
était résolue à notre satisfaction. Une deuxième ne tarda
pas à surgir au sujet de l’application de l’article 15 de la
convention du 17 décembre.
20 Délimitation du territoire de Diégo-Suarez. -—
Pour la délimitation du territoire de Diégo-Suarez, le
premier ministre malgache déclara s’en rapporter à la
lettre Patrimonio-Miot, qu’il lit publier dans le Madagascar
Times comme annexe au traité. Notre gouvernement
ne reconnaissant pas la validité des interprétations
contenues dans cette lettre, fit réclamer par le résident
général l’extension dudit territoire à 24 kilomètres au
sud de la baie, afin de permettre l’approvisionnement
d’eau de notre futur établissement. Une mission de
délimitation envoyée sur place n’apporta aucune solution
et le gouvernement français, décidé à agir, installa
à Diégo-Suarez, en août 1886, un gouverneur, M. Fro-
ger, avec mission d’étendre les limites de la colonie
suivant ses besoins. Au moment de la guerre de 1895
elle se prolongeait à plus de 3o kilomètres au sud de la
baie.
£° Affaire des exequatur. — La troisième difficulté que
rencontra l’autorité française était peut-être moins importante
en elle-même que les deux premières, mais
présentait une réelle gravité, parce qu’elle était d’ordre
diplomatique et ne pouvait se résoudre qu’avec le concours
des puissances étrangères. Il s’agissait de l’exequatur
des consuls.
Au mois d’avril 1887, le premier ministre ayant délivré
directement, sans user de l’entremise de M. Le Myre de
Vilers, l’exequatur aux consuls des États-Unis d’Amérique
et d’Angleterre, notre représentant protesta contre
cette procédure, qu’il estimait à bon droit contraire aux
stipulations des articles 1 et 2 du traité du r 7 décembre
-i885 et refusa de reconnaître la validité des actes remis
par Rainilaiarivony. Celui-ci répondit qu’ils ne touchaient
pas à la politique extérieure du gouvernement
et par suite échappaient au contrôle du résident général.
Une entente étant intervenue entre la France, l’Angleterre
et les États-Unis, ces deux puissances prescrivirent
à leurs agents de faire passer leurs nouvelles demandes
d’exequatur par l’intermédiaire du résident général. Le
premier ministre se refusa alors à accorder les exequatur
sollicités dans ces conditions. Une rupture faillit résulter
du conflit qui surgit à cette occasion et l’escorte du résident
général avait déjà, sur son ordre, quitté Tananarive
depuis deux jours, lorsqu’un accord verbal finit par s’établir,
grâce à l’extrême modération dont fit preuve notre
représentant. Il reconnut la faculté pour le gouvernement
malgache de délivrer directement les exequatur aux
consuls, à la condition que la formide mentionnât que le
résident général « en avait connaissance ». Sur ce point
nous n’avions obtenu qu’un demi-succès.
Insuffisance des résultats acquis. -— Dès ce moment
(fin de 1887), l’insuffisance des avantagés résultant
pour la France de la convention du 17 décembre r885
devint manifeste et on comprit que les résident^ généraux
se heurteraient au mauvais vouloir du gouvernement
malgache, chaque fois qu’ils voudraient exercer "l’autorité
dont ils paraissaient investis.
Tamatave avait- été évacué par nos troupes le 25 janvier
1887, après 4e versement des 10 millions d’indemnités
prévus au traité; mais l’AnglaisDigby Willoughby,
se faisant passer pour « général, ambassadeur de la
reine de Madagascar », intriguait en Europe, déclarant
par la voie de la presse que « ni la reine de Madagascar,
ni son gouvernement n’avaient cédé à la France un droit
de protectorat d’aucune sorte »‘.
Ce langage, non autorisé il est vrai, mais non démenti
par la cour malgache, bien qu’elle fût tenue au courant