
l’exercice de tout droit de propriété foncière dans l’île
pour leurs nationaux. Ces nations ne perdaient rien â
cette renonciation, purement platonique pour elles.
La France se trouvait désormais seule à faire entendre
des réclamations sur cette importante question. Elle
n’hésita pas néanmoins à les soutenir vigoureusement.
Campagne de l ’amiral Pierre. — Dès le mois de
mai i 883, l’amiral Pierre reprit possession de la côte
nord-ouest de Madagascar, et s’empara de Majunga. De
son côté, le gouvernement malgache expulsa les Français
qui résidaient dans la capitale. Enfin, le i er juin,
M. Baudais fit remettre au premier ministre l’ultimatum
préparé par M. Declerc, et comportant les conditions
suivantes :
y0 Céder à la France le nord de Madagascar, au delà
du 16e parallèle (c’est-à-dire au nord de la baie de Baly
à l’ouest, et à partir de l’entrée de la baie cFAntongil à
l’est); a° accorder une indemnité d’un million aux Français,
y compris les héritiers Laborde; 3° subordonner sa
politique extérieure au contrôle de la France.
Cet ultimatum ayant été repoussé, la division navale
française bombarda, du io au i 3 juin, Tamatave, Ivon-
drona, Fénérive et Foulpointe ; mais, faute de moyens
suffisants pour constituer un corps expéditionnaire,
l’amiral Pierre, malgré son vif désir d’aboutir à un résultat
décisif, ne put poursuivre plus loin ses avantages.
Notre gouvernement, que les débuts de 1’affair'e du
Tonkin à la suite de la mort du commandant Rivière
commençaient à préoccuper, se voyait obligé de réduire
au strict minimum les mesures à prendre pour sauvegarder
nos droits à Madagascar.
Nos marins continuèrent à occuper Tamatave, malgré
les réclamations des résidents anglais, qui essayèrent de;
tirer parti du décès de leur consul, M. Packenham,
survenu le 22 juin i 883, et de l’arrestation de son secrétaire
indigène, suspect d’intelligence avec les Hova,
pour amener un conflit entre la France et l’Angleterre.
Enfin, l’amiral Pierre ayant dû faire arrêter le missionnaire
anglais Shaw, soupçonné de renseigner les Hova
sur l’état des forces françaises, celui-ci, aussitôt mis en
liberté, se posa en victime et réclama une indemnité de
notre gouvernement. L’appui du Foreign-Office lui valut
une allocation de 25 000 fr. ( I).
L’amiral Pierre, malade et ne pouvant attendre les
renforts qu’on lui annonçait, avait déjà demandé son
rappel en France ; il mourut en y arrivant, le 11 septembre
1883, et fut remplacé à la tête de la division
navale de l’océan Indien par le contre-amiral Galiber.
Mort de Ranavalona I I et avènement de Ranava-
lona III. — Pendant ces événements, Ranavalona II
était aussi décédée et avait été remplacée ( i 3 juillet) par
sa jeune cousine, Ranavalona III. La direction des affaires
publiques des Hova n’avait cependant pas changé de
mains : elle continuait à appartenir à Rainilaiarivony,
premier ministre, qui, veuf de Ranavalona II, allait se
remarier avec la nouvelle reine, et devait conserver le
pouvoir jusqu’à la prise de Tananarive par les Français.
Campagne de l'amiral Galiber (septembre 1883 à
mai 1884). — Le contre-amiral Galiber n’exerça que
pendant quelques mois le commandement de l’expédition
de Madagascar, de la fin de septembre i 883 au
mois de mai 1884. Durant cette période, il s’occupa
d’améliorer les conditions matérielles d’installation des
troupes et de prendre des mesures pour assurer leur
1. Cètte situation n’était pas sans analogie ayec celle qu’avait provoquée
l’affaire du missionnaire anglais Pritchard à Tahiti en i 843 et qui avait laissé
en France des souvenirs assez amers.