
quelques colons, dont Laborde et notre agent consulaire,
défendait notre influence dans l’île et luttait contre la
prépondérance des missions anglaises.
Les autres articles cités avaient pour objet de spécifier
les droits de propriété des Français à Madagascar et d assurer
la transmission de leurs biens à leurs héritiers.
Le refus du gouvernement malgache d’exécuter ces dispositions,
qu’il avait librement consenties, devint une
des causes des conflits qui éclatèrent plus tard avec la
France.
Les missions anglaises. — En compensation des
avantages qui nous étaient consentis par le traité du
8 août 1868, les révérends anglais, espérant arrêter les
progrès de la mission catholique française, obtinrent de
Rainilaiarivony et de la reine Ranavalona II, leur conversion
au protestantisme, qui fut bientôt déclare religion
d’État (1869). Leurs vues ne furent cependant pas
purement égoïstes. Sous leur influence, le gouvernement
malgache publia un code de lois nouvelles, ayant principalement
pour objet de fortifier le pouvoir royal à Tananarive,
d’adoucir l’esclavage, de le réduire, de garantir
la situation des hommes libres et de faciliter la diffusion
de l’enseignement et l’action civilisatrice des Européens ;
il réorganisa l’armée malgache d après les methodps modernes,
sous la direction d’instructeurs anglais et mauriciens,
émancipa de nombreux esclaves, créa un hôpital
pour les femmes et les enfants ainsi que des services
médicaux gratuits, essaya de réformer la justice .malgache
et fit paraître, le i er janvier 1875, le premier journal
fondé à Madagascar : Ny Gazety Malagasy.'
Malgré le traité de 1868, l’influence anglaise continuait
donc à l’emporter à Tananarive ; elle devint surtout prédominante
après nos désastres de 1870. Le gouvernement
français, absorbé alors par les graves difficultés
auxquelles il avait à faire face, avait dû se désintéresser
de Madagascar et même supprimer, en 1871, la subvention
qu’il accordait précédemment à la mission catholique
dans la grande île africaine (').
1. L a lettre par laquelle le ministre de la marine et des colonies notifia
cette suppression indique clairement l’état d’esprit dans lequel on était alors,
en France, au sujet des entreprises coloniales et de Madagascar en particulier
: « -La subvention, écrivait l’amiral Pothuau, était justifiée par l’action
prépondérante que le gouvernement avait l ’intention d’exercer sur Madagascar.
Aujourd’hui qu’on a complètement renoncé à cette politiquef la subvention
n’a plus de raison d’être et l’allocation totale disparaîtra en 1872. »