
M ADAGA SCAR
glais songèrent à prendre pied dans l’île au moment où
les Portugais allaient la quitter. En 15g5 et i 5g6, une
flotte hollandaise, commandée par Cornells de Houtman,
atterrit dans la baie de Saint-Augustin et explora les
côtes sur uue grande étendue ; puis des navires anglais
de la Compagnie des Indes orientales visitèrent le littoral
malgache pendant les premières années du xvne siècle.
Hollandais et Anglais tentèrent d’y créer quelques comptoirs,
mais leur activité ne tarda pas à sé porter tout entière
vers l’ Inde et la Malaisie.
Les Français. — Il devait revenir à la France de porter
à Madagascar son initiative-colonisatrice et d’y créer
des établissements qui, après bien des vicissitudes, sont
enfin devenus définitifs.
C’est en 1627 que les Français y abordèrent pour la
première fois, amenés par un navire dieppois, Les frères
Jean et Raoul Parmentier, capitaines à la solde de l’armateur
Ango, abordèrent deux ans plus tard sur la côte ouest
et Jean Fonteneau, dit Alphonse de Saintonge, y effectua
vraisemblablement deux voyages vers 1538 et 154-7- En
1602, le Croissant et le Corbin, navires équipés par les
marchands de Saint-Malo, de Laval et de Vitré, séjournèrent
pendant quelques mois dans la baie de Saint-Augustin
et, en i 638, de nouvelles expéditions partirent de
Dieppe pour visiter les Mascareignes et l’île Saint-Lau-
rent. Le capitaine Gauche, commandant 1 e Saint-Alexis,
prit alors possession de Diégo-Suarez.
La Société de l ’Orient. L ’ère des tentatives plus
sérieuses de colonisation allait s’ouvrir. Les rapports des
navigateurs revenant de l’océan Indien invitèrent les
commerçants de Normandie à organiser une entreprise
plus importante que les précédentes. Le capitaine
dieppois Rigault obtint du roi' de France, au début
L A COLONISATION AVANT LE X IX e S IÈ CLE 43
de 1642, le droit exclusif de créer des colonies à Madagascar
et' dans les îles voisines. Il fonda la Société de
l’Orient, qu’il plaça sous les hauts patronages du surintendant
Fouquet, du maréchal duc de la Meilleraye, de
riches banquiers et d’armateurs de la côte normande. Le
24 juin suivant, Richelieu soumettait à la signature de
Louis XIII les lettres patentes instituant officiellement
ladite société, avec privilège, arrêté d’abord à dix ans,
puis bientôt porté à quinze années, de faire du commerce
à Madagascar. ,
Trois mois après, le navire S aint-Louis emmenait les
premiers colons, sous la conduite de Pronis. Celui-ci
s’installa d’abord dans l’île Sainte-Marie et dans la baie
d’Antongil. La fièvre décimant ses compagnons, il transporta
en mai i643 son établissement et les renforts que
.lui avait apportés le vaisseau Saint-Laurent, au sud-
est de l’île, dans la presqu’île de Taolanara, et créa Fort-
Dauphin. D’autres colons furent successivement débarqués,
notamment par le navire Royal qui, en i 646,
rapporta en France une riche cargaison de produits du
pays : ébène, cuirs, cire, etc. La même année, des colons
révoltés contre leur chef, qui avait épousé la nièce d’un
notable indigène, s’emparèrent de sa personne et le gardèrent
prisonnier pendant près de six mois. Pronis fut
délivré par le capitaine Le Bourg, commandant le Saint-
Laurent, qui amenait quarante-trois nouveaux adhérents
à la colonie. Il fit déporter à l’île Mascarenhas (Réunion)
douze des meneurs du mouvement organisé contre lui.
Ce fut l’origine de notre établissement de Bourbon.
Pronis rentra en France au commencement de i 65o.
A la fin de 1648, il avait été remplacé à la tête des comptoirs
de la Société de l’Orient par Étienne de Flacourt,
qui reçut le titre de Commandant général de l’île de Madagascar.
Son administration fut envers les naturels du
pays plus rude que celle de son prédécesseur. Une révolte