lorfque la neige Tend les chemins unis. Les rennes ne |
l'ont pas affez fortes pour porter plus de 40 livres :
<ie chaque côté : on n’eft pas en ufàge de leur faire
train er des chariots, parce que les chemins font trop
inégaux.
La nourriture la plus ordinaire des rennes eft une
petite moufle blanche extrêmement lin e , & très-
abondante en Lapponie. Lorfque la terre eft couverte
de neige, les rennes connoiflent les lieux où il
y a de cette moufle, & pour la découvrir elles font
un grand trou dans la neige avec une vîteffe extrême.
Mais lorfque la neige eft aufli dure que la glace , elles
mangent une certaine moufle qmreflemble à une
toile d’araignée, Si qui pend aux pins. Voyage de
Lapponie par Regnard. Voyeç QUADRUPEDE.
R ennes 5 caillou de , fHifi. nat, Litholog.) c’eft
ainfl qu’on nomme une pierre de la nature du jafpe,
dont il fe trouve une grande quantité en Bretagne, au
point que l’on en a ci-devant employé pour paver la
ville de Rennes, capitale de .cette province , d’où lui
vient le nom qu’elle porte. On l’appelle quelquefois
Amplement pavé de Rennes:Cette pierre eft opaquejon
y voit deux couleurs;favoir,une rouge plus ou moins
v i f , entremêlé de taches jaunes plus ou moins claires.
En confldérant attentivement cette pierre lorf-
«ju’elle èft brute, on s’apperçoit qu’elle eft formée
par un afîemblage de petits cailloux rouges & arrondis
, qui ont été liés comme foudés les uns aux autres
par un fuc lapidifique jaune ou blanchâtre, qui
a lui-même acquis la dureté du caillou ; c’eft pour
cela que cette pierre prend un très-beau poli, & à ne
la regarder que fuperficiellement, on croiroit que
c ’eft une feule maffe. Elle a cela de commun avec le
porphyre , & avec les pierres que l’on appelle pou-
dingues. On en fait des tabatières, ainfl que des jàf-
pes & des agates ordinaires.
RENNES, ( Géog. mod. ) en latin condate Rhe-
donum ; ville de France, capitale de la Bretagne ,
au confluent de Lille & de la Vilaine , dans les terres,
à .22 lieues au -nord de Nantes, à 18 au fud-eft
de S. Malo, & à 80 de Paris. Long, fuivant Caflini,
i 5. 46'. 30. latit. 4-3. j . 10. .
Le nom de Rennes a été tiré des peuples Rhedones,
célébrés parmi les Armorîques, & dont le territoire
devoit s’étendre jufqu’à la mer ; d’où l’on voit que
le diocefe de Renn.es eft aujourd’hui bien moins con-
fldérable.
Cette ville vint au pouvoir des Francs, lorfqu’ils
s’emparèrent de celles des pays voifins de l’ embouchure
de la Loire , après qu’ils eurent vaincu lesSa-
xons qui s’y étoient établis. Dans le jx flecle, Nu-
menojus fe rendit maître de Rennes, qui paffa à fes
fucceflcurs , & qui depuis a fubi le même fort que
les autres villes de la Bretagne. Marmodus qui vivoit
dans le xj flecle , & qui'fut depuis évêque de Rennes,
a fait de cette capitale une peinture des plus fa-
îyriques , &c dont voici quelques traits.
Urb s Rhedonis , fpoliata bonis , viduata colonis ,
Plena dolis , odiofa polis , fine lumine folis ;
Jn tenebris vacat illecebris , gaudetque latebris :
Defidiamputat egregiam , fiperniique fiophiam.
Rennes moderne ne reflemble point à cette defcrip-
îion , excepté que fes rues font étroites, mal-pror
près , que la plupart de fes maifons font de bois &
fl hautes que cette ville eft toujours comme du tems
de Marmode, fine lumine folis ; mais elle eft aujourd’hui
le flege d’un parlement, d’une cour des aides ,
d’une cour des monnoies , d’un préfidial, d’une intendance
, d’une table de marbre & d’une jurifdiôion
conflilaire. La faculté de droit qui étoit à Nantes , y
a été transférée, & elle y lied mieux que dans une
ville de pur commerce. On y compte neuf paroifles,
en y comprenant les fayxbourgs qui font très-étendus
;les jéfuites y avoientun college ; la riviere deVi-
laine divife la ville en deux parties, & on paflê cette
riviere fur trois ponts.
De notre tems, en 1720, Rennes a été défolée par
un terrible incendie qui dura ftxà fept jours , & qui
confuma , dit-on, huit eens cinquante maifons; la
perte des meubles , de l’argent comptant , & des
titres d’une bonne partie des familles de la province,
augmenta la confternation de tous les habitans.
Son évêché eft un des plus anciens dé la Bretagne ;
on prétend qu’il fut établi dans le troifieme flecle, &
fes prélats ont eu quelquefois l’honneur de couronner
leur fouyerain ; ils font confeillers nés du parlement
de cette province, & feigneurs d’une partie de
la ville ; le revenu de l’évêque n’eft cependant que
d’une quinzaine de mille livres ; fon diocefe renferme
quatre abbayes & deux cens, foixânte-trois paroifles.
On y recueille des grains, & on y nourrit
dans les pâturages quantité de vaches qui donnent
d’excellent beurre, dont on fait un affez grand trafic.
Tournemine , ( René-Jofeph) jéfuite célébré par
fa belle érudition , naquit à Rennes en 1661., d’une
illuftre & ancienne maifon de Bretagne. Il avoit une
foiblefle flnguliere pour un favant & pour un religieux
, c’eft qu’il étoit très-flatté que perfonne n’ignorât
fa naiüance ; on ne pouvoit pas mieux lui faire
fa cour que de lui en parler ; ilfe plaifoit à relever
les avantages de la noblefle , & l’on s’app.ercevoit
- aifément que fon amour-propre s’approprioit une
partie des éloges qu’il donnoit là-delius à ceux qui
jouiflbient de ce don du hafard ; une mémoire heu-
reufe , une imagination féconde, un goût délicat,
un efprit étendu , lui acquirent un nom dans la littérature
; il pefledoit les belles lettres, l’hiftoire , la
fable , la chronologie, & fur-tout la fcience des médailles.
:
Il travailla longtems au journal de Trévoux, &
ce travail le mit en correlpondance avec un grand
nombre de favans des plus diftingués ; fon ftyle eft
aifé, noble, brillant, varié ; il a fu mettre beaucoup
de netteté & d’agrément même dans la fécherefle
des difeuflions. Il fut fait bibliothécaire des jéfuites
de la maifon profefîe à Paris, & il forma pour lui-
même une bibliothèque choifte d’environ fept mille
volumes ; il fupportoit avec peine les. opinions différentes
des ftennes , &c a fait voir un zèle amer contre
tous les ouvrages , du P. Hardouin fon confrère. II
mourut à Paris en 1739', à 78 ans.
Prefque tous fes écrits fe trouvent femés dans les
différens volumes du journal de Trévoux, auquel il
a travaillé pendant dix-neuf ans ; on lui doit encore
une nouvelle édition des commentaires de Méno-
chius, à laquelle il ajouta douze diflertations cu~
rieufes ; cette édition nouvelle, Joannis - Stephani
Menochii, S. J. commentant totius S. Scripturce, parut
à Paris en 1719, en 2 vol. in-fol. On pourrait raf-
femblef en un corps plufieurs écrits du P. Tournemine
, ou du-moins tous ceux qui concernent l’art
numifmatique.
DomLobineau, ( Gui-Alexis') bénédiftin, étoit
aufli natif de Rennes ; il fe livra tout entier à la feule
étude de l’hiftoire , & mourut en 1727 dans une abbaye
près de S. Malo., à 61 ans ; il a fini l’hiftoire de
la ville de Paris , que Dom Félibien avoit déjà très-
avancé ; elle a paru en 1725 , en cinq volumes in-fol.
il a pareillement achevé l’hiftoire de Bretagne , à laquelle
le P. le Gallois avoit longtems travaillé ; cette,
niftoire de Bretagne eft en 2 vol. in-fol. on lui a attribué
les avantures de Pomponius , chevalier romain
mais cette brochure fatyrique eft de M. de
Themifeuil. ( le chevalier DE J AV cou RT.)
RENOM, f. m. ( Gram. ) réputation bonne ou
mauvaife qu’on a acquife dans l’ efprit des hommes ;
il eft dit des chofes & des perfonnes ; Rome, Athenés
& Lacédémone ont été trois villes ae grand renom
; Achillcs dut à fes aérions le renom qu’il eut de
fon tems, c’eft à Homere, qu’il doit .celui dont il jouira
dans tous les fiecles à venir. On fe fait iin mauvais
renom par des aérions injuftes ; le mauvais r.cnpmnows
ôte tout crédit dans l’efprit .des autres. . .
RENOIRCIR, V. a6t. ( Gram. ) noircir ,de nouveau.
Voye fie s articles NQIR & NpiRCIRf
RENOMMÉE, f. f. f Morale) eftime éclatante
qü’on a acquife dans l’opinion des hommes ; je parle
ici de la bonne, Sc non . de la mauvaife renommée ,
car cette derniere eft toujours, odieufe ; mais l’amour
pour la bonne renommée , ne doit jamais être
découragé ,, puifqu’elle produit d’exçelléns effets,
non-feulement en ce qu’elle détourne. 4e- tout ce qui
eft bas & indigne , mais encore en ce qu’elle porte
à des actions noble,s &- gpnéreufes. Le principe, çn
peut être fautif ou défectueux ; l’excès en fera vicieux
tant qu’on voudra, mais les confequencesqui
en réfultent, font tellement utiles au genre humain ,
qu’il eft ahfurde de s’en mocquer, & de regarder cet
amour d’une bonne renommée, comme une chofë
vaine ; ç’eft un des plus forts motifs qui puifle exciter
les hommes à fe furpaffer les uns les autres dans les
arts & dans les fciences qu’ils cultivent.
Quelques écrivains de morale font également trop
rigides & peu judicieux , quand ils décréditent ce
principe, que la nature femble avoir gravé dans le
coeur, comme un reflbrt capable de mettre en mouvement
fes facultés cachées , & qui fe déploie toujours
avec force dans les âmes vraiment généreufes.
Les plus grands hommes, chez les Romains, n’é-
toientanimés que de ce beau principe. Cicéron dont
le favoir & les fervices qu’il rendit à fa patrie , font
fl connus, en étoit enflammé.
Je fais qu’il y a des hommes qui courent après la
renommée, au-lieu de la faire naître ; mais le moyen.
d’y parvenir folidement, eft de tenter une route
nouvelle Sc glorieufe, ou bien de fuivre c.ette même
route déjà pratiquée fans fuccès ; ainfl, quand la
poéfle nous peint la renommée couverte d’aîles légères
, c e . font là des fymboles de la vaine renommée,
& non pas de celle qui s’acquiert en faifant de grandes
ou de belles chofes. Voyei Glo ir e , Ré pu tat
io n , &c. (Z?./.)
Ren omm ée, (Mytholog.poïtïq.) les poètes ont
perfonnifîé la Renommée, & en ont fait une divinité
qu’ils ont peinte à l’envi par les plus brillantes images.
Donnons-en les preuves , & commençons par
la peinture de Virgile.
Fama, malum quo non aliud vélo dus ullum,
Mobilitate viget, virefque ne qui rit eundo
Parva metit primo, mox fèfe attollit in auras,
Ingrediturque folo ,• & caput inter nubila tondit.
illam terra parens, ira irritata deorum,
Extrematn, ut perhibent, Çceo, Enceladoqûe fororem
Progenuit, pedibus celerem , & pernicibus ails :
Monjlrum horrendum , ingerts, cui , quot funt corpore
plunice
Tôt vigilant oculi fubter , miràbile diclu,
Tôt linguce, totidem ora fonant, toi fubrigit aures.
Nocie volât cceli medio , terroeque per umbram
Stridens, nec dulci déclinât luminafiomno.
Luce fedet eufios , aut fummi culmine tecli,
. lurribus aut altis , & magnas territat urbes ,
Tarn ficli pravique tènax , quant nuntia veri.
Æneid. 1. IV. v. 173.
La renommée eft le plus prompt de tous les maux;
elle fubflfte par fon agilité, & fa tcourfe augmente
fa vigueur; d’abord petite & timide, bientôt elle devient
d’une grandeur énorme ; fes pies touchent la
terre, & fa tête eft dans lgs nues ; e’eft la foeur des
geans Cée & Encelade, & le dernier monftre qu’enfanta
la terre irritée contre les dieux ; le pié de cet
étrange oifeau eft aufli leger que fon vol eft rapide;
fous.chacune de fes plumes, ô prodige !• il a des
yeux ouverts,.des oreilles attentives^une bouche
& une langue qui ne fe tait jamais ; il déploie fes
aîles bruyantes au milieu- des Ombres ; iltraverfe les
airs durant la nuit ; & le douxfommeil ne lui ferme
jamais les paupières ; le jou r , il eft eh fentinelle fur
le toit des hautes maifons, ou fur les tours élevées 1
de--là il jette l’épouvante dans les grandes villes ,
feme la calomnie aViïc la même affurance qu’il an*
nonce la vérité»
Rien n’<eft plus poétique.que cette defeription de
la renommée ; voici celle d’Ovide, qui paroît s’être
furpaflé lui-même.
Orbe locus medio c jl, inter terrafque fretumque
Cctlefiefqueplagas , .tripücis CQnfinia mundi,
Unde quod ejl ufquant A quamvis regionibus abjît ,
Sufpicitur , pemtratqui cavas vox omnis ad aures.
Fama tenet, fummâque domum (ibi legit in arec ±
Innumerofque aditus , aç mille foramina tect'is
Addidit, & nullis inçlufit limina partis.
Nocie dieque patet ; tota efl ex ære fonanti;
Tota frémit ,yocefque refert, iteratque quod audit.
Nulla quies intus, nuUdqùe filentiaparte ;
Nec tamen eficlamor, fed parvee murmura vûcis 6
Qtialia de pelagi , fit qius procul audiat, undis
Effe folent ; qualemve fony.m , cum Jupiter atras
Increpuit nubes , extrema tonitrua reddunt.
Atnaturba tenet ; veniunt leve vulgus, euntque ;
Mixtaquc cum veris paffim commenta vagantur
Millia rümomm, confufaque verba volutant.
E quibus , ht vacuas complent fermonibas aures ,
Hi narrataferum a lia, menfuraque ficli
Crefcit-, & auditis aliquis novus adjicit auclor.
Iblic credulitas , illic temerarius error,
Vtnaque loetitia efi , confiernatique timorés ,
Stditiqque ruens , dubioque auclor e fiufiurri.
Ipfa.quid in cxlo rerumpelagoque geratur
E t tellure videt, totunique inquint in orbem.
Métam. l.X ÎL
Au centre de l’univers eft un lieu également éloï»-
gné du ciel, de la terre & de la mer, &; quifert de
limites à ces trois empires ; on découvre de cet en-
, droit tout ce qui fe' paffe dans le monde, & l’on en-
i tend tout ce qui s’y dit, malgré le plus grand éloignement
; c eft-là qu habite la Renommée, fur une tour
; élevée, où aboutiffent mille avenues; le toit de
! cette toqr eft percé de tous côtés ; on n’y trouve
aucune porte, &: elle demeure ouverte jour & nuit ;
Les murailles en font faites d’un airain retentiffant,
qui renvoie le fon des paroles , & répété tout ce qui
le dit dans le monde ; quoique le repos & le filence
foient inconnus dans ce lieu , on n’y entend cependant
jamais de grands cris , mais feulementun bruit
lourd & confus, qui reflemble à celui de la mer qui
mugit de loin , ou à ce roulement que font les nues
après un grand éclat de tonnerre; les portiques de
ce palais font toujours remplis d’une grande foule
de monde ; une populace légère & changeante va Sc,
revient fans cefle ; on y fait courir mille bruits, tantôt
vrais , tantôt faux, & on entend un bourdonnement
continuel de paroles mal arrangées,que les uns écoutent
& que les autres répètent au premier venu , en
y ajoutant toujours quelque chofe de leur invention*
Là régnent la fotte Crédulité, l’erreur , une faulfe
joie, la crainte, des allarmes fans fondement, lafé->
dition & les murmures myftérieux dont on ignora
les auteurs. La renommée qui en eft la fouveraine, voit
delà tout ce qui fe paffe dans le c ie i, fur la mer Scfur
la terre , & examine tout avec une inquiété curio-
fité.
Ceux à qui la langue angloife èft familière* nsf