Comme un réticule quarré ne peut fervir que pour
le diamètre , 6c non pour la circonférence de l’aftre,
on le fait quelquefois circulaire , en traçant fix cercles
concentriques également diftans, qui représentent
les phafes de l’éclipfe parfaitement.
Mais il eft clair que le réticule, foit carré ou circulaire
, doit être parfaitement égal au diamètre, ou
à la circonférence de la planette, telle qu’elle paroît
dans le foyer du verre, autrement la divifion ne fau-
roit être jufte. Or c’eft une chofe qui n’eft pas aifée
à faire, à caufe que le diamètre apparent du foleil
ou de la lune différé dans chaque éclipfe, & que meme
celui de la lune différé de lui-même dans le cours
de la même éclipfe.
Une autre imperfeélion du réticule, eft que fa grandeur
eff déterminée par celle de l’image qui paroît
dans le foyer ; 6c par conféquent il ne peut fervir que
pour une certaine grandeur.
Mais M. de la Hire a trouvé le fecret de remédier
à tous ces inconvéniens, 6c a trouvé le moyen de
faire fervir le même réticule pour tous les telefcop.es,
6c toutes les grandeurs de la planete dans la meme
éclipfe.
Le principe fur lequel il appuie fon invention, eft
que deux verres obje&ifs appliqués l’un contre l’autre
, ayant un foyer commun , 6c y formant une
image d’une certaine grandeur, cette image croît à-
proportion que la diftance des deux verres objectifs
augmente , du moins jul'qu’à ;un certain point.
Si donc on prend un réticule de telle grandeur qu’il
puiffe égaler précisément le plus grand diamètre que
le foleil ou la lune peuvent jamais avoir dans le foyer
commun des deux verres objeûifs places l’un contre
l’autre ; il ne faudra que les éloigner l’un de l’autre,
à mefure' que l’aftre viendra à avoir un plus petit diamètre
, pour en avoir toujours l’image exactement
représentée , &c comprife dans le même réticule.
M. de la Hire propofa en même tems de fubftituer
aux fils de foie un réticule fait de glace de miroir mince
, en traçant des lignes ou des cercles deffus avec
la pointe d’un diamant ; prétendant par ce moyen
éviter l’inconvénient des fils de foies qui font fujets
à s’éloigner du parallélifme par les différentes températures
de l ’air ; mais cela ne peut abfolument s’exécuter.
En effet, il eft impoffible , même avec le diamant
le plus dur 6c le mieux taillé, de faire ou de tracer
un trait net fur une glace ; car fi le trait eft affez
marqué, la glace fera coupée 6c fe caftera facilement
dans l’endroit marque ; que fi au-contraire il
n’eft pas affez marqué pour que la glace foit coupée ;
il ne fera pas vifible , même au microfeope ; on ne
verra qu’une efpece de rainure toute raboteufe. Ainfi,
on doit regarder toute machine ou infiniment où l’on
parle de tracer des lignes bien diftinctes fur une glace
, comme abfolument impraticable.
RETICULUM, (Littérat.) ce mot lignifie un petit
rets ou filet, une raquette à jouer à la paume, parce
qu’elle eft faite en réfeau, 6c finalement un fac à ré-
leau x, une coëffe claire à réfeaux. Réticulum étoit
encore un fac à réfeau, dans lequel on portoit le pain
en voyage : Varron ditpanarium, c’eft pourquoi Saint
Augultin appelle la provifion de pain annonam reti-
cam , parce qu’on la portoit dans des filets ; mais le
panier des provifions générales d’ufage chez les pauvres
, étôit fait avec des feuilles de palmier , de jonc
ou d’ofier, & fe nommoit cumera. Revenons aux reticula
ou facs à réfeaux.
Leur ufage étoit fort ordinaire auffi-bien en Grece
qu’à Rome. Dans les acharnenfes d’Ariftophane, on
voit des oignons dans des facs à réfeaux, Kpopixoct tv
S'r/.'tvoiç ; on fe fervoit aufli de petits paniers en réfeaux
, reticula, pour y mettre des fleurs. Cicéron
peint à ravir de cette maniéré Verrès dans un feftin.
Ipfe corOnam habebat unam in capite, altérant in coud}
réticulum quee ad. nares jibi apponebat, tenuiffimo lino,
minutis maculis, plénum rofoe. Il avoit une couronne
fur fa tête, une autre autour du cou; 6c dans cette
attitude, il refpiroit de tems en tems l’odeur d’un
aflemblage de rofes , qu’il avoit fait mettre dans un
fac de fin lin , tiffu à petites mailles.
Tel étoit le fac à réfeaux de Verrès ; mais tous les
reticula n’étoient pas de fin lin 6c à petits carreaux ;
on les faifoit fouvent de jonc , 6c fans beaucoup de
façon. Cependant il y en avoit de magnifiques, foit
à fils d’ivoire ou d’argent. Dans la defeription qu’Hip-
polochus fit du feftin de noces de Carunus, 6c qu’A-
thénée nous a confervée, on y voit àpTc<pop* S'ia i/xav-
t«!’ iXiipavriviev Tü'iBteyfxivct, des facs à réfeaux pour le
pain , faits de lames d’ivoire ; 6c enfuite àprcçopov ap-
yvpcijv, des facs pour le pain à lames d’argent.
RETIERCEMENT ou RETIERS , f. m. (Jurifpru--
dence.) eft un terme qui fe trouve dans l’ancienne-
coutume de Montreuil, pour exprimer le tiers dit
tiers, c’eft-à-dire, la troifieme partie du troifieme
denier du prix de l’héritage : il eft dit que ce retierce-
ment eft dû au feigneur, quand le prix de l’héritage
cottier ou roturier, vendu ou chargé de quelque
vente , eft vendu francs deniers au vendeur ; autrement
il n’eft dû au feigneur que le tiers , 6c non le
retiercement. Voye^ le glojf. de M. de Lauriere, au mot
RETIF , adj. (Maréchal.) epithete qu’on donne à
un cheval mutin, qui s’arrête ou recule au lieu d’avancer.
Au manege, on appelle rétif un cheval rébelle,
capricieux 6c indocile, qui ne va qu’où il lui
plaît &C quand il lui plaît. Ce mot vient dû latin rec-
tivus, qui fignifie la même chofe.
RÉTIFORME, adj. (Gram.) qui a forme de rets-
On dit en Anatomie , lacet rétiforme. Voye{ Rets
ADMIRABLE.
RETIMO, (Géog. modj vtivpxa, dans Ptolomée,'
& Rithymna dans Pline, liv. 1V. ch. x ij: ville de l’île
de Candie fur la côte leptentrionale, à 18 lieues au
couchant de la capitale. Elle a une citadelle bâtie fur
un roc efearpé, 6c qui commande un fort ruiné ; fon
port qui a été très-bon, eft aujourd’hui tout-à-fait négligé.
Retimo eft la troifieme place du pays ; les Turcs
la prirent en 1647 •> & depuis ce tems-Ià elle eft gou--
vernée par un pacha, fournis au viceroi de Candie.
Long. 4 2 .18. lat. j j .,2 4 . (JD. /.)
RETINA, (Géog. ancé) lieu d’Italie, dans.la Campanie
fur le bord de la m er, félon P line, l. VI. epifl.
iC. Hermolaüs. croit que ce lieu étoit au pié du promontoire
de Misène , 6c que c’eft encore aujourd’hui
un petit village appellé Raina ou Refîna.
RETINE, terme d'Anatomie G d’Optique , qui fignifie
une des tuniques de l’oeil ; on l’appelle aufli
amphibleflroïde tunique , rétiforme 6c réticulaire , comme
étant tiffue en forme de rets. Voye{T u n iq u e ,
OEil . La retine eft la derniere, ou la plus intérieure
des tuniques de l’oe il, fituée immédiatement fous la
choroïde. Voye[ C horoïde. Elle eft formée de la
dilatation de la partie médulaire du nerf optique ;
c’eft pourquoi elle eft mince, douce , blanche, 6c
reffemblante à la fubftance du cerveau; elle efttranf-
parente comme la corne d’une lanterne. Voye[ Nerf
opt iq ue. Quand elle fe fépare de la choroïde, elle
eft en forme de mucus.
On croit communém ent que la retine eft le grand
organe de la vue , qui fe fait par le moyen des rayons
de lumière qui font réfléchis de chaque point des
objets qui paffent à-travers les humeurs aqueufes ,
vitrées 6c criftallines, &c vont peindre fur la rétine
l’image de l’objet, fur laquelle ils laiffent une impref-
fion qui eft portée de-là, par les capillaires du nerf
optique,jufqu’à l’organe du fens. VoyefSfision. Mais
plufieurs membres de l’académie royale des Sciences
> particulièrement M M. Mariotte, Pecquet, Perrault
, Mery , de la Hire, ont été partagés fur l’opinion
que ce fût la retine ou la choroïde qui fût
le principal organe de la vifion, 6c fur laquelle des
deux les objets étoient repréfentés. M. Mariotte &
M. Mery ont cru que c’étoit la choroïde, &c les autres
que c’étoit la rétine. On a toujours penfé que la
retine avoit tous les caraéleres de l’organe principal.
Elle eft fituée dans le foyer de réfraétion des humeurs
de l’oeil,. 6c conféquemment elle reçoit les fommets
des cônes des rayons , qui viennent des différens
points des objets.
Elle eft très-mince , 6c conféquemment très-fen-
fible. Elle tire fon origine du nerf optique, 6c elle
eft même entièrement nerveufe, & c’eft l’opinion
commune que les nerfs font les véhicules de toutes
les fenfations. Enfin elle communique avec la fubftance
du cerveau ou toutes les fenfations fe terminent.
Voye1 C erveau , Sensation.
On fuppofe que l’ufage de la choroïde eft d’arrêter
les rayons que l’extrême ténuité de la rétine laiffe
paffer , 6c agit à l’égard de la rétine, comme le vif-
argent à l’égard d’une glace , furtout dans les animaux,
où elle eft noire. Voye^ C horoïde. Mais,
M. Mery eft d’une opinion différente par l ’expérience
d’un chat plongé dans l’eau. Il obferve que
dans cette occafion fa rétine difparoît abfolument
auffi-bien cjue toutes les autres humeurs de l’oeil, tandis
que la choroïde paroît diftinûement, 6c avec
toutes les couleurs qifelle a ilins cet animal ; il conclut
de-là que la rétine eft tranfpàfenïC comme les
humeurs, mais que la choroïde eft opaque ; 6c conféquemment
que la rétine ne peut pas terminer bZ
rêter les cônes des rayons , ni recevoir les images
des objets , mais que la lumière paffe à-travers , 6c
ne s’arrête que fur la choroïde, qui par-là devient le
principal organe de la vifion.
La couleur noire de la choroïde dans l’homme eft
très-favorable à ce fentiment : le principal organe
femble demander que l’aâion de la lumière fe termine
fur lui aufli-tôt qu’elle y arrive ; o r , il eft certain
que la couleur noire abforbe tous les rayons,
6c n’en réfléchit aucun, & il femble aufli qu’il eft
néceffaire que l’atlion de la lumière foit plus forte
fur l’organe de la vue que partout ailleurs : or il eft
certain que la lumière étant reçue 6c abforbée dans
un corps noir, doit exciter une plus grande vibration
que dans tout autre corps ; 6c de-là il s’enfuit
que les corps noirs font plutôt allumés par les verres
ardens que les corps blancs. Voye{ Noirceu r.
La fituation de la choroïde derrière la rétine eft
une autre circonftance à confidérer. M. Mery ayant
obfervé la même pofition d’un organe principal derrière
un organe médiat dans les autres lens , en trouva
une heureufe analogie. Ainfi, l’épiderme fur la
peau eft l’organe moyen du toucher ; mais la peau
qui eft deffous eft le principal organe. La même
chofe eft obfervée pour le nez, les oreilles, &c.
La rétine femble néanmoins être une forte de fécond
organe médiat , qui fert à brifer l’imprefîïon
trop vive de la lumière fur la choroïde,ouàla confer-
ver. Il faut ajouter à cela que la rétine eft infenfible,
comme tirant fon origine de la fubftance médullaire
du cerveau qui l’eft aufli ; 6c la choroïde au-contraire
eft très-fenfible , comme tirant fon origine de
la pie-mere, qui eft certainement fenfible à un degré
éminent. Voye[ Nerf G Pie-mere. Ce dernier
argument paroiffant douteux, M. Mery s’engagea de
de le prouver , ce qu’il fit devant l’académie royale,
•où il montra que le nerf optique n’eft pas compofé
ffe fib res comme le font les autres nerfs;mais que c’eft
feulement une fuite de moelle renfermée dans un canal
duquel il eft aifé de la féparer. Cette ftructure
<iu nerf optique, inconnue jufqu’ic i, fait voir que la
retine peut n’être pas une membrane, maïs feulement-
une dilatation de moelle enfermée entre deux membranes
, 6c une moelle , qui paroît n’être pas une
fubftance propre au fiege de la fenfation. Peut-être
la rétine ne fert-elle qu’à filtrer les elprits néceffaires
pour 1 aélion de la vue ; car la vibration par laquelle
la fenfation eft effeéluee, doit fe faire fur une partie
plus folide, plus ferme, 6c plus fufceptible d’une
forte 6c vive impreflïon.
Ruyfch affure à la page 70.de fon fécond tréfot,
qu’il a quelquefois remarqué fur la rétine des ondes
contre les lois de la nature; il les repréfente dans la
figure 19.de la 16e table, qui eft la fuite de fa 13e lettre
problématique. Mais fi ce favant homme, dit
M. Petit le médecin, eût coupé quantité d’yeux en
deux hémifpheres, il auroit prefque toujours trouvé
la même difpofition à la rétine dans ceux qui ont été
gardés deux ou trois jours ; car cette membrane fuit
les mouvemens que l’on fait faire à l’humeur vitrée.
Et comme il n’eft prefque pas poflïble de divifer un
oeil en deux hémifpheres fans déranger l’humeur vitrée
, la rétine fe dérange aufli, 6c il s’y forme des
plis 6c des ondes que l’on peut effacer, en remettant
la rétine dans fon extenfion naturelle. Il faut
prendre beaucoup de précautions en coupant l’oeil ;
fi l’on veut éviter ce dérangement, l’oeil doit être
frais, fans quoi on doit trouver ces ondes prefque
toutes les fois qu’on coupe un oeil tranfverfalement,
à-moins que l’oeil n’ait trempé dans quelque liqueur.
Hifi. de Pacâdém. des Sciences, année. 1 y0 .6 ( D, ƒ.)
R et in e, maladies de la ; Médec.'j La rétine eft fu-
jette à deux maladies. La première eft une fépara-
tion de quelques parties de cette membrane d’avec
■ la choroïde. Il fe fait dans l’endroit de cette fépara-
tion lui jiii qui arrête les rayons de lumière, 6c
qui les empêche de parvenir à la partie de la choroïde
qui eft couverte par ce pli : cela forme une
efpece d’ombre que le malade rapporte à l’air. La
fécondé maladie eft une atrophie, ou confomption
de la rétine.
On peut regarder avec affez de vraiffemblance
l’altération des vaiffeaux fanguins de la rétine, comr
me la caufe de la première de ces maladies ; car on
conçoit aifément que la dilatation de ces vaiffeaux
féparera la rétine de la choroïde, dans l’endroit qui
correfpond à ces vaiffeaux dilatés. Les fymptômes
de ce mal font de certaine apparences dans l’air
plus ou moins éloignées de l’oeil du malade, comme
des ombres de figure différente , de la grandeur 6c de
la forme de la partie de la rétine qui eft féparée*
Comme ces lignes font les mêmes que ceux de la
cataraéle , il eft aifé de prendre l’une pour l’autre.
Il y a cependant cette différence, que dans la cata-
raéle, la vue fe raccourcit, 6c s’affoiblit tous les
jours; au-lieu que dans l’accident dont il s’agit ic i,
la vue conferve fon étendue, avec l’apparition des
ombres à laquelle il n’y a point de remede.
Dans l’atrophie de la rétine, comme les rayons de
lumière ne font plus alors modifiés par cette membrane
, ils produifent fur la choroïde une impreflïon
trop v ive 6c qui lui nuit. Alors la vifion fe fait con-
fufement, 6c fe trouble, pour peu qu’on continue
de fixer les yeux fur quelqu’objet.
Les brodeurs , les tapifîiers, les faifeurs de bas 6c
les cordonniers font fujets à cette maladie : les uns*
parce que l’éclat de l’o r , de l’argent 6c des autres
couleurs fait une impreflïon trop vive fur la rétine;
6c les autres, parce qu’ils fe fatiguent beaucoup par
l’attention continuelle où ils font pour paffer la foie
dans les trous de leur alêne. (D. /.,)
RETIRADE, f. f. ancien terme de Fortifie, fignifie
une efpece de retranchement qu’on fait fur un bafi»
tion où en un autre endroit, pour difputer le terrein
pié à pié à l’ennemi, quand les défenfes qui font plus