
voninahitrioniony, refusait de reconnaître la validité
du traité passé quelques mois auparavant avec les
Français.
Surpris par cette nouvelle, nos compatriotes qui n’avaient
pas d’instructions en prévision d’une semblable
éventualité, se bornèrent à faire une démonstration navale
devant Tamatave pour obtenir le respect du traité
violé par le premier ministre hova, et à demander réparation
matérielle du préj udice qu’éprouvait leur société
de colonisation.
Pour apaiser les réclamations françaises, Rasoherina,
après de longues tergiversations et le remplacement du
premier ministre par Rainilaiarivony, consentit à payer
une indemnité de 870 000 fr. à la Compagnie de Madagascar^).
Le gouvernement impérial n’insista pas pour
de plus amples satisfactions et dédommagements.
Rasoherina. La prépondérance anglaise. — Une
fois de plus nous abandonnions Madagascar, où notre influence
venait de subir un échec terrible. Par contre, celle
des Anglais redevint prépondérante à Tananarive et s’y
consolida. Nos rivaux construisirent des temples, des
écoles, une imprimerie et un hôpital, puis obtinrent, le
27 juin i 865, la conclusion d’un traité assurant la protection
du gouvernement malgache à leurs nationaux, à
leurs missionnaires et aux églises protestantes. Par ce
même traité les Hova concédaient l’abolition de l’épreuve
du tanghin et reconnaissaient la liberté religieuse pour les
Européens et pour les indigènes.
Rasoherina mourut, trois ans après, le I er avril 1868;
elle fut remplacée par une de ses parentes, qui devint reine
1. L ’indemnité fut versée le a janvier 1866. — La reine, qui avait conclu
un traité avec l’Angleterre, avait reçu une lettre autographe de l’empereur
Napoléon III. Flattée par ces deux circonstances, elle prenait au sérieux l’importance
du royaume hova. Beaucoup d’Européens subissaient aussi ce mirage I
sous le nom de Ranavalona II et épousa le premier ministre
Rainilaiarivony.
Rainilaiarivony. — Le traité anglo-hova du 27 juin
i 865 et la convention analogue du i4 février 1867, entre
les Hova et les États-Unis, furent les premiers actes
diplomatiques élaborés par Rainilaiarivony, premier ministre,
qui fut l’adversaire le plus habile de la prépondérance
étrangère et surtout française dans son pays, dont
il chercha constamment à sauvegarder l’indépendance.
Ministre ambitieux, d’un esprit large et éclairé relativement
au milieu où il vivait, Rainilaiarivony' abolit la
traite, adoucit l’esclavage, adopta la religion chrétienne,
fonda l’église nationale malgache, déclara l’instruction
obligatoire et travailla pendant trente ans à diriger l’éducation
de ses compatriotes dans la voie du progrès.
Tous les actes de la vie publique du peuple hova de 1864
à i8g5 portent la marque de sa direction intelligente et
de son adresse politique.
Traité du 8 août 1868. — Ce n’est que le 8 août 1868,
c’est-à-dire trois ans après les Anglais, que le représentant
du gouvernement français, M. Garnier, obtint de
Ranavalona II un traité accordant à nos nationaux des
faveurs analogues à celles qui avaient été déjà consenties
à nos rivaux (r). Les principales stipulations de ce traité
faisaient l’objet des articles 3, 4> 7> 10 et 11. (Voir la
note ci-dessous.)
1. Traité de paix et de commerce conclu à Tananarive, le 8 août 1868,
entre la France et Madagascar. (Échange des ratifications à Tananarive te
39 décembre 1868.)
« S. M. l’empereur des Français et S. M. la reine de Madagascar, mutuellement
animés du désir de favoriser le dévelôppement des relations commerciales
entre leurs Étals respectifs, ont résolu de conclure un traité de paix
et de commerce et ont, en conséquence, nommé pour leurs plénipotentiaires :
« S. M. l’empereur des Français, le sieur Benoît Gamier, consul de France,