
(.’est ainsi que furent jugés et condamnes à mort par
le conseil de guerre de Tananarive deux personnages
considérables, l’oncle de la reine, Ratsimamanga, et le
ministre de l’intérieur, Rainandriamanpandry ; ils furent
exécutés le i6 octobre 1896. Une tante de la reiné,
Ramasindrazana, était de plus exilée et tous ses biens,
ainsi que ceux des autres condamnés, confisqués (').
Le premier ministre Ràinisimbazafy, âgé et incapable
de rendre d’utiles services, démissionna; il ne fut pas
remplacé et le principal personnage malgache, après la
reine, fut dès lors Rasanjy, ancien premier secrétaire de
Rainilaiarivony, qui depuis n’a cessé de servir avec intelligence
l’autorité française.
Enfin, le général Gallieni, pour rassurer les colons,
leur déclara, par la voie du Journal officiel, que leurs
intérêts étaient l’objet de toute sasollicitudej et les invita
à lui faire connaître leurs voeux pour le développement
du commerce et de la colonisation.
Le 5 octobre, par une circulaire rendue également
publique, il ordonnait aux résidents de se préoccuper de
1 organisation des écoles et de l’enseignement dii français
dans leurs provinces, puis, le 2 novembre, il signait un
arrêté modifiant dans un sens libéral lè régime fixé par
la loi malgache du 9 mars précédent sur les concessions
de terres.
Premiers résultats. — Les mesurés prisés et appliquées
rigoureusement, dès les premières semainés de
l’administration du général Gallieni, arrêtèrent les progrès
de l’insurrection ; celle-ci ne tarda pas à reculer
1. En igoi, le général Gallieni, par mesure de clémence, restitua les immeubles
confisqués à leurs anciens détenteurs ou leur en remboursa la valeur.
En même temps, les indigènes exilés à la Réunion furent autorisés à rentrer
à Tananarive; les restes mortels des principaux d’entre eux qui étaient
décédés furent également ramenés.
lorsque le résident général intérimaire, profitant habilement
de la trêve dont les rebelles pensaient jouir pendant
la saison des pluies, commença contre eux une offensive
vigoureuse. Selon le plan conçu, toute marche en
avant était appuyée de l’établissement de postes militaires,
de façon à assurer l’occupation définitive du pays
reconquis .-
A la fin d’octobre 1896, les populations de la vallée
du Mangoro et de la région d’Ambatondrazaka jusqu’au
lac Alaôtra étaient soumises. Un mois après, le calme
était rétabli dans une grande partie de l’Imerina et du
Betsilèo, et des postes avancés étaient poussés dans
toutes les directions afin de rejoindre peu à peu ceux
qu’établissaient les résidents des provinces côtières.
Les progrès de la pacification se poursuivent activement
: à la fin de 1896, on peut circuler en toute sécurité
sur la route d’étapes de Tananarive à Tamatave;
les soumissions deviennent assez fréquentés dans les
cercles militaires ; le résident de Mardantsetra s’ést emparé
de Mandritsara et l’administrateur de Nosy-Be a
pris possession des points de la côte nord-ouest où nous
avons des intérêts à protéger; il les a fait occuper par
les milicés, qui détruisent un centre de refuge et de ravitaillement
établi par les rebelles.
Pendant les mois de janvier et février 1897, ces heureux
résultats s’affirment encore * grâce au dévouement des
troupes et à l’attitudé énergique des résidents. Les insurgés
sont obligés de se replier vers les forêts ; la route
de Tananarive à Majunga, devenue libre, est parcourue
sans incidents graves par de.petits détachements; peu
à peu, les habitants des régions troublées qui s’étaient
joints aux révoltés livrent leurs àrmes, rentrent dans
leurs villages et se remettent à leurs cultures.
On peut, à ce moment, considérer l’insurrection comme
vaincue, mais une poursuite longife et ininterrompue des