
presque toute la population a rallié lesvillages ; les rebelles
sout cernés de différents côtés, mais les régions
boisées et incultes où ils se cantonnent sont d’un accès
suffisamment difficile pour leür assurer, pendant quelque
temps encore, l’impunité.
En mai et en juin le résident général effectue une tournée
d’ inspection autour de; Madagascar. Il en rapporte
Timpression que ses instructions ont été suivies partout,
autant que les circonstances et les moyens d’action l’ont
permis.
Pendant son absence du chef-lieu, lé là mai, les rebelles
assassinèrent un colon, M. Paty, près d’Ambohimanga
du sud, ainsi que deux autres de nos compatriotes,
les pasteurs Escande et Minault qui, se rendant
de Tananarive à Fianarantsoa,; avaient commis, dans la
traversée du massif de l’Ankarâtra, l’imprudence grave
d« s’écarter, sans escorte et sans armes, de la route habituellement
suivie par les voyageurs européens • les meurtriers
étaient affiliés aux bandes insurgées du sud.1
Ces malheureux événements donnèrent une nouvelle
impulsion à la poursuite des rebelles et quelques semaines
plus tard deux des chefs insurgés, Rabezavana
et Rainibetsimisaraka, étaient obligés de se rendre. Le
général Gallieni usa de clémence envers eux, espérant
par cette attitude amener la soumission des derniers
révoltés. Ce résultat fut atteint à la fin de 1897 et au
début de 1898, lorsqu’il devint impossible à Rainitavÿ et
Rabozaka de tenir campagne.
L’insurrection vaincue, il était nécessaire de porter
tout l’effort militaire du corps d’ocCupation vers la pénétration
des régions habitées par des populations qui vivaient
surtout de pillage et portaient leurs déprédations
jusque dans les régions placées sous notre autorités
Avant de les attaquer, le général Gallieni envoya des
troupes à Maintirano, Morondava et Tulear pour garder
les principaux points de la côte ; il fit lui-même un voyage
autour de l’île au printemps de 1898 et rentra ensuite à
Tananarive au commencemeut de juillet, pour préparer
les colonnes de pénétration vers les régions à conquérir,
célébrer la fête nationale et reprendre son oeuvre d’organisation
politique et administrative..
Création du gouvernement général. — Pour lui
témoigner sa satisfaction dès heureux résultats acquis en
moins d’un an, le gouvernement de la République, qui
venait de transformer la résidence générale en gouvernement
général, nomma le général Gallieni gouverneur général
de Madagascar et dépendances (décrets dû 3o juillet
1897).
La création du gouvernement général, conséquence
naturelle de l’annexion, était pleinement justifiée ; elle
eût pu être ordonnée dès le lendemain de la loi du
6 août 1896. Le maintien provisoire de la royauté en
Imerina et l’état troublé du pays firent ajourner cette
mesure, quoiqu’elle fût une utile affirmation de notre
souveraineté. Au moment où elle fut promulguée, elle
confirma les résultats acquis, couronna une période glorieuse
et difficile, pendant laquelle le corps d’occupation
eut à lutter contre une résistance acharnée des indigènes
fanatisés par les sorciers, ou animés d’un sentiment patriotique
(').
i . H y a lieu de remarquer à cette occasion que dans la lutte contre l’insurrection,
les combats furent beaucoup plus meurtriers que pendant la campagne,
de i 8g5. Celle-ci n’a causé de pertes bien plus grandes que par suite
des maladies qui décimèrent le corps expéditionnaire et qui résultèrent
surtout du séjour prolongé.des troupes dans la basse vallée de la Betsiboka.