dfi! •
.mil
-d’un grand nombre d’étamines ou filets /aiîftes dans
leur baf e , & d’un rouge purpurin dans leur partie l'u-
périeure ; chacune de ces étamines eft terminée par
un petit corps oblong , blanchâtre , fillonrié & rempli
d’une poufliere blanche : le centre de la houpe
■ eft occupe par un petit embryon qui eft attaché fortement
à un pédicule fait en l'oiicoupe , & échancré
légèrement en cinq parties ; ce pédicule fert de fécond
calice, à la fleur à la place du premier qui eft
tombé : cet embryon eft couvert dé poils fins , jaunâtres
, 6c furmonté d’une maniéré de petite trompe
fendue en deux levres en fa partie f'upérieùre.
L’embryon en croiffant devient une goufl'e ou un
.fruit oblong ou ovale pointu à fon extrémité , applati
fur les côtés, ayant à-peu-près la figuré d’un miro-
bolan , long d’un doigt & demi ou de deux doigts ,
<le couleur tannée, compofé de deux gonfles, hérif-
fées de pointes d’un rouge foncé , moins piquantes
que celles de la châtaigne, de la grofleur d’une groffè
-amande vertefi
Ce fruit en mûriffant devient rougeâtre, & il s’ouvre
à la pointe en deux parties qui renferment environ
foixante grains ou fèmences partagé'eS en deux
rangs ; ces grains font de la grofleur d’un petit grain
de raifin , de figure pyramidale, attachés & rangés
les uns contre les autres par de petites queues à une
pellicule mince luiflante , qui eft étendue
clans toute la cavité dë èhacune de ces gouffes ; ces
mêmes grains font couverts d’une matière humide,
très-adhérante âiix doigts lorfqu’on y touche avec
le plus de précaution, d’un beau rouge., d’une odeur
allez forte ; là fêmence fépdréé dé „cette matière
rouge eft dure , de couleur blanchâtre, tirant fur
celle de la corne. Cet arbre croît en abondance dans
la nouvelle Efpagne & dans le Bréfil.
Les fauvages de l’Amérique le cultivent même
avec grand foin, à caufe des utilités qu’ils en retirent.
Il fert à orner leur jardin, & le devant de leurs
cafés ou habitations. Ils emploient fon écorce pour
faire des cordages ; ils mettent de fes feuilles tendres
.dans leurs fauflës, pour leur donner du goût & leur
communiquer une couleur dé fafran. Ils tirent une
couleur rouge des graines qu’ils délayent dans l’huile
de carapa, &c s’en peignent le corps ou le vifage ,
fur-tout dans les jours de réjouiffance.
Les Européens qui habitent le Bréfil & les îles
Antilles font par art de la même graine une pâte qui
«ft d’ufage en teinture, & qu’on nomme pareillement
rocou. VoyciR o co u , Teinture. (D. J.')
R o c o u , O’I R ou cou ou ROCOURT , ( Teint. )
pâte feche ou extrait qu’on a tiré, foit par infufion,
foit par macération des graines contenues dans la
.gouffe de l’arbre , nommé pareillement rocou, &
qu’on a décrit dans l’article qui précédé. La pâte feche
dont nous parlons vient d’Amérique, & eft une
des.couleurs que fournit le petit teint.
On connoît que la gouffe qui donne la graine eft
mûre lorfqu’elle s’ouvre d’ëlfe - même fur l’arbre ;
-alors on la cueille, & l’on en prépare la pâte ou l’extrait
en pilant les grains des gouffes avec tout ce qui
les environne ; on les fait diffoudre dans l’eau , &
on coule cette liqueur par un crible ; enfuite on la
verfe dans des chaudières , on la fait bouillir ; elle
jette une écume qu’on recueille foigneufement, &c
qu’on met dans une autre chaudière pour y être réduite
fur le feu en confiftance & en pâte , dont on
fait des pains tels que nous les recevons en Europe.
Mais il eft à propos d’indiquer en détail toute cette
opération ; je l’enaprunterai du P. Labat qui nous l’a
donnée fort exactement dans fon voyage d’Amérique.
Mais il eft à propos d’indiquer la manière dont
on cultive dont on fait le rocou aux îles Antilles
françoifes. Je tirerai cette maniéré des voyages du
P. Labat, imprimée en 1722,
Le rocou , dit-il, peut fe planter depuis le mois cte
Janvier jufqu’à la fin de Mai ; mais foit que lé plantage
s’en faffe tard ou de bonne heure , l’arbre n’en
produit pas plutôt. Il fe plante à la maniéré dés pois
ou du mil , c’eft-à-dire qu’après avoir bien nettoyé
la terre, on y fait de petits trolis avec la houe, dans
lefquelles on jette deux ou trois graines au plus. La
diftance ordinaire qui fuffit pour chaque plan eft de
qüatre pies en quarré: à l’égarddelà culture, elle fe
fait comme aux autres arbres, à (’exception que quand
il s’élève trop haut, on le châtre pour l’épaifiir Sc
pour l’entretenir en buiffon.
La récolte du rocou fe fait deux fois l’année , fa-
voir à la S. Jean & à Noël. On le diftingue comme
en deux efpeces ; l’un qu’dn nomme rocou verd, 6c
l’autre rocou fcc. Le premier eft le rocou qu’on cueille
auifi-tôt que quelque coffe d’une grappe commence
à fécher & à s’ouvrir ; le fécond eft celui oîi dans
chaque grappe il fié trouve plus de coffes feches que
de vértes. Ce dernier peut fie garder fix mois ; l’autre
ne peut guere durer que quinze jours ; mais i!
rend un tiers plus que le rocou fe c , 6c le rocou qu’il
produit eft plus beau.
Le rocou fec s’écale en le battant, après l’avoir
expôfé au foleil & l’avoir remué quelque tems : a l’egard
du rocou verd, il rte faut pour l’écaler que rom-
pré la coffe du côté de la queue , & le tirer en-bas
avec la peau qui environne les graines, fans s’embar-
faffer dé cette peau.
Après que les graines font écalées , on les met
fucceflivement dans divers canots de bois faits tout
d’une piece, qui ont différens noms , fuivant leurs
différens ufages.
Le premier canot s’appelle canot de trempe ; le fécond,
canot de pile ; le troifieme , canot à rejfuer ; le
quatrième, canot à l'eau ; & enfin le cinquième , canot
a laver. Il y en a aufli un fixieme qu’on appelle
canot de garde, mais qui n’eft pas toujours néceffaire ;
un autre qui fe nomme canot depaffe, &c un huitième
qu’on nomme canot aux écumes.
La graine fe met d’abord à fec dans le canot de
trèmpe, oii on la concaffe légèrement avec un pilon ;
après quoi on remplit le canot d’eau bien claire 8c
bien v iv e , à huit ou dix pouces près du bord. U faut
cinq barriis d’eau fur trois barrils de graine. Le tems
qu’elle doit refter dans le canot de trempe eft ordinairement
de huit à dix jours, pendant lefqueîs on a
loin de remuer deux fois par jour avec un rabot, un
demi-quart d’heure environ à chaque fois ; on appellé
première eau celle qui reftë dans le canot de trempe,
après qu’on en a tiré la graine avec des paniers.
Du canot de trempe, la graine paflé dans le canot
de pile j oh elle eft pilée à force de brâs avec de forts,
pilons pendant un quart-d’heure ou davantage, en-
forte que toute la graine s’en fente. Il faut que le canot
de pile ait au-moins quatre pouces d’épaiffeur
par le fonds pour mieux foutenir les coups de pilons.
On met de nouvelle eau fur la graine lorfqu’elle eft
pilee, qui doit y demeurer une ou deux heures
après quoi on la paffe au panier en la frottant avec
les mains, enfuite on lafepile encore pour y remettre
l’eau. L’eau qui refte de ces deux façons fe nomme
la fécondé eau, & fe garde comme la première.
Après cette façon, on met la graine dans le canot,
qu’on appelle canot à rejfuer, oîi elle doit refter ju fqu’à
ce qu’elle commence à moifir, c’eft à-dire près
de huit jours. Pour qu’elle fe reflue mieux, on l’enveloppe
de feuilles de balifier.
Après qu’elle a reflué, on la pile de nouveau, &
on la laiffe tremper fucceflivement dans deux eaux
qui s’appellent les troifiemes eaux. Quelquesruns tâchent
d’en tirer une quatrième eau ; mais cette dernière
eau n’a plus de force, & peut tout-au-plus fer?
vir à tremper d’autres graines.
Q u a n d to u te s tes e a u x ffo n t t i r é e s , On l e s p a ffe le -
p a r ém e n t a v e c u n h é b ie h e t , e-n m ê lan t u n t ie r s -d e la-
p r em ie r e a v e c l a f e c o n d e , & d e u x t ie r s a v e c l a troi-
liem e . L e c a n o t o ù l e p affent lè s e a u x s’a p p e lle canot
de paffe ; & o n a p p e lle canot à laver u n c a n o t plein-
d’ e au , o u c e u x q u i- to u c h en t lé s-g ra in e s f e la v e n t le s
ma ins , & la v e n t au fli le s p a n ie r s , le s h é b ic h e t s , le s
p ilo n s , & au t res in ftrüm en s q u i f e r v e n t à) fa ir e le
rocou. L ’e a u d e c e c a n o t , q u i-p r e n d to u jo u r s q u e lq
u e im p re flïo n d e co u le u r , e ft b o n n e à t r em p e r le s
g r a in e s .
L’eau paffée deux fois à Fhébiehet fe met dans une
©u plufieurs chaudières de fe r , fuivant la quantité
qu’on en a ; & en l’y mettant, elle fe paffe encore à-
travers d’une toile claire & fouvent lavée.
Quand l’eau commence à écumer, ce qui arrive
prefque aufli-tôt qu’elle fent la chaleur du feu , on
enleve l’écume qu’on met dans le canot aux écumes,
ce qu’on réitéré jufquià ce qu’elle n’écume plus : fi
elle écume trop vîte , on diminue le feu. L’eau qui
refte dans les chaudières, quand l’écume en eft levee,
11’ eft phrs propre qu’à tremper les graines.
On appelle batterie une fécondé chaudière , dans
laquelle on fait cuire les écumes pour les réduire en
confiftance , & en faire la drogue qu’on nomme rocou.
Il faut obferver de diminuer le feu à mefure que
les écumes montent, & qu’il y ait continuellement
un negre à la batterie qui ne ceffe prefque point de
les remuer, crainte que le rocou ne s’attache au fond
ou bords de la chaudière.
Quand le rocou faute & pétillé, il faut encore diminuer
le feu ; & quand iî ne faute plus , il ne faut
laiffer que du charbon fous la batterie, & ne lui plus
donner qu’un léger mouvement ; ce qu’on appelle
A mefùre que le rocou s’épaiflit & fe forme en
maflè, il le faut tourner & retourner fouvent -dans
la chaudière, diminuant peu-à peu le feu , afin qu’il
ne .brûle pas ; ce qui eft une des principales circonf-
tances de fa bonne fabrique, fa cuiffon ne s’achevant
guere qu’en dix ou douze heures.
Pour connoître quand le rocou eft cu it, il faut le
toucher avec un doigt qu’on a auparavant mouillé ;
& quand il n’y prend pas, fa cuiffon eft finie. En cet
état, on le laiffe un peu durcir dans la chaudière avec
une chaleur très-modérée en le tournant de tems en
tems, pour qu’il cuife & feche de tous côtés, enfuite
de quoi on le tire ; obfervant de ne point mêler avec
le bon rocou une efpece de gratin trop fec qui refte
à fond, & qui n’eft bon qu’à repaffer avec de l’eau
& des graines.
Le rocou, au fortir de la batterie, ne doit pas d’abord
être formé en pain , mais il faut le mettre fur
une planche en maniéré de maffe plate, & l’y laifîèr
refroidir huit ou dix heures , après quoi on en fait
des pains ; prenant foin que le negre qui le manie fe
frotte auparavant légèrement les mains avec du
beurre frais , ou du fain-doux ou de l’huile de palma-
chrifti.
Les pains de rocou font ordinairement du poids
de deux ou trois livres, qu’on enveloppe dans des
feuilles de balifier. Le rocou diminue beaucoup, mais
il a acquis toute fa diminution en deux mois.
Quand on veut avoir de beau rocou, il faut employer
du rocou yerd , qu’on met tremper dans un
canot aufli-itôt qu’on l’a cueilli de l’arbre ; alors fans
le battre ni le piler , mais feulement en le remuant
un peu & en frottant les graines entre les mains, on
:le paffe fur un autre canot. Après cette feule façon,
on leve de deffus l’eau une elpece d’écume qui fur-
tiage ; on la fait epaiflir à force de la battre avec une
efpece d’efpatule , & finalement on le feche à l’ombre.
Ce rocou eft fort bon, mais on n’en fabrique que
par curiofité, à caufe du peu de profit»
Lâ manîete de faire lè rocou che t lêè Câïâîbés èft
encore plus fimple ; car ôn-fe contenté d’en prendre
les graines au fortir de la gouffe , & de les frotter
entre les. mains qu’on a auparavant trempées dans
de l’huile de carapat. Quand on-voit que la pellicule
incarnate s’eft détachée de la graine , & qu’elle eft
réduite en une pâte très-fine-, on la racle de deffuâ
les mains avec un couteau- pour la faire fécher un pcü
a 1 ombre ; après quoi lorfqu’il y en a fufiifàmment,
on en forme des pelotes greffes comme le poing,qu’oit
enveloppe dans des feuilles de cachibou. C’eft avec
cette forte de rocou, mêlé d’huile decarabat, que les
Caraïbes fe peignent le corps , foit pour l’embellir,
foit pour fe garantir de l’ardeur du ioleil & de la pi-
quute des mouftiques. Ils s'en fervent encore pour
colorer Leur vaiflèlle de terre.
La pâte de rocou donne une couleur orangée prefque
femblable à celle du fuftet, & aufli peu folide î
c’eft une des couleurs qu’on emploie dans le petit
teint. On fait diffoudre le rocou pulvérifé, oîi on a
mis auparavant un poids égal de cendres gravelées ,
& on y pafîe enfuite l’étoffe. Mais quoique ces cendres
contiennent un tartre vitriolé tout formé, les
parties colorantes du rocou ne font pas apparemment
propres à s’y unir, & la couleur n’en eft pas plus af-
lùree. On tenteroit même inutilement de lui donner
de la folidité, en préparant l’étoffe par le bouillon
de tartre & d’alun.
On doit choifir le rocou le plus fec & le plus haut
en couleur qu’il eftpoflible, d’un rouge ponceau,
doux au toucher, facile à s’étendre ; & quand on le
rompt, d’une couleur en-dedans plus vive qu’au-
dehors ; on l’emploie quelquefois pour donner de la
couleur à la cire jaune. ( D . J. )
• ROCOUB ALCACOUSAG,( Fête orientale. ) ces
deux mots rocoub alcacoufag, lignifient la cavalcade
du vieillard : c’eft le nom d’une fête que les anciens
Perfans célébroient à la fin de l’hiver. Dans cette
fête un vieillard chauve monté fur u iïâne, & tenant
un corbeau d’une main, couroit par la ville & par
les places en frappant d’une baguette ceux qu’il ren-
controit dans fa route. D'Hcrbelot. (D . J . )
RO COULER, v. n. ( Gramm. ) ce mot exprime
le cri du pigeon.
R O C Q , f. m. ( Tijferands. ) autrement rot, &£
peigne. C ’eft une des principales piedes du métier
des ouvriers qui travaillent de la navette.
R O C R O Y , ( Géog. mod. ) ville de France, dans
la Champagne, au Rhételois, à deux lieues & demi
de la Meufe, fur les confins du Hainaut, à 12 lieues
au nord de Rhetel, dans une plaine environnée de
forêts. Elle eft fortifiée de cinq baftions, 8c a un
état major : ce fut dans cette plaine que le prince de
Condé, alors duc d’Enguien, & âgé de 22 ans, gagna
le 19 Mars 1643 furies Efpagnols, unefameufe
bataille fort chantée par tous nos poètes. Long, zz*
iz . latit. 4$. 5G. ( D . ƒ.)
R O DA , ( Géog. mod. ) petite ville d’Efpagne, dans
la Catalogne, fur le T e ch , à 2 lieues de V ich , du
côté du nord. On croit que c’eft l’ancienne Boecula
de Polybe , X I . xix. p. 8go. & de Tite-Live, livre
X X V I I I . c. xiij. ( D . J . )
RODAGE, f. m. terme .de coutume, rodaticum, dans
les capitules , liv. FI. article zig ; c’eft le droit que
le feigneur péager prenoit pour une charrette vuide
ou chargée de marchandifes pafîant parle chemin
royal, outre le péage dû pour raifon de la marchan-
dife. De Lauriere. ( D . J. )
R O D A S , ( Géog. mod. ) fbrtereffe des Indes, au
royaume de Bengale, fur une montagne : c’eft une
des fortes places de l’Afie , qui appartient aujourd’hui
au grand Mogol. Latit. i3. zo . ( D . J. )
R O D E , ( Géog. mod. ) petite ville d’Italie, au
royaume de Naples. Voyt{ Rodia. ( D . J. )