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du mouvement & de la tranfpiration. Aînfi, 1 e favon
& la leffive Vont excellons pour ouvrir , délayer,
réfoudre & atténuer, rendre les humeurs fluides, lever
les obftru&ions , & rendre aux parties le mouvement
quelles avoient perdu.
Le favon produit des effets furprenans fur les concrétions
formées par une huile & une terre groflièrë;
il empêche les acides de coaguler le chyle &c le lait ;
& fuppofé qu’ils le Voient, il les refout. :
Le favon fait çe que l’huile feule 8c l’alkali feparé
de l’huile n’auroient pu opéïer.
On peut, pour remplir différentes indications, fui*-
vre d’autres procédés dans la fabrique Au favon. Ainfi
on fait un favon avec l’huile de térébenthine, dont
l’iifage eft très-étendu ; on y joint de l’opium , des
racines cl’héllebore 8c régliffe pour faire le favon de
Starjcei.
Le favon de baume de foufre efl aufli excellent
pour les maladies de la poitrine 8c du poumon ,
pour corriger l’épaiffiflemcnt de la limphe bronchiale.
t
Le favon ordinaire fe donne en bols , en pilules *
en opiates , à la dofe de quinze grains pour des maladies
chroniques Sc invétérées. Mais d’ordinaire la
dofe ne doit pas pafler huit grains, lorf qu’on le donne
long-tems de fuite. t
Le fa v o n liquide fait avec les huiles diftillees , de
. fnême que celui de baume de foufre & de Starkei,
ne doivent fe donner qu’à la dofe de quelques grains
ou gouttes, leur ufage eft fort douteux s'il n’eft bien
raifonné 8c indiqué.
Savon , tables de (■ Savonnerie.) les tables de favon
font de grands morceaux de favon blanc d’environ 3
pouces d’épaifleur fur un pié & demi en quarre , du
poids de lo à '25 livres. (D . J .)
Savon , terne de Cartier ; c’eft un bille de favon
blanc appliquée fur une planche. Ce fa v on -fert pour
en frotter les feuilles de cartes qu’on veut liffer, afin
que la pierre à liffer gliffe plus aifément fur les cartes
& ne le$ déchire point.
SAVONE, ( Giog. mod.) ville d’Italie dans l ’état
de Gènes, fur le rivage de la mer, à 16 milles au fud-
oueft de Gènes, & à 10 au nord-eft de Noli. Cette
ville, après la capitale, efl la plus, confidérable de
l’état de Gènes, Elle efl bien bâtie, 8c a un grand
nombre d’eglifes, qui font la plupart belles 8c propres.
Plufieurs ordres religieux y ont aufli des cou-
vens. Ses rues fontaffez larges, la plupart droites Sc
bordées de mail'ons de bon goût en-dedans & en-
dehors. L’évêché efl fuffragant de Milan. Son port
étoit autrefois bon , 8c y attiroit le commerce ; mais
la république l’a laiffé détruire entièrement, pour
que Gènes jouît feule du négoce, 8c que le roi dg
Sardaigne , qui a de grandes prétentions fur S avoue,
ne fongeât plus à. s’emparer d’une place qui ne lui
feroit d’aucune utilité. Il ne refte à Savone que quelques
manufaûures de foie qui la font fublifler ; tous
les environs de cette ville y font extrêmement fertiles
; les fruits de toute efpece , en particulier les limons
8c bergamotes,y viennent en perfeèlion 8c en
quantité, Long. zÇ . 4. lat. 44.18.
C’eft la partie du pape Jules II. de la maifon de
Rovere. Il entra pape au conclave en 1503 , car
avant que d’y entrer, fon élection étoit conclue entre
les cardinaux ; 8c l’on peut dire qu’ils n’avoient
pas encore choifi une plus ferme colonne du faint
fiége. Il ne travailla qu’à faire de l’Italie un corps
puiffant, dont le fouverain pontife feroit le chef.
Après avoir rempli fon premier projet d’aggrandir
Rome fur les ruines de Venife par la fameufe ligue de
Cambray, il eut l’art d’exécuter le fécond, qui étoit
de chaffer les François, 8c autres barbares de l’Italie,
fe propofant de détruire tous les étrangers les uns par
les autres, 8c d’exterminer le refte, alors languiffant,
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de la domination allemande. Il fît lui-même la guerre
, il alla à la tranchée , il affronta la mort. Il tourna
contre la France cette fameufe ligue qu’il avoit
d’abord tramée contre Venife , 8c c’eft à Louis XII.
qu’elle devint funefte.
On commença par fe batrre vers Bologne 8c vers
le Ferrarois. Jules II. afliégea la Mirandole, On vit
ce pontife , âgé de 70 ans , aller, le cafque en tête,
à la tranchée vifiter les travaux , preffer les ouvrages
, & entrer en vainqueur par la breche. Tandis que
le pape , caffé de vieilleffe , étoit fous les armes , le
roi de France, encore dans la vigueur de l’âge, af*
fembloit un concile. Il remuoit la chrétienté ecclé-
fiaftique , 8c le pape la chrétienté guerriere. Le concile
fut indiqué à Pife, oh quelques cardinaux ennemis
du pape, fe rendirent. Mais le concile du roi ne
■ fut qu’une entreprife vaine , 8c la guerre du pape fut
heureufe.
Nos hiftoriens blâment fon ambition 8c fon opiniâtreté
; mais il.falloit aufli rendre juftice à fon courage
Sc à fes grandes vues. Il donna au pontificat une
force temporelle qu’il n’avoit point eu jufqu’alors. Enfin
il confomma la vie en 1513", à 70 ans, après
avoir joint Parme 8c Plaifance au domaine de Rome,
du confentement de l’empereur même. Léon X. lui
fuccéda. Ejfai fu r l’hijloire générale , tome II . in-8 °.
Chiabrera (Gabriel) poète italien du xvj. fieele,
naquit à Savone, en 15 $z, 8c mourut en 1638 , âgé
de 86 ans. Il a fait plufieurs poèmes héroïques , un
grand nombre de lyriques, des tragédies, des opéra,
des paftorales, en un mot des poéües de tout genre.
On dit que Chiabrera étoit un des plus beaux efprits
&c des plus laids vifages d’Italie ;' ce qu’il y a de fur,
c’eft qu’il a été un des plus féconds poètes de fon fie-
cle. ( D . J . )
SAVONIERES, (Géog. mod.') lieu autrefois célébré,
à cinq ou fix milles de Toul, où l’on croit que
les rois de la fécondé race avoient un palais. Ce qu’il
y a de plus fur, c’eft qu’il s’eft tenu à Savonieres, en
859,1m concile, auquel afîifterent trois rois avec les
évêques de douze provinces des Gaules 8c de Germanie.
Ce lieu eft différent du bourg de Savonieres, qui
eft du même diocefe de Toul, dans le duché de Bar ,
& dont l’églife dite fainte Calixte, eft à la préfenta-
tion de l’abbé de S. Michel.
Il y a encore un bourg de même nom dans la Touraine
, à deux lieues de Tours, auprès duquel on voit
des cavernes fameufes par leurs congellations, 8c qui
font femblables en ce point aux grottes d’Arcy en
Bourgogne. ( D . J . )
SAVONNAGE, f. m. (Grain.) blanchiffage àl’eau
& au favon. Il faut mettre ce linge au favonnage.
SAVONNER, v. aft. (Gram!) blanchir avec le favon
& l’eau. Il faut favonnerce linge.
SAVONNER, en terme d'èpinglitr-aigüilletier , eft
l ’a û io n d e b lan c h ir le s a igu ille s , & d’ ô t e r dans p lu -
fieu r e a u x de fa v o n b o u illan te l’ e fp e c e de e am b o u i
q u i s’ y e ft a t ta ch é d an s le p o liffa g e . On le s v an n e
p o u r c e t e ffet d an s u n e b a f l in e , en c h an g e an t d ’eau
ju fq u ’ à q u a t re fo is . Voye^ BASSINE.
S a v o n n e r , en terme de plumajjier, c’eft dégraiffer
les plumes en les mettant dans de l’eau après les avoir
frotées avec du favon, à-peu-près comme on fait au
linge.
SAVONNERIE, f. f. (Archit.) grand bâtiment en
forme de galerie oh l’on fait le favon. Il contient des
réfervoirs à huilé 8c foude, cave, 8c fourneaux au
rez-de-chauffée ; aux étages de deffus, font les mifes
pour le figer, & les féchoirs pour le fécher. Une des
plus belles favonneries de France, eft celle de la Na-
poule, qui eft un port de mer près de Cannes en Provence.
La favonneriedeCalais, pour les favons verds
& liquides eft aufli une des plus confidérables 8c des
mieux
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mieux confttfuites qui foient dans le royaume.
SAVONNERIE , LA , (Hijl. des manufacl. de France.)
t’eft ainfi qu’on appelle la manufacture royale d’ou-
vrages à la Turque 8c façon de Perfe, qui eft je crois ;
la feule qu’il y ait en Europe pour ces fortes d’ouvrages.
Elle fut établie en 1604* en faveur de Pierre du
Pont, tapiflier, ordinaire de Louis XIII. 8c de Simon
Lourdet, fon éieve. Henri IV. les avoit logés au Louvre
; mais Louis XIII. leur donna la maifon de la fa r
vonnerie. Le tapis de pié qui devoit couvrir tout le
parquet de la grande galerie du Louvre 5/ 8c qui con-
fifte en quatrèvingt-douze pièces, eft un des 'plus
grands 8c un des premiers ouvrages de la ftvonnerie.
La chaine du eannevas des ouvrages de cette fabrique
, eft pofée perpendiculairement comme aux ouvrages
de haute-liffe ;mais au lieu qu’à ces derniers
l’ouvrier travaille derrière le beau côté, à la favonne-
rie au contraire, le beau côté eft en face de l’ouvrier,
comme dans les ouvrages de baflè-liffe. (.D . J
S AVONNËTTE, f. f. (Comm.de Parfumeur.) boule
de favon très-éputé & parfumé de différentes odeurs,
qui fert principalement à faire ia barbe. Les favonnet-
us font de différens prix fuivant leurs groffeurs, leurs
qualités & leurs parfums.
Elles fe font ordinairement avec dü faVon de Mar-
feille ou de Toulon, de la meilleure forte, & de la
poudre à cheveux très-fine; la proportion de ces matières
eft de trois livres de poudre, fur cinq livres
de favon. Le favon fe hache en morceaux bien menus,
& après qu’on l’a fait fondre féul dans un chau-
deron fur le feu, en y ajoutant un demi-feptier d’eaù
pour empêcher qu’il ne bride ; on y met d’abord les
deux tiers de la poudre, prenant foin de bien mêler
îe'.tout, & de le remuer Souvent pour qu’il ne s’attache
point au chauderom
Après que çe mélange eft achevé, & que la matière
a .été réduite en confiftance de pâte, on la ren-,
verfe fur une planche, oh après y avoir mis l’autre
tiers de la poudre, on la pétrit long-tems & exaélément
de la maniéré que les Boulangers ont coutume
de pêtfir leur pâte. En cet état, on la tourne dans les
mains, & l’on donne une forme ronde aux favonnet-
tes, en les applatiffant' néanmoins un peu d’un côté
jpour y mettre la marque du marchand, qui s’imprime
ordinairement avec une efpece de poinçon de buis
gravé en creux.
Il faut obferver que pour bien tourner les favûn-
nettes, il faut avoir près de foi de la poudre à chéri
veux la plus fine, pour y tremper de tems en,tems les
inains, crainte que cette pâte qui eft très-tenace, ne
s’y attache;
Ceux qui y veulent mêler des parfitjns, répandent
quelques gouttes d’effences fur la pâte quand on eft
près de lui donner fa derniere façon. (D . J .)
SAVONNEUSE, pierre, (tiifi. nat.) lapisfapona-
çeus ; nom donné par quelques auteurs à la pierre dë
lard, parce qu’elle eft douce au toucher comme du
favon;
On appelle aufli terré favohtieiife, une ferre argil-
îeufe très-fine, & douce au touchef comme la terre
cimolée, ou comme celle que les Chinois appellent
hoàtché. V oyez ces articles ;
On appelle encore terre favonnéufe, une terre qui
fe trouve dans le voifinage de Smirne, & qui étant
très-chargée defel alkali naturel, fert à faire du favon.
Voye{ S m ir n e , terre de.
SAVONNIER, f. m. (Hijl. nat. Bot.) fapindus;
genre de plante à fleur en rofe, compofée le plus
foiivënt de quatre pétales; le piftil fort du calice qui
eft aufli çompofé de quatre f e u i l l e s , i l devient
dans là fuite un fruit fphérique, qui renferme un
noyau de la même forme que le fruit, & dans lequel,
ôn trouve une amande .fphérique aufli. Tourncfort,
I. R. H . App. Voye{ PLANTE,
Tome X IV i
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~ Les Botaniftes le nomment fapindus, tomme qui
(livoïtfapo-Indus'. On a déjà caraclérifé, & trop tôt,
cet arbre étranger des îles Antilles; & de la terre-ferme
d’Amérique, fous,; le nom d’ârbre à.fàvonncttes;
il vaut J.a peine qu’on le décrive ici:
Son fruit qui eft de la groffeur d’une noix verte ;
étantécrafé& paffé fur le linge,y produit le même
effet que le favon ; il fait une moufle blanche &c épaif?
fe, qui décraffe à merveille ; mais eii nettoyaht lé
linge, il l’ufe beaucoup tk le brûle ; il eft vrai que
‘c’eft fur-tout à décraffer les hardes des negres qu’ort
l’emploie. .
Lés .feuilles du favpnnier font pour l’ordinaire longues
de trois pouces, larges d’un pouce, vertes j bru-
nes & luifàntes; elles font plaçéçs deux à deux; du-
res^Sç recourbées, de maniéré,à laiffer un petit creux
clans le milieu. Comme elles font eh grande quantité
, & preffées le long dçs branches $ elles procurent
ùn ombrage frais: , ;. , .•
Les fleurs naiffent par bouquets, longs de plus d’un
pié, s’élevant en pointe comme une pyramide:. On
remarqué d’abord de petits,boutons blanchâtres, qui
venant à éclore ; forment unç fleur compofée de quatre
pétales, & foutenue par un calice fendu en quatre
quartiers. A ces fleurs fticcedentdes fruits,ronds;
de la groffeur des noix de gale ; verds, revêtus de
ieur coque. La peau de l’enveloppe eft affez liffe
forte ; elle eft verte au commencement * jaunit en-
fuite, & brunit enfin quand le fruit eft tout à fait mûr.'
Elle-r,enferme une mafiè épaiffe, mollaffe , vifqueu-
fe, fort amere ; c’eft une matière qui décraffe le$
bardes & ,1e linge, ce qui a valu le nom de favonnier
à l’arbre qui la porte.
Le milieu de cette noix_ eft occupé par un noyau
prefque rond ; noir, rempli d’une fubftance blanche ;
ferme, & d’un goût approchant de celui des noifet-
tes., On en tire de l’huile' qui éclaire parfaitèmënt
bien.
Cet arbre eft lin des meilleurs qui croiffent aux
îles. Il eft droit^rond, ayant près d’un pié de diamètre
, & quinze pies de tige ; fon écorce eft grife, mince,
,-feche , & très-peu adhérente; l’aubier eft rou-
geâtçe , pefant, compaéle ôc fort dur. Il faut de bonnes
haches pour l’abattre ; car par fa dureté il rompt
aifément le fil du taillant; & pour peu qu’ort donne
un ço,up à faux, on met la hache en deux pièces. On
s’en fert à faire des rouleaux de moulins & des:
' moyeux de roues. Il eft difficile de trouver un meilleur
bois pour cet ufage, & quand lés mortaifes font
bien faites ÿ un moyeu peut ufer deux ou trois re-*
changes de raies & de jantes. ( D .J . )
S AV ONN OIR , f. m. injlrument de C a r tie rc’eft un
Outil compofé de plufieurs feuilles de feutre, couchées
les unes fur les autres ; & epufues enfemble bien
1 ferré ; ces feutres font coupés bien également en-def-
fpus, & ont en-deffus une manivelle ou courroie
dans laquèlle lès ouvriers paffent la main pour s’en
fervir. Voici comment on fe fert. du favonnoir. L’ouvrier
paffe le favonnoir par fon plat fur la bille de favon
, & le frotte deffus ; après quoi il frotte avec ce
. favonnoir la feuille de cartes qu’on veut liffer.
SAVOURER, v, à£h (Gramm.) c’eft goûter avec
grand plaifir dans les organes de cette fenfation. Je;
favoure la douceur dé ce mets. Il fe dit au figuré; cet
homme eft heureufement né , la peine Paffeéle peu,
if favoure le plaifir.
SAVOUREUX, âdj. (Gramm.) il fe dit de tout
corps qui a beaucoup de faveur.
SAVOYE, ( Géoe. mod. ) Voye?^ SAVOIE.
SAUPE, f. f. (Hift. nat. Iciithiolog.) falpa ; poiffoir
‘ de mer qui eft couvert d’éeailles, &C qui reffemble au:
bogue ; il a un pié de longueur. La têtè eft petite, 8c
le mufeau a quelque reflemblance avec celui des mu-
' ces. Il a fur les côtés du corps des traits de couleur’
' 8 YVyy