
tâtions du traité de i 885 et de préciser nettement les
droits que celui-ci nous conférait.
Il était ainsi conçu :
A r t . i er. — Le gouvernement de la reine de Madagascar s’in-
terdit d’entretenir aucune relation avec les gouvernements étranger!
et leurs agents, sans passer par l’intermédiaire du résident général
de la République française à Madagascar.
A r t . 2. ■— Toute concession, faite par le gouvernement de la
reine, directement ou indirectement à des Français ou à des étrangers,
devra être enregistrée, pour approbation, à la résidence générale,
sous peine de nullité.
A r t . 3. — Le gouvernement de la République française aura le
droit d’entretenir à Madagascar les forces qu’il jugera nécessaires
pour la sécurité de'ses ressortissants et des résidents étrangers.
A r t . 4- — Le gouvernement français pourra entreprendre des
travaux d’utilité publique, tels que ports, routes, chemins de fer,
télégraphes, canaux, etc., ayant pour objet le développement de la
prospérité du pays, et percevoir les taxes qui en seront , la conséquence,
lorsque le gouvernement de la reine ne se chargera pas lui-
même de l’exécution desdits travaux.
A r t . 5. — En cas de difficultés d’interprétation, le texte français
fera seul foi. \
Arrivé à Tananarive le dimanche 14 octobre, M. Le
Myre de Yilers (I) eut deux entrevues le lendemain et le
surlendemain matin avec le premier ministre, à qui il fit
part des représentations du gouvernement français et
remit le texte du projet de traité en cinq articles, dont il
était porteur,
Rainilaiarivony ayant demandé à examiner ce projet à
loisir, M. Le Myre de Vilers le pria de fixer la nouvelle
conférence au vendredi 19 ; le premier ministre lui fit une
réponse évasive pour cette date ou le lendemain puis, le
samedi venu, négligea de recevoir l’envoyé extraordinaire
français. Celui-ci lui adressa aussitôt une lettre protestant
1. Je me fais un agréable devoir de remercier ici M, Le Myre de Vilers
des renseignements et documents qu’il a bien voulu 'mettre à ma disposition
et qui m ont permis d’exposer avec précision les négociations qu’il a conduites
avec tant de patriotisme et de dévouement.
contre un pareil procédé et se terminant par les mises en
demeure suivantes : « Aussi, me conformant aux instructions
de mon gouvernement, je suis obligé de mettre
Votre Excellence en demeure d’approuver et de faire ratifier
par la reine, dans un délai qui expirera le vendredi
26 octobre à 6 heures du soir, le projet de traité que j ’ai
remis à Votre Excellence le 17 octobre. Faute d’obtenir
cette satisfaction, je me verrais dans la nécessité d’amener
le pavillon et de quitter la capitale. L’escorte et les Français
habitant l’Émyrne rejoindraient la côte. »
Rainilaiarivony fixa le nouvel entretien nu lundi 22 à
3 heures de l’après-midi. -
Dans cette entrevue (*) il remit à M. Le Myre de Vilers
une longue note .relatant « les plaintes du gouvernement
malgache au sujet des agissements des Français à Madagascar
» et les observations suivantes sur le projet de
traité : « Après avoir approfondi le traité du 17 décembre
1. Le gouvernement malgache rendit compte de l’entrevue en ces termes :
« Le lundi 22 octobre, on se réunit à 3 heures du soir; le premier ministre
remît à M. Le Myre de Vilers la note relatant les, plaintes du gouvernement
malgache au sujet des agissements des Français ici, et son avis
sur lés cinq articles du projet de traité.
« M. Le Myre de Vilers lui dit qu’il avait constaté par l’examen de cette
note que .la première partie était un exposé de plaintes; que la seconde
n’était pas une réponse aux cinq articles du projet qu’il avait remis, mais une
discussion sur des points de détails; qu’il désirait une réponse nette; ou accepter
ou refuser; à plusieurs reprises il demanda au premier ministre de lui
répondre : oui ou non. Le premier ministre lui répondit que le but qui l’avait
guidé à lui exposer les agissements de certains Français ici était de lui
montrer que ce n’était pas au gouvernement malgache qu’incombait le refroidissement
des bonnes. relations et qu’il avait développé ces commentaires
parce que M. L eM y re de Vilers lui avait dit que ces cinq articles étaient
basés sur le traité. Le premier ministre a ajouté que, lorsque, M. Le Myre
de Vilers lui a remis les cinq articles en question, il avait consenti à les lui
laisser étudier et à lui donner une réponse ; que maintenant il lui remettait
l’exposé de ses idées; et que M. Le Myre de Vilers, à son tour, devait l’approfondir,
«’ M. Lè Myre de Vilers reçut la note, mais il dit encore qu’il attendait la
réponse du premier ministre aux cinq articles, jusqu’au vendredi a6 octobre
à 6 heures du soir ; que si les cinq articles n’étaient pas acceptés ou s’il -
n’obtenait aucune réponse, il amènerait le pavillon samedi. » (Extrait du
Livre rouge hova, d’octobre 1894.)