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Chambre dès députés, ordonnant l’émancipation générale
des esclaves. Ce fut son dernier acte administratif
dans la grande île (').
III
L’insurrection et l ’annexion.
Premiers troubles. — L’oeuvre d’organisation commencée
à Madagascar par le gouvernement métropolitain
et le résident général fut dès ses débuts arrêtée dans son
développement par une insurrection, qui faillit mettre
de nouveau en péril notre souveraineté dans l’île.
Dès le mois de janvier 1896, des troubles avaient été
signalés dans l’ouest et dans le nord de l’Imerina: Ils
parurent s’éteindre d’eux-mêmés, puis ne tardèrent pas
à reprendre quelques semaines après. La résidence *'gé-
1. « M. Laroche était résolument hostile au maintien de l’esclavage ; mais le
gouvernement, ne sachant si l’émancipation ne bouleverserait pas l’ile, lui
avait prescrit d’attendre son autorisation pour y procéder. Le résident général
sé borna donc, pendant les prémiers mois de sa mission, à prendre des
mesures préparatoires. Il empêcha qu’aucune vente séparât de sa mère un
enfant esclave, que les esclaves continuassent à être mis en vente sur les
marchés, que les fonctionnaires enregistrassent aucune vente de personnes.
Persuadé bientôt, par une observation attentive, que l’émancipation ne .produirait
aucun trouble et même contribuerait à désarmer la rébellion, dont les
esclaves, aussitôt affranchis, déserteraient les rangs, il recueillit dans Ce Sens
l’avis favorable d’une commission, réunie à Tananarive pour étudier la question
avec lui, et ne cessa d’insister auprès du gouvernement pour obtenir
l’autorisation nécessaire. Il se tenait prêt à en faire usage Aussitôt qu’il l’aurait
entre les mains. ■
« Le 26 septembre, lui parvint la dernière dépêche qu’il dût recevoir de
Paris ; elle se terminait par l’ordre de remettre ses pouvoirs au général Gallieni
et commençait par ces mots : « Exécutez immédiatement décision esclavage
« adoptée par commission locale. » Le jour même, les courriers de la reine
emportèrent dans toutes les directions, jusqu’aux extrémités de l’ile, la proclamation
de l’abolition de l’esclavage et, le lendemain, la Gazette officielle
l’insérait dans ses colonnes. — Ce fut le dernier acte de l’administration de
M. Laroche. Il remit ses pouvoirs dans la soirée du 28 septembre au général
Gallieni. » (Note dé M. le'résidént général H. Laroche.j
l ’ i n s u r r e c t i o n e t l ’ a n n e x io n l 4 5
nérale n’y attacha pas d’abord grande importance, croyant
qu’il ne s’agissait que d’incursions de pillards appelés
« fahavalos », qui surgissaient aSsez régulièrement chaque
année à la fin de la saison des pluies. La persistance
et l’aggravation de ces troubles portèrent bientôt
à penser qu’on se trouvait en présence dé mouvements
insurrectionnels, analogues à ceux qui s’ôtaient déjà produits
à Arivonimamo au mois de novembre, et on acquit
la preuve que les bandes de révoltés étaient soutenues
par des partis de patriotes.
Leurs causes et leur extension. — Quantité de
ceux-ci avaient constaté, au lendemain de la prise de
Tananarive, combien était relativement peu nombreuse
la colonne du corps expéditionnaire qui avait imposé le
traité de paix; ils n’ignoraient pas qu’une grande partie,
des troupes venues de France s’étaient rembarquées
pour être rapatriées, et ils espéraient qu’en soulevant
leurs compatriotes, ils seraient assez forts pour purger
le sol malgache des étrangers de toute nationalité- qui
voulaient s’y installer.
De puissantes troupes de rebelles, brigands et insurgés,
que l’on a confondus sous le terme de fahavalos, se
constituèrent à partir de février et dévastèrent, le mois
suivant, le nord de la vallée du Mangoro ; elles avaient à
leur tête Rabezavana, ancien officier royal, ancien gouverneur
d’Antsatrana, et un autre chef énergique Rabo-
zaka. Une première colonne dirigée contre eux sous les
ordres du colonel Combes alla débloquer Ambatondra-
zaka, dont les communications avec Tananarive avaient
été interrompues, pendant plusieurs semaines.
Dans la. région sud-est de l’ Imerina, d’autres bandes
analogues s’étaient-constituées à la même époque, sous
la conduite d’un ancien chef de brigands, Rainibetsimi-
sàraka. Le 3i mars, elles* cernaient le village de Maria