
M ADAGASCAR
II
Le protectorat.
M. Le Myre de Vilers, résident général. — M. Le
Myre de Vilers, ancien officier de marine, ancien préfet
d’Alger, ancien gouverneur de la Cochinchine, fut choisi
par le gouvernement français pour occuper le poste de
résident général à Tananarive. Il partit le 8 avril 1886,
muni d’instructions lui rappelant que le traité du 17 décembre
1885 plaçait le peuple malgache sous notre.
tutelle et lui recommandant le t&ct et la prudence pour
écarter toute cause de difficulté ou de conflit. Le résident
général devait être l’intermédiaire obligé de toutes les
autorités françaises de l’île, y compris celles des futurs
établissements coloniaux de Diégo-Suarez, dans leurs
rapports avec les autorités malgaches. Il exerçait de
plus son action au point de vue politique sur le commandant
de la station navale de l’océan Indien et- sur le
commandant des troupes d’occupation de Tamatave, pendant
toute la durée de leur présence sur le territoire ou
dans les eaux de Madagascar^
M. Le Myre de Vilers était enfin invité à chercher à
diriger le gouvernement hova par ses conseils, et, sans
s’immiscer dans les questions d’administration proprement
dite, à guider par d’utiles avis les autorités et le
peuple malgache dans la voie de la civilisation Q).
Premières difficultés. — M. Le Myre de Vilers entra
à Tananarive le 10 mai et rencontra tout de suite de
1. Lettre de M. de Freycinet, président du conseil, ministre des affaires
étrangères, à M. Le Myre de Vilers, résident général de la République
française à Madagascar, du 1« avril 1886.
LE PROTE C TO R A T ( i 886- 18 g 4) 8 9
sérieuses difficultés pour l’accomplissement de sa mission.
10 Emprunt. — La première résultait de l’application
de l’article 8 du décret du 17 décembre i 885. Dès la
conclusion de cet acte diplomatique, le gouvernement
malgache était entré en pourparlers pour un emprunt de
20 millions avec M. Kingdon, sujet anglais, qui réclamait
à son profit un service de 7 p. 100 d’intérêts, la
création d’une banque d’État ayant privilège d’émission
de billets et de frappe de monnaie, et le monopole de
la perception des droits de douanes. La justification de
ce projet de contrat était le payement des 10 millions,
que le gouvernement malgache devait mettre à notre disposition
pour indemniser les personnes lésées à l’occasion
du conflit de i 883- i 885. Son exécution eût été la
mainmise des Anglais sur les finances malgaches.
M. Le Myre de Vilers s’y opposa énergiquement et en
référa au gouvernement français. Celui-ci fit déclarer par
les journaux que la France ne reconnaissait pas de valeur
au contrat Kingdon, et que toute entreprise résultant
de son exécution ne pourrait invoquer de notre part
aucune protection ou garantie, en cas de nouveau conflit
entraînant une intervention armée à Madagascar. Cette
déclaration constituant un aléa des plus dangereux,
Kingdon ne put trouver de commanditaires.
Rainilaiarivony, acculé par le besoin d’argent et pressé
par notre résident général, contracta le 4 décembre 1886
au Comptoir d’escompte de Paris un emprunt de i 5 millions
à 6 p. 100 d’intérêt annuel. La convention du
4 décembre 1886 fut complétée par un avenant du 20 juin
1887', fixant les conditions d’amortissement, de cet emprunt
et affectant au remboursement les revenus douaniers
des six ports de Vohémar, Fénérivè, Tamatave,
Vatomandry, Mananjary et' Majunga.
La première difficulté suscitée à notre administration