fort en t participent de loos-fes diiïerens modes ,. Sc
elles fetrouvent imprégnées de parties de fol à proportion
des différences de leurs pofitions. •
La mer eft trop éloignée pour s’imaginer tpi elle
foit la cauie de la ialuré de ces eaux ; l’eau filtree dans
les terres pendant un fi long trajet, fe depouilleroit
néceflairement de Ion tel, à-moins qu’on ne fup.pofat
qu’ elles font apportéès.de la mer-ici par un canal fort
droit & fort large, ce qui s’oppofe à la raifon & à
l’expérience, par laquelle nous remarquons que l’eau
de ces fources vient par ' différentes embouchures,
& qu’elles croiflent ou diminuent fuivant que la fai'-
:fon'eflfechë Oit pluyieüfe.
Gn remarque même que plus elles font abondantes
, plus elles font falées ; ce qui provient de ce
qu’ayant alors plus de volume, de poids 6c de vitefle,
elles frappent avec plus de violence & émouflent
avec plus de facilité les angles des finuofites qu elles
parcourent, & en entraînent auffi les particules juf-
qu’où le niveau leur permet d’arriver. ,j.
Voilà ce qui mous reftoit a ajouter à cet article,
d’après lequel on aura, je Crois,'une connoiffance
fuffifahte de ce que c’eft que les fontaines falantes ;
& les ulines qu’on appell ç falines. Voye\ encore les
articlesS E L , S f.L GEMINE, S el M A R IN , 6 * Cart.fniv,
Saeines de FRANCHE'-êoMTÉ, il y en a deux
dont l’abondance des fources , 'la qualité des eaux ,
& le produit en fel font fort différens. La faline de
Montmorrot inférieure en tout à celle de Salins, n a
fur elle que l’avantage de l’avoir précédée. Mais détruite
par le feu, ou abandonnée pour quelque autre
raifon, elle a été oubliée pendant plulieurs fiecles,
& c’eff feulement vers le milieu de celui-ci que l’on'
a penfé à la relever. Au contraire depuis plus de
douze cens ans que \z faline: de Salins fubfifte, elle a
toujours .été entretenue avec un foin particulier, 8c
a paru mériter l’attention de tous les fouverains à
qui elle a1 appartenu. Elle eft beaucoup plus confidé-
rablë que l’autre, 6c c’eft par elle que nous commencerons
cet* article.
Saline de Salins, (a) elle eft diviféeen deux parties
que l’on diftingue par grande 6c petite faline. Il y
a une voûte fd.ûtèrreine de 206 pies de longueur , 7
pies 5'poiidèsdé! haut, & 5 pies de largeur, qui donne
communication de l’une à l’autreenforte qu’elles
ne font enfemble°qu’une feule 8c même maifon: Elle
eft fituée au centre de.Salins, dans une gorge fort
étroite. Le rempart la fépare de la riviere deFurieu-
fe 8c eîleeft fermée par un mur du côté de la ville ,
à qui elle a donne la naiftance 8c le nom. Car Salins a
commencé par quelques habitations conftruites pour
les ouvriers qui travailloient à la formation du fel.
Lesreaux-précieufos de cette faline en avoient fait
un domaine d’un grand revenu, 8c ce fut un de ceux
que S . Sigifmond-, roi de Bourgogne, donna au commencement
du vj. fxecl'epour doter le monaftere
d7Agaivne, Ce monafterè pofféda dès-lors Salins en
•toute propriété jufqu’ en 94 3, que Meinier, abbé d’A-
" (a) La ferihè générale foufiraitant depuis long-tems la
de ■ Salins, il y a deux régies'-dans cette faline : celle de l'entrepreneur,
dont nous indiquerons les employés dans la fuite
de ces notes celle de la ferme-générale, dont nous allons,
d'abord donner une idée , parce quelle n’a point de rapport-
à toutes les manoeuvres que nous détaillerons, & qui regardent
l’entrepreneur, ' " v . ;
• La régie de la ferme générale confifté à veiller à l’exécution
du traité fait avec l'entrepreneur , à recevoir de lui les:
fels formés ; en faire faire les livrai Tons, percevoir le prix
des fols d’ordinaire & R6zier.es ; des Sa’.aigres, Bez & Pouf-,
fets, & dé payer les dépenfês afiîgnées fur le produit.
Ses employés font un receveur géniral-infpctteur, un contrôleur
des falines, un contrôleur à Cempliffage des boffes, un contrôleur
au pefage, un contrôleur-géomètre, deux contrôleurs auxpaffa-
vants, huit guettes, faifant ies fonctions de portier ,& chargés,
de fouiller les ouvriers & ouvrières qui forcent des-Jalines ;
deux gardes attachés à la faline.
gaitne, le donna en fief à A lbéric, comte de Bourgogne
8c de Mâcon. Nous ne trouvons rien qui nous
apprenne fi rétabliffement de cette faline eft de beau-
coup-anténeut: au vj . fiecle. Stràbon affûte qu’on fai-
foit grand cas à Rome des chairs falées dans le pays
des Séquanois ; mais ce paffage ne peut pas s’appliquer
à la faline de Salins plutôt qu’à Celle de Lons-le-
Saunier, qui eft fûrement plus ancienne, 8c à laquelle-
par cette raifon il femble mieux convenir.
-La grande faline occupe un terrein irrégulier qui a
143 toifes dans fa plus grande longueur dufepten-
trion au midi , 8c 50 toifes dans fa plus grande^ largeur
du levant au-couchant. La petite faline placée au
leptentrion de la grande ,.Sc dans la même pofition
a 40 toifes de longueur 8c 15 de largeur.
Cette derniere renferme un puits appelle,puits à
muire. Il eft à 66 pies de profondeur , depuis la vous
te fupérieure jufqu’au fond du récipient qui reçoit
les eaux falées, 8c il a 30 pies de largeur , de toutes
faces, préfentant la forme d’un quarré. L’on y def-
cend par un efcalier , 8c l’on trouve au fond deux
belles fources falées (£) qui dans 14 heures produi-
fent 160 muids ,mefure de Paris. L’eau claire , tranf-
parente, 8c à 17 degrés, eft conduite par un tuyau de
bois, dans le récipient des eaux falées. Il eft à 5 pi.eç
de diftance conftruit en pierre, Sc contient 47 muids.
A côté de ce récipient, il en eft un autre de la contenance
de 61 muids, dans lequel fe raffemblent les.
eaux de 4 fources (c) une fois plus abondantes que
les deux premières ; mais qui étant feulement à 3,
degrés, font pour cela nommées petites eaux. On en
éleve une partie pour des ufages qui feront expliquées
dans la fuite.
En termes de faline, l ’on entend par degrés^la quantité
de livres de felrenfermées dans cent livres d’eau;
c’eft-à-dire que 100 liv. pefant d’eau des deux premières
fources qui font à 17 degrés^ rendront après l’ér
vaporation, 17 liv. de fel ; 6c par la même raifon %
100 liv. des quatre dernieres fources, ou petites eaujç
à 5 degrés, n’en rendront que 5 liv. La pinte de Paris
des eaux à 17 degrés, contenant 48 pouces cubes,
pefe 3 5 onces y ; 8c celle des eaux à 5 degrés, pefe
3 2 onces
On connoît le degré des eaux, en réduifant à ficci-
t é , par le moyen du feu, une quantité d’eau d’ur*
poids cpnnu , 8c celui'du fel formé donne le degre.
Sur cette opération, on a établi une éprouvette qui
démontre d’abord la quantité de fel contenu dans
10.0 liv. pefant d’eau. Cette éprouvette eft un cylindre
d’étain, d’argent, &c. que l’on introduit perpendiculairement
dans un tube de même matière rempli
de l’eau qu’on veut éprouver. Au haut du, cylindre
font gravées des lignes circulaires diftantes l’une de
l’autre, dans des proportions déterminées par l’épreuve
du feu. Ce cylindre fe foutenant plus ou moins,
dans l’eau, fuivant qu’elle eft plus ou moins falée,
8c par conséquent plus ou moins forte , en défigne
les degrés, par le nombre des lignes qui s’apperçoi-
vent au-deffus du niveau de l’eau. Il ne faut pas que
l’éprouvette foit en bois, parce que le fel s’y imbibant,
donneroit enfuite à l’eau un degré de falur© qu’elle
n’auroit pas. D ’ailleurs, le bois fe gonflant ou fe ref-
ferrant, fuivant lafécherefle ou l’humidité de l’air ,
mettroit toujours un obftaèle à la jufteffe de l’opé-
(b) il y en a même trois : i°. la bonne fource a dix-fept degrés
: i«. le furcroit a dix-huit degrés deux tiers : j°. le'vieux1
puifoir ; mais cette derniere fource n’a que deux tiers de degrés.
Audi ne la réunit-on avec les deux premières que Iprf-
que l’on fait l’épreuve juridique des eaux- C’eft un ancien
ufàge qui n’en eft pas plus raifonnable pour cela. Dès que l’épreuve
eft finie, on renvoie le vieux puifoir dans le puits des
petites eaux. -• v ,
(c) La première eft le vieux puifoir dont- on a parlé dans la
npte précédente : la fécondé s’appelle le durillon ; les autres
font fans opj» > & auili foibles en falure.
ration. L^étain paroiî préférable à Par g en't , parce
qu’il ne fe charge pas de verd-de-gris ; 6c l’on doit
toujours avoir foin de laver l’éprouvette avec de
l’eau douce après qii’on s’en eft fervi, autrement elle
cefle d’être jufte.
Nous obferverons ici, qiPil n’y a que les matières
falines qui marquent à l’éprouvette ; parce que le fel
feul, pouvant fe placer dans les petits interftices qui
font entre les globules de l’eau, la rend plus forte ,
plus difficile à céder, 8c s’y infinue meme jufqu’à
une quantité affez Confidérable, fans la faire augmem
ter de volume ; mais .l’on auroit beau charger une
eau douce de boue , Sc d ’autres parties étrangères ,
fi on la met à l’éproiivetté, le cylindre reftera à la
marque, de l’eau douce •, fans.indiquer le. moindre
degre de-falure.
Il y avoit autrefois une ancienne éprouvette en
ufage à Salins, dont fe degré etoit d’un tiers plus foi-
ble que celui .de la.n.ouvelIe dont nous venons de
parler, .c’eft-à-dire, qu’au lieu d’indiquer une livre
de fel renfermée dans 100 liv. d’eau , il n’en indi-
quoit que les deux tiers d’une livre ; c’eft à quoi il
faut foire attention , quand on lit quelques mémoires
ou procès-verbaux, f ur cette faline , Sc les officiers
qui font tous les mois la vilite des fources pour
en conftater les degrés', les comptent encore aujourd’hui
fuivant l’ancien, ufage.
La grande faline renferme deux puits dans lefquels
il fe trouve beaucoup, cle fources, falées 8c douces.
Le premier eft appelle77«f« d'amont; 8c le ft eend,
puits agray ; 8c quoique l’un 8c l’autre Yoi’ent déft-
gnés par le nom de puits, ils n’en ont point la forme.
Ce font de grandes’8c fpàcieufes voûtes fouter-
feînës. bien travaillées ÿ. 8c conftruites folidement.
Elles commencent a\\. puits d'amont ; oh y defcend
par un efcalier en forme de .rampe , compofé de 61
mar.cbes/-On., arrive .un plancher de 21 piés
deTôngj'Tui-'ij pies dé large ,ïô u s lequèl fe .trouve
un grand nombre -de ,l.ources. de . diflerens pro-
duitç. Elles font tout.e.s le.paréês, , non par des peaux
de boeufs,, ç.Qmme.bn le lit dans le Dicl. de Commerce
, .nfois. avec de l à te'rré glaifé ! préparée! &c battue ,
qué l’on nomme conroi fd .\ fo c couverte par des
trapes qu’on l’on levé au béfoin.
Il y 'a fe.pt de çes fqurçesf^.'qûi par de petites rigoles
faites,avec.le conroi dont on yient de parler ,
font amenées dans deux fécipiens ménagés, dans un
même baflin de bois attenant au .plancher 'y ôc de la
contenance de 37 Quarts'j 5'8-pint,és , me*
furë'de Sàliiis. ( / } Éliès 'fônrnifrent'paf Hemi-heure
C$. Lescinq premièresfçurces forméesde différens filets,
fe réunifient dans le plus g;and.des deux récipiens,.& y coulent
tous lès dénominations ‘qiie liôVis allons rapporter.
La première ., dite (es trois .anciennes, eft à onze degrés de
îalûre’.
La fécondé -s’appelle, le corps de plomb ; elle eft au même degré
que les trois anciennes
La trqilîenie.op la petite roue, eft à diùzé degrés»
La quatrième eft nomtpeè '/. nouvelle Jource /le* eaux fort à
quatre degrés trois quarts.
La,cinquième ditç la troifîeme changeante, eft à quatre degrés
& demu
(e.) ;Il y a de,ux prépofés pquryûs d’office, par le roi pour
♦ eiller à l’entretien du cpn-oj qui fépare les fources falées &
douces & conduit leurs eaux dans les baffins qui leur font de-
ftinés. Ilsfont aufli chargés d’aççumpagiier lès officiers des Jali-
nes, lorfgufils vont faire rêpieuvè jùiielique des ib,u^c.ès> d’y l'ui-
vre lé mobtier de gardedânsTa vïiïtëliëbV.omadâïrê,& d’y con-
auire.les étrangers. On l^s, npnuv.e .çô/idufleurs conroyeprs des
fources.’L’un eft pour ,1a grande lalinë 6c Tautré pour.[a petite.
.(ƒ)_,La pinte de Salins contient 64 pouces cubes., & il faut
pintes pour le muidp '
. La pinte.de Paris ne contient’que 48 pouces cubes , & il
en faut 188 pour le muid.. ... t
Ladifiérençe du muid dé Salins, eft donc de 45 ^4 pouces
cubes, dont il éft plus grand qùé.lé muid de Paris ,,Ou de j.s
pintes mefure de Paris, qui ne valent que ia pintes mélure de
oatins,
y j quarts -, ï 2 pintes d’une èau à 10 àegrh. Lès autres,
à l’exception de deux nommées les changeantesy
n’étant qu’à 1 , 2 degrés, ou même la plupart totale-
lement douces , elles font raflemblées dans un récipient
voifin, de même nature que le premier., & de
la contenance de 15 muids, toujours mefure de Salins^
Les deux fources dites prtfnie't & fécondé changeai?-
■ ies, parce qu’elles ont fôuvent varié, ainfi que la
troifîeme changeante, font à 2 degrés j., 8é fournifr
fent par demi - heure 1 quart 50.pintes» Un cheneau
de bois les amené dans le récipient des: eaux falées ;
d’où elfes font élevées féparément (g) pour. des ufa*-
ges, dont .nous parlerons dans la fuite.
La voûte en cet endroit 339 piés de.haut, à eom*
pter depuis le fond des récipiens, jiifqûes fous la clé
des arcades , & 44 pies de largeur : le tout à une l eu?
l,e arcade & fans piliers. Elle eft conftruite ainfi dans
la longueur de 178 piés ; dedà elle n’a.plus que 17
piés de haut fous clé ,. fur 20 de large, & 148 de
longueur ; cette partie fort à communiquer aux four-
ces dites le puits à grày. En cet endroit la-voûte a
46 piés de large, fur 34 de hauteur , & 176 de Ion?
gueur. L’on trouve à 1 extrémité un plancher-dé 13
piés de large fur la longueur de- 25 ; fous lequel font
iept petites fources falcës. à 1.3 degrés, couvertes pab
des t.rapes., comme au puits d'amont,& co,nduites;:par
dës.-rigoles de terre glaife dans un petit baflin de réunion
où tombe encore un filet d’eau au même degré,
dont l’on ignore la fource.. De ce baffin , où elles
prennent le nom de grartd coffre.,y elles font envoyées
par dès -tuyaux de bois.de 18> toifes de longueur)au
récipient des eaux falées, contenant 28 muids. A t8.
po.uces du fond de ceirécipient,. il, foitveheore une
fo.urce nommée la chevre-.; elle eft à 10 degrés , 8c fe
mgle avec les autres. Leur produit total-donne'dans
24^6.1^65 ; 145 muids à ' 12 .degrés y. i
L’on doit obferver: que. dans le nombre des. fèpt
premières fources, i l y en a upe , d’un produit peù
confidérable,;qui tarit dans-les tems de grande pluie;
& ne. réparoît que dans, les tems- de fécherefle. Au?
tour du plancher qui les couvre, il fe trouve èncore
huituour.dix petites fources ptefque douces-, qui réi»
nigsj.par un cheneâû ÿiyont tomber enfembîe -dans
leur récipient ^ contenant 78 muids. !
Toutes lies; fources falées des. trois puits fourtiifo
font.dans 24 heures .5.27 muids, dont le.mêlange dans
latuve;^« tripot eft ordinairement à, 14 degrés*- Elles
lont mefurées le premier de chaque.mois eh.préfem
ce. des. officiers de la jurifdi£Iion d es.falines&Jles
prépofés des fermiers. Les.-quantités! de muids rap?
portées ci-deffus ont été calculées , de même. .que le
degré des eaux, fur le produit .total.de plufieurs années
dont ou a .tiré lecommun.f G es fources. aiigmem
tént ou diminuent proportiomnellemént aù plus aü
moins dè pluie qui tomber; 8c l’on a .remarqué .que
lés années.qui!iétcfiént abondantes: en neige étoient
celles où les fources produifoient davantage.. En: géî
néral, plus.!© produit des fourcles-augmente,,86plus
elles font falées ; elles paroiffent toutes venir du cou!
chant ,.&.paffer fous la montagneifur laquelle eft-bâtï
le fort Saint-André.
Les eaux falées- & douces , des deux falines. font
élevées (A) avec des ponipesrafpirantes, au moyeit
(g) Quoique Ces eaux fbient élevées féparément, on les
réunit, aulfiia vec les premières ; lorique l'on .fait la' reéo'nnoifo
fance juridique des fources* C’eft à peu près comme iî tiné
femme-, toutes les fois qu’elle vifiteroit fes*dïamans, y rrié-
loit des caillonx fangeux qui leur ôterdienc 'de leur éclat 8c-
de leur prix, & qu’elle ne. Kéroit entrer, dans fon éCrin que les
j ours cù elle en vôudroit examiner-la richeflè. L’exemple d’U**
ne grand-mere imbécillé ièroit-il fùtfiiânt pour autorifer utid
conduite auflijidicule ?
I (A) Quatre tliarpentiers attachés aux falines font chargés ds