
le sentiment que l’exploitation des pays outre-mer peut
comporter, pour des entreprises de longue haleine, l'immigration
à demeure de familles venues de la métropole
s installant au milieu des indigènes et les dressant à des
travaux agricoles (').
Malheureusement, l’effort tenté dans ce sens à Madagascar
ne fut jamais décisif. L ’île n’offrait pas de ressources
suffisantes pour occuper le premier .rang dans
es préoccupations coloniales de notre gouvernement et
malgré la prépondérance relative que nous essayâmes
d y acquérir dans la secondé moitié du xvne siècle et
pendant le xvme, nous n’en fîmes jamais le pivot de notre
pohtique coloniale dans la mer des Indes. Les richesses
de 1 Hindoustan, la fertilité de l’IJc-ie-France etdeBcur-
on d autre part, nos brillantes entreprises des Antilles
du Canada et de la Louisiane sollicitaient avec plus de
force 1 attention du pouvoir royal et du public métropolitain.
Il fallut que la perte de notre empire colonial
consacrée par les traités de Paris, de Versailles et dé
Vienne, a la fin du xvine siècle et au commencement du
xixe, nous fît chercher de nouvelles terres, où pût s’exercer
notre génie d’expansion, pour que nous songions de
nouveau à Madagascar, comme à une réserve longtemps
n gligée, mais toujours précieuse. D’autres aspiraient
alors, à y prendre notre place. Trois quarts de siècle nous
ont été nécessaires pour en redevenir les maîtres.
Les rivalités de la France et de l’Angleterre à Mada-
g a sca r0 se sont terminées à notre avantage et nous avons
^®et®“Sv^P Par Ia Hevuè de Madagascar du io mai 1904. ®“redeaMMaaddaa°3na^scraenr C»e,
». M. Marcel Dubois, dans la conférence déjà citée parlant de «
curieuse rivalité ' tantôt ouverte, tantôt dissimulée » estime L e C
conquis pied à pied le pays. Lui avons-nous donné une
organisation politique et administrative en rapport avec le
rôle que nous voulons y remplir, à la fois d éducateurs
éclairés des races indigènes- et d’exploitants judicieux
des richesses naturelles ?
Deux systèmes administratifs ont été, dès notre prise
de possession, discutés pour Madagascar : le protectorat
et l’administration directe.
Le premier, séduisant par sa facilité d’application
dans uu pays déjà organisé et par le peu de dépenses
qu’il occasionné, a été immédiatement tenté, avec 1 établissement
du régime civil. L’échec de ce régime, implanté
trop hâtivement et sans, qu’on lui eût donné les
moyens d’action qui lui étaient nécessaires, remit en question
la politique à suivre vis-à-vis des populations autochtones.
L’autorité militaire, investie de tous les pouvoirs,
tout en modifiant les méthodes d’application du
système du protectorat et en substituant la politique des
races à l’hégémonie hova, eut le bon esprit de ne pas
renoncer aux institutions locales, chaque fois que leur
formation était assez homogène pour pouvoir être utilisée
•sous notre contrôle. Néanmoins, l’état d insécurité du
l’avaient renseignée sur la très inégale valeur des diverses parties de MaT
dagascar ».
Cette observation doit être juste, mais il y eut certainement d’autres causes
L’Angleterre n’était-elle pas déjà préoccupée de la situation de sa colonie
du Cap, qui devait amener un peu plus tard la pénible guerre sud-africaine,
et ne voyait-elle pas les dangers d’une double campagne à Madagascar et
au Transvaal ? En second lieu, son intérêt à être maîtresse dans l’océan
Indien et surtout dé la roule du Gap à l’Inde n’était-il pas considérablement
atténué par l’ouverture du canal de Suez, dont elle lient la clef par l’occupation
de l’Égypte ? Ne réfléchissait-elle pas également aux incertitudes d’un
conflit qu’elle ne se décida à élever, quelques années après, que parce que
nos prétentions en Afrique contrecarraient nettement les siennes et tendaient
à faire échouer sa propre politique africaine ? Ce conflit n’était-il pas provoqué
lui-même en partie par notre attitude vis-à-vis des ressortissants anglais
à Madagascar et du commerce britannique, que nous évincions par nos tarifs
douaniers prohibitifs ? Enfin, n’occupions nous pas depuis dix ans la baie de
Diégo-Suarez, seul point stratégique qui put être d’une grande valeur au
.point de vue maritime ?