
quintuplé. Lés autorités se sont efforcées de satisfaire à
cette nécessité. Les essais d'introduction de travailleurs
étrangers n'ayant donné que des résultats peu encourageants,
coûteux et incertains, le gouvernement général a
adopté la méthode plus lente, mais plus sûre, de l’augmentation
de la population autochtone par l’accroissement
des naissances et la diminution des causes de
mortalité. C’est l’oeuvre de l’assistance médicale indigène^
qui porte déjà ses fruits. Elle est de longue haleine et,
bien qu’elle ne réponde, pas encore à toutes les impatiences
des colons actuels, qui voudraient un remède
immédiat à la pénurie de main-d’oeuvre et de clientèle,
elle n en est pas moins louable; l’administration a agi
sagement, avec une vue sûrement exacte des besoins
réels de la colonie et .un juste souci de l’avenir, en la
créant, au lieu de se prêter à de nouvelles expériences
insuffisamment étudiées d’immigration asiatique.
Il n’y a pas lieu de conclure de cette constatation que
nous devions a priori fermer l’entrée de Madagascar aux
étrangers, pas plus qu’à leurs produits. A ce sujet, nous
avons exprimé nos idées, en appréciant à la fin du chapitre
précèdent 1 application qui a été faite à la colonie de nos
tarifs douaniers métropolitains et c’est avec satisfaction
que l’on voit les maisons étrangères établies dans l’île
avant l’annexion y demeurer pour vendre des produits
français; elles contribuent à l’activité commerciale, de
concert avec les maisons françaises et aussi avec les négociants
hova, qui, de plus en plus nombreux, s’approvisionnent
également dans la métropole.
En résumé, la conquête de Madagascar a ouvert un
nouveau champ d’action à notre force d’expansion. Elle
nous appelle à exercer un rôle prépondérant dans l’océan
Indien, en nous y créant des intérêts égaux sinon supérieurs
à cèux de toute autre puissance européenne. Pour
les faire respecter et les défendre, il nous faut doter la
colonie d’une organisation politique et militaire proportionnée
à la lourde tâche qui nous incombe. D’autre
part, nous devons y développer les organes économiques
susceptibles d’ouvrir à notre commerce et à notre industrie
des ressources et des débouchés qu’une sage administration
saura étendre au fur et à mesure de l’exploitation
des richesses locales agricoles et minières et de
l’accroissement des populations indigènes. Enfin, nous
avons assumé vis-à-vis de ces dernières des devoirs de
protection et d’éducation morales, qu’il appartient à tous
nos représentants dans l’île de remplir avec une fraternelle
sollicitude, exempte de complaisances pour les défauts
et les tendances mauvaises des races malgaches, et
de rigueurs excessives contre des erreurs qu’excusent
l’ignorance ou les élans parfois généreux de peuples
encore voisins de l’enfance. *
Que nos administrateurs se considèrent auprès d’eux
comme des missionnaires laïques et ne perdent aucune
occasion de les instruire, en se rappelant toujours que
nous devons les dominer surtout par l’ascendant moral,
que donnent une culture intellectuelle supérieure, une
vie sans faiblesse, un constant esprit de justice et une
inaltérable bonté !