
II
Le gouvernement général.
Situation de la. colonie au milieu de 1897. — Lorsque
fut créé, le gouvernement général de Madagascar et
dépendances, la première partie de la tâche du général
Gallieni était terminée : le plateau central et la côte orientale
étaient pacifiés, les habitants étaient rentrés dans
leurs villages; les quelques bandes qui tenaient encore
la campagne étaient rendues impuissantes par l’occupation
militaire du pays et par les colonnes qui les poursuivaient;
les principales routes de l’île jouissaient d’une
sécurité complète.
Pénétration des régions habitées par les peuples
indépendants. — La fin de l’année 1897 fut-consacrée à
consolider cette oeuvre et à préparer la pénétration dans
les régions insoumises et encore troublées. Nous ne
pouvions, en effet, borner notre action à l’Imerina, au
Betsilso et à quelques points de la côte est, et laisser
subsister autour du plateau central des foyers de brigandages,
d’où auraient pu surgir à tout moment des
bandes armées pour attaquer nos postes et les populations
soumises à notre autorité. Enfin, il fallait nous
assurer la possession des régions de l’ouest, et du sud
réputées riches et fertiles.
Le chef d étqt-major du général Gallieni, le commandant
Gérard, dirigea la première expédition envoyée dans
le Betsiriry et dans le Menabe (provinces situées entre
l’Imerina et le canal de Mozambique, et habitées par des
tribus sakalaves) [*]. Des postes furent installés sur la
Tsiribihina et la côte : ouest fut ouverte au commerce,-
malgré une vive résistance des indigènes, excités à la
lutte par Jes marchands hindous et arabes, qui voyaient
disparaître, avec notre occupation, la possibilité de continuer
leur trafic d’armes, de munitions et d’esclaves,
qu’ils échangeaient avec grand profit contre des bois
précieux, du caoutchouc et de la poudre d’or.
Cette campagne de l’ouest dut être reprise en 1898
pour assurer les résultats obtenus l ’année précédente
et pour soumettre toute la région occidentale de l’îlej
depuis la Betsiboka au nord, jusqu’à Tulear au sud, où
le roi Tompomanana avait essayé vainement d’opposer
quelque résistance (2).
A la même époque, les pays des Bara et des Tanala,
peuplades hostiles et réfractaires à notre autorité, furent
occupés et constitués en un cercle militaire dont le chef-
lieu fut Ivohibe. Ce centre fut relié par une ligne de
postes à Fianarantsoa au nord, à Tù'lear à l’ouest, à Fa-
rafangana et à Fort-Dauphin à l’est et au sud-est (octo-
bre-nûvembre-décembre 1898). Quelques troubles s’étant
produits dans la région de Fort-Dauphin, cette province
fut provisoirement transformée en cercle.
D’autre part, un soulèvement assez important ayant
surgi en octobre 1898 dans la région du Sambirano (côte
nord-ouest), la répression en fut effectuée en deux mois ;
ce soulèvement fut d’ailleurs considéré comme un fait
local ayant eu des causes particulières!
, 1 • Les principaux événements militaires de cette expédition furent la prise
d Ambiky, effectuée le 3o août par le commandant Gérard et l’enseigne de
vaisseau Blot, commandant la Surprise. Le chef sakalave Toera fut tué
pendant l’action. La lutté contre ies Sakalaves coûta la vie à plusieurs
officiers et soldats français et présenta de sérieuses difficultés.'
2. Le 3o juin 1897, le garde de milice Bligny avait été assassiné par les
sujets de Tompomanana, qui fut battu quelques jours après (7 juillet) par une
troupe de miliciens et de colons conduite par l’administrateur Estèbe.