait bâtir en l’honneur de fainte Agnès.-;
Le milieu de la place Navone eft moins élevé que
les bords; de maniéré qu’on en peut faire une efpece
de lac, en fermant les conduits par lefquels s’écoule
l’eau des trois grandes fontaines qui font fur cette
place. On a mis au pié du rocher, quatre figures co-
ïoffales qui repréfentent les quatre grands fleuves des
quatre parties du monde ; le Gange pour l’Afie le
Nil pour l’Égypte, le Danube pour 1 Europe, & le
Riq.de la PLua pour l’Amérique. On peut donner
trois pies d’eau au milieu de la place Navone &
c’eft ce. qu’on fait fréquemment dans les grandes
chaleurs, une heure avant le coucher du Soleil.
Le college de la Sapienza n’eft pas éloigné de la
plgce Navone. Eugène IV. fit commencer le bâtiment
de ce college. Enfuite Urbain VIII. & Alexandre
VII. l’embellirent d’une _églife & d’une biblio.-
thequé publique. C’eft le plus ancien college de.Æo-
rne & 'le'fe;ul qni ait droit de faire des.dofteurs; le
pape en nomme les profeffeurs, qui font prefque
toùs. des religieux d’une, érudition peu .brillante
quoiqu’il? ayent beaucoup de privilèges & d’honneurs...
Le jardin de botanique eft placé au janiciile dans
iine expofition favorable & dans un heureux climat
PPuL,^j cj.ilture des plantes , mais on n’en profite
pas davantage.
L’églife de laintLouis n’eft pas éloignée de la place
Navone, & le palais Juftiniani eft aux environs. On
voit dans ce palais de belles ftatues des dieux du pa-
ganifme, outre quantité de piés & de jambes de mar-
bie. On,y ypit aufli divers tableaux de grands maîtres,
, entr’autres, le tableau de faint Jean-l’évange-
lifte qui eft de la main de Raphaël.
La Rqtpnde, autrefois le Panthéon, eft la plus hardie
piece d’architeûure qui foit à Rome ; & c’ eft là
que Raphaël eft enterré. Nous avons déjà parlé du
Panthéon, 6c nous ferons un article féparé de la
R o tonde.
On traverfe le campo Martio, pour aller à l’églife
de fan-Lorenzo-in-lucina qui eft la plus grande pa-
roiffe de Rome. Elle avoifine le palais Borghèl'e, palais
qui renferme bien des chofes rares, fur-tout en
tableaux, dont le plus eftimé eft du Titien: c’eft une
Vénus qui bande les yeux de l’Amour, pendant que
les Grâces lui apportent fes armes. Le portrait de
Paul V de la maifon Borghèfe eft un ouvrage très-
délicat en mofaïque.
Augufte avoit fon maufolée dans le même quartier
, à peu de diftance de l’églife de faint Roch. Cet
édifice étoit rond, & l’une des plus belles chofes
qu’on pût voir dans l’ancienne Rome. Il avoit trois
rangs de colonnes les unes fur les autres, dont les
étages alloient toujours en retréciffant; 6c fur chaque
étage étoit une efpece de terrafle où l’on avoit
planté des arbres pour répandre de la verdure. La
ftatue d’Augufte étoit fur le haut de tout l’ouvrage,
élevée de terre de deux cens cinquante coudées î
•le tems a détruit ce fuperbe tombeau.
L’églife des Auguftins fituée dans le voifinage,
a une bibliothèque ouverte le matin ; 6c tout près
de cette églife eft le palais du duc d’AItemps. La
grande falle de ce palais eft remarquable par le triomphe
de Bacchus en bas-relief fur du marbre, par la
repréfentation d’une ville taillée fur du bois , & par
un portrait delà Vierge tenant l’Enfant Jefus entre
fes bras ; c’eft un tableau de la main de Raphaël, 6c
qui eft fort eftimé.
En parcourant Rome moderne, je n’ai point parlé,
de fes antiquités chrétiennes, parce qu’elles font trop
embarrafi’ëes de légendes & de fables. J’ai aufli paffé
fous fil en ce la defcription des églifes qui n’ont rien
de remarquable, outre que leur nombre eft fi grand,
qu’on en compte près de trois cens,dont plus de quatre
vingt fervent de paroiffes, quoique la dixième
partie fut plus que fiiffifante.
Gn fait que Rome fut d’abord gouvernée par des
rois,enfuite par des confuls, puis par des empereurs
jufqu’à Auguftule, l’an 475 de J. C. & enfin par des
paPes/ I / , I ■ I
Cette ville a été faccagéë fixfois)premierement,par
les Gaulois, l’an 364 de fa fondation : fecondement
.par Alaric, l’an de J. G. 410: troifiemement par
Genferic roi des Vandales, l’an 455 : quatrièmement
par Odoard roi des Hernies : cinquièmement
parTotila, l’an 546 : fixiemement par Charles-Quint,
l’an 1517.
« Dans le feptieme & le huitième fiecles, la fitùa-
» tion de Romey&it un hiftorien philofophe, étoit
» celle d’une ville malheureufe, mal défendue par
»les exarques, continuellement menacée par les
» Lombards, 6c reconnoift’ant- toujours- les empe-
» reurs pour fes maîtres. Les papes lie pouvoient
» être confacrés qu’avec la permiflion ex-preffe d'è
» l’exarque. Le clergé romain écrivoit au niétropo-
» litain de Raverine, &c demandoit la prote&ion dé
» f a béatitude auprès du gouverneur, enfuite le pape
. » envoyoit à ce métropolitain fa profeflion de foi*
» Enfin Charlemagne, maître de l’Italie comme de
» l’Allemagne & de la France, juge du pape, arbitre
» de l’Europe, fe rendit à Rome à la fin de l’an-
» nee 799.
» Si pour lors il eût fait de cette ville fa capitale,
» fi fes fucceffeurs y euffent fixé leur principal fé-
» jou r, & fur-tout fi l’ufage de partager fes états à
» fes enfans n’eût point prévalu-chez les Barbares,
» il eft vraiffemblahl e qu’on eût vu renaître l’empire
» romain. Tout contribua depuis à dévafter ce vafte
» corps, que la valetir.& la fortune de-Charlemagne
» avoient
» a v o ie n t f o rm é ; & t o u t c o n c o u ru t à r e le v e r la p uif*
» fance abbatue du faint fiege jtifqu’au tems delà
» révolution qui lui a fait perdre les plus beaux fleu-
» rons de fa couronne. ( Le chevalier D E J A U~
y> c O U R T . ) . ,
ROME, déejfe, (Mythol. Littét. Infcript. Medaill. )
les anciens non-contens dé perfonnifier plufieurs de
leurs villes, & de les peindre fous une figure humaine
, leur attribuèrent encore des honneurs divins;
mais entre les villes qu’on a ainfi vénérées, il n’y en
a point dont le culte ait été fi grand.ôc fi étendu que
celui dé la déejfe Rome.
On la peignoit ordinairement reffemblante a Pal-
las aflile fur un roc , ayant des trophées d’armes à
fes piés , la tête couverte d’un cafque , & une pique ,
à la main. On lui donnoit un air jeune , pour marquer
que Rome étoit toujours dans la vigueur de la.
ieuneffe ; on la repréfentoit avec un habit long, pour ;
montrer qu’elle etoit également prête à la paix 6c à
la guerre ; quelquefois au-lieu d’une pique , elle tient
line vi&oire , fymbole convenable a celle qui avoit
vaincu tous les peuples de la terre connus.
■ Les figures de la déejfe Rome font affez fouvent accompagnées
d’autres types qui la repréfentoient ;
telle étoit l’hiftoire de Rhéa-Sylvia , la naiffance de
Remus ÔC de Romulus, leur expofition fur le bord
du Tib re, le berger Fauftulus qui les nourrit, la louve
qui les alaitë , le lupercal ou la grotte dans laquelle
la louve en prit foin.
On bâtit des temples à la déejfe Rome, on lui éleva
des autels non-feulement dans la capitale, mais dans
la plûpart des villes dé l’empire. Abenda , ville de
C a r ie , montra la première l’exemple, félon Tite-
Live , liv. X L I I I . ch. vj. & cet exemple fut imité à
Smyrne , à Nicée, à Ephefe , à Melafle , à Pola
ville de l’Iftrie, & ailleurs, où le culte de cette déeffe
étoit aufli célébré que celui d’aucune autre divi- j
nité. On n’entreprenoit point de long voyage lans
brider de l’encens à fa g loire, & fans lui adrefler des
vaux ; enfin, les moindres titres de la flatterie, dont
on cajolla cette prétendue déefle, étoit Roma vicjnx,
Rome v iâorieufe ; Roma invicla , Rome invincible ;
Roma facra , Rome facrée ; Roma ceterna , Rome
éternelle.
Augufte vit avec plaifir qu’on confacra des temples
à lui Augufte ; il étoit trop vain pour n’être pas
touché de cet honneur ; mais en politique adroit, il
voulut qu’on le joignît dans la confécration des temples
à la déejfe Rome. On dit qu’on voit encore en
France, à l’entrée de la ville de Saintes, au milieu
du pont fur la Charente un monument qui entr’aur
très infcriptions en a cohfervé une dans laquelle il eft
dit que celui qui le dédioit étoit un pretre attache au
fervice de la déejj'e Rome & d’Âugufte.
On trouve fouvent la tête de-la déejfe Rome repré-
fentëe comme Pallas dans les médailles confulaires,
& dans quelques médailles grecques. On la trouve
,aufli jointe avec celle du fénat, repréfenté en vieillard
, parce qu’il étoit compofé de gens d’un âge mûr.
Les titres qui accompagnent les têtes de Rome & du
fénat, dans les médailles grecques, font 6e* p«,uh , la
déejfe de Rome, & ôeoç wyKXnTx , le dieu du fenat, OU
ttpa. avynXmcç , le facréfénat.
Les médailles de Maxence repréfentent Rome éternelle
afîife fur des enfeignes militaires, armée d’un
cafque , tenant d’une main fon fceptre , & de l’autre
un globe qu’elle préfente à l ’empereur couronné de
laurier, pour lui dire qu’il étoit le maître & le con-
fervatéur de tout le monde, avec cette infcription ,
jconj'ervatori urbis aternce.
Les médaillés de Vefpafien nous font voir Rome
ayant le cafque en tête , & couchée fur fept montagnes
,tanant fon fceptre, & ayant à fes piés le T ib re ,
pous la figure d’un vieillard.
Tome X IF ,
Enfin par les médailles d’Adrien, Rome tient un
ram e a u de laurier de la main gauche, & de la droite
la v ic to i r e fur un globe, comme étant vi&orieufe de
tout l’univers. ( D. J. )
R o M e , au jeu du Romeßecq, ce font deux valets 9
deux d ix , ou deux neufs , ou deux autres cartes
d’une même efpece ; elle ne vaut qu’un point à celui
qui l’a.
R o m e , double rome , au jeu du Romeßecq, fe dit
lorlqu’on a deux as , ou deux rois en main , elle
vaut deux points ; & lorfque les deux as ou les deux
rois ne font pas grugés , elle en vaut quatre.
ROMELLE, la , (Géog. mod-, ) petite riviere des
Pays-Bas , qui court depuis Rümpft jufqu’à Rupel-
monde , où elle tombe dans l’Efcaut. (D . / .)
ROMES, I. m. pl. Ç baffe Lijferie. ) ce font les deux
principales pièces qui compofent le métier où fe fabrique
la baffe-liffe. Ces pièces font des deux côtés du
métier, & portent à leur extrémité les deux enfuples,
fur rune defquelies fe roule la chaîne 6c fur l’autre
l’ouvrage. C’eft aufli au bromes que tientlecamperche,
ou barre de bois qui portent les fautereaux, où font
attachées à des mentonnières les cordes qui fervent
à ferrer le deffein contre la chaîne. Dicl. de Comm. •
m
ROMESTECQ, (yca du ) ce jeu qui ne laiffepas
d’avoir fes difficultés, eft ainfi nommé de rome & de
fiecq, deux termes ufités dans le jeu. Voye{ R o m e 6*
S t e c q .
Les cartes avec Iefquëlles on joue ce jeu font au
nombre de trente-fix, c’elt-à-dire , depuis les trois
jufqu’au fix. On y peut jouer deux, quatre ou fix
perfonnes» On voit qui fera enfemble ; 6c fi l’on eft
f ix , le joueur du milieu prend les cartes 6c les donne
à couper à celui du milieu dé l’autre côté pour voir à
qui fera. Celui qui tire peut faire , ou ordonner à
l’autre, félon qü’on eft convenu. Il y en a qui prétendent
que c!eft un avantage de faire à fix-. Si l’on ne
joue que quatre , celui qui coupe la plus belle carte
donne. Il y a pour lors beaucoup d’avantage pour celui
qui joue le premier ; ce qui arrive én ce cas , puifque
celui qui eft à la droite de celui qui mêle eft fon compagnon
avec lequel il communique le jeu.
Et celui qui ne fait point marque ordinairement
le jeu avec des jetons, une plume ou du crayon.
La partie eft ordinairement de trente-fix points
lorfqü’on joue fix ; 6c à deux ou quatre , elle eft de
vinwt-un, quoique cela dépende proprement de la vo*
lonté de celui qui joue , comme de fixer la partie.
Celui qui doit mêler, a p r è s a v o i r fait couper à fa
j gauche, donne à chaque joueur cinq cartes, par deux
fois deux, ou par tel autre nombre, pourvu qu’il ob*
férve de toujours donner de même dans tout le refté
de la partie. Il n’y a point de triomphe à Çé jeu , &C
le talon refte für la table fans qu’on y touche,
Il faut obferver que l’as eft la meilleure carte dit
jeu , levant même le roi ; le refte dés Cartes vaut à
l ’ordinaire. Mais pour qu’une carté fupérieufè en lev
é une inférieure , il faut qu’elle foit de la nlême cou*
leur ; car autrement l’inférieure jettée la première
leve la fupérieure en une autre Couleur. Quant aux
jeuxdifïerens, les, voici félon leur plus grande valeur.
Le vilique, lé double nittgre, le tricne, le village
, la double rome, la ronte & le ftecq:
Il faut remarquer que quelque carte qu’on joue, fi
elle fait parité d’un jeu quelconque, qui peut arriver
au romeßecq, elle doit être nommee par fon nom propre
, c’eft-à-dire qu’en la jouant, il faut toujours dire
double-ningre, ou piece de ningre ; en jouant une de la
double-rome , piece de la double-rome, de triche, & de
village : car autrement celui qui auroit effacé fans
l’avoir nommée, perdroit la partie. A infi, en jettant
les deux dames &c les deux valets, qui font le village,