
Notre envoyé extraordinaire, ministre plénipotentiaire,
procéda alors à l’évacuation des Européens vers la côte ;
puis, n’ayant pas reçu, malgré un échange de lettres
privées (J) avec Rainilaiarivony, l’acceptation des conditions
proposées par la France, il amena, le 27 octobre à
6 heures du matin, le pavillon de la résidence générale.
Il ferma celle-ci, en déclarant le gouvernement malgache
responsable de toute violation qui lui serait faite et envoya
vers Majunga MM. Ranchot et d’Anthoüard avec
aulres, quelles qu’elles soienl, n’accomplissent pas leurs engagements, ou si
des désaccords ou des malentendus surviennent, le différend sera iuqé à
Madagascar, par le tribunal mixte. ’
« A r t . 10. — Le gouvernement de la République française s’enqaqe à
donner 1 ordre aux commandants de ses navires de guerre de ne pas faire
débarquer des troupes sur le sol de Madagascar pour se livrer à des exercices
militaires: si des commandants de navires de guerre contrevenaient à cet
ordre, le gouvernement de la République française les punirait.
« A r t . i i . — Le gouvernement de la reine de Madagascar et le gouvernement
de la République française s ’engagent à nommer des délégués. pour
délimiter la baie de Diégo-Suarez, conformément au traité ; cette délimitation
aura beu trois mois après la signature dû présent arrangement.
« A r t . 12. Le présent traité, fait en double expédition, écrit en français
et en malgache, en deux versions ayant la même force, a été signé et scellé
par les plénipotentiaires des deux parties contractantes, à Tananarive, le
... octobre ... Adimizana, 1894. » (Extrait du Livre rouge hova de 1894.)
1. Le 25 octobre, M. Le Myre de Vilers adressa à Rainilaiarivony la
lettre personnelle suivante: .
« Mon cher premier ministre, c ’est à titre privé, en ami, que je vous écris.
Gomme plénipotentiaire de la République, je ne saurais le faire; en effet, du
moment où un ultimatum est signifié, il ne reste plus qu’à l’accepter ou à le
refuser. Votre lettre du 24 octobre et le projet de traité qu’elle contenait me
prouvent que vous ne vous rendez pas un compte exact de la situation.
Vous tenez entre vos mains la paix ou la guerre ; ce sera, dans le premier
cas, la prospérité de votre pays et du gouvernement de Sa Majesté; dans le
second, leur ruine deviendra inévitable. Réfléchissez-y mûrement, vous êtes
un homme d Etat expérimenté et j ’espère encore que'vous accepterez mes
propositions. Il n’y a pas d’autre solution.
« Quoi qu’il en soit, veuillez, mon cher premier ministre, présenter mes respectueux
hommages à Sa . Majesté et agréer l’expression des sentiments affectueux
de votre serviteur et ami, — L e M t r e d e V i l e r s . »
Le lendemain, Rainilaiarivony accusa réception de cette missive à notre
ambassadeur, en exprimant son désir de voir la continuation des bonnes
relations entre le gouvernement français et le • gouvernement malgache, et en
se référant à sa note du 22 octobre, ainsi qu’au contre-projet de traité remis
par lui le 24. G était la confirmation de ses propositions et le rejet définitif
de celles de la France.
l’escorte du résident général et les derniers Français
restés à Tananarive; il prit lui-même la route de Ta-
matave, où il arriva le 2 novembre. Il y resta jusqu’à la
fin de décembre, dans l’espoir bien faible que la reine
et le premier ministre, apprenant que nous étions décidés
à une nouvelle expédition militaire, comprendraient le
danger qui les menaçait et se soumettraient.
Pendant ce temps les Chambres ordonnaient, après un
remarquable discours de M. Hanotaux, ministre des
affaires étrangères,“rappelant les griefs de la France, la
constitution du corps expéditionnaire, qui, au printemps
de 189b, allait, sous la direction du général Duchesnë,
entreprendre la conquête de Madagascar.
III
Campagne de 1895.
Gouvernement et armée malgaches. — Pour apprécier
la tâche incombant au corps expéditionnaire, il est
nécessaire de connaître l’organisation et les forces qu’il
allait combattre. Nous croyons donc utile de rappeler en
quelques lignes comment étaient composés le gouvernement
et l’armée malgaches.
Le chef nominal du gouvernement était la reine, qui
appartenait à la descendance d’Andrianampoinimerina.
En réalité, le pouvoir était exercé par Rainilaiarivony^ de
caste hova, qui joignait à sa qualité de mari de la reine
le double titre de premier ministre et de commandant
eu chef, avec autorité complète sur l’armée.
De ses mariages successifs avec Ràsoherina, Rana-
valona II et Ranavalona III, il n’avait pas eu d-enfants.
Autour de la reine certains personnages constituaient
une sorte de cour ; leur influence politique était peu cou