
rintsoa à 45 kilomètres environ de Tananarive et y massacraient
trois colons français : MM. Duret de Brie,
Grand et Michaud.
Pendant les mois d’avril et de mai, les attentats et les
troubles continuèrent ; les milices, insuffisamment organisées
et instruites, ne pouvaient suffire à les arrêter;
nos troupes, dont la plus grande partie n’avait pas été
relevée depuis la campagne de guerre, étaient elles-mêmes
impuissantes à suivre partout un ennemi toujours insaisissable,
dont le nombre et l’audace croissaient sans
cesse. Certains villages, terrorisés par les insurgés ou
favorables à leur cause, en arrivaient à les seconder et,
le 3o avril, cinq officiers hova, chargés par l’autorité
française d’arrêter un rebelle à Manjakandriana, furent
brûlés vifs par la population.
Dans le courant de mai, Rainibetsimisaraka mit a prix,
pour i5 ooo f r ., la tête du résident général français.
Le 26 du même mois, une de ses bandes vint attaquer le
village d’Antsirabe, au sud de l’Ankaratra, où se trouvaient
des établissements de la mission norvégienne.
Dans ce village, qui fut entièrement brûlé, l’interprète
français Gerbinis, trois sous-officiers européens et trente
miliciens hova résistèrent pendant trois jours aux attaques
réitérées de plus ,de .mille fahavalos. Ils avaient
épuisé leurs munitions et allaient succomber, lorsqu’ils
furent délivrés par les secours que conduisait le résident
Alby. Le gouverneur du district, Rabanone, qui combattait
avec les Français, avait été tué le second jour du siège
par les rebelles.
Malgré les ordres envoyés le 28 mai par la reine, enjoignant
aux rebelles de déposer les armes, l’insurrection
continua à se répandre pendant le mois suivant (*). Le
1. « La majorité de la population de l’Imerina, laborieuse et pacifique, se
tenait autant que possible à l’écart des rebelles. Malheureusement elle était
à leur merci lorsque leurs Landes, très mobiles, appara ssaient réquisition-
1" juin, les insurgés attaquaient sans succès Soavina ;
le 5, Babay, d’où ils étaient repoussés par le commandant
Gendron ; le 7, quatre Français attachés aux
travaux publics : MM. Rigal, Savouyan, Emery et Colin,
étaient assassinés dans la forêt d’Ankeramadinika près
de la route de l’est ; le 8, le R. P. Berthieu subissait le
même sort à Ambohibemasoandro, près d’Ambohi-
manga; le i 4, à Ankazobe, MM. Garnier, Ducrot, Crave
et Louis étaient massacrés; le 17, les rebelles pillaient
un convoi à Manjakandriana et le 22, ils coupaient en
plusieurs points la ligne télégraphique de Tananarive à
Tamatave. Plus de trois cents villages avaient été brûlés
et, signe particulier, nulle part les édifices religieux
n’avaient été épargnés.
Craintes de la colonie européenne et attitude de
l ’administration. —- Ces actes de brigandage indiquaient
une révolte générale contre les Européens sans distinction
de nationalité et contre les chrétiens; l’insurrection
enserrait Tananarive et sa banlieue à une trentaine de
kilomètres.
Les colons, commençant à prendre peur pour leur
propre sécurité, envoyaient en France des lettres alarmantes
et nombre d’officiers du corps d’occupation, pour
qui cette situation était énervante, écrivaient de leur côté
que la reine et son entourage, ne témoignant pas d’émotions
vives, devaient être d’intelligence avec les rebelles.
nant des secours en hommes et en vivres. Il eût fallu qu’une réserve de petits
postes étendît sa protection sur un grand nombre de villages et les préservât
des incursions des bandes. Le commandant supérieur des troupes, seul maître
de nos forces militaires et seul juge du meilleur moyen de les employer,
croyait imprudent de les fragmenter comme le demandait le pouvoir civil et
se borna à faire circuler de lourdes colonnes devant' lesquelles se dérobait
1 adversaire insaisissable. En dehors de l’itinéraire étroit parcouru par elles,
on ne peut pas dire, que l’insurrection était partout, mais il est vrai que la
sécurité n’était nulle part. » (Note de M. le résident général H. Laroche.)
Voir page ?4a la note 4 (B), de la page i4:.