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Le capitaine Blévec, successeur de Sylvain Roux,
privé de tout moyen d’action et laissé sans secours par
le gouverneur de Bourbon, ne put s’opposer à cet envahissement;
il était exposé à être à son tour chassé de
Sainte-Marie par Radama, lorsque la mort surprit ce
prince à trente-six ans, en 1828 (I).
Ranavalona I re. — Le décès de Radama Ier entraîna
la fin de la prépondérance des agents anglais. Sa veuve
Rabodonandriapoinimerina lui succéda sous le nom de
Ranavalona Ire. Sous ce règne, l’aristocratie andriane,
tenue à l’écart depuis quarante ans et hostile à l’influence
étrangère, reprit le pouvoir. Inspirée par cette aristocratie,
la reine gouverna les Hova avec énergie et ne
recula devant aucune violence pour affermir l’autorité
royale. A l’égard des étrangers, elle déclara n’être pas
bée par les traités passés avec les Anglais et refusa de
recevoir leur représentant Robert Lyall, désigné par le
gouvernement de Londres pour remplacer Hastie, récemment
décédé. Cet agent fut violemment maltraité à Ta-
nanarive et presque tous les missionnaires durent quitter
1 île, ou 1 exercice de la religion chrétienne fut proscrit.
G était une réaction complète, favorable en apparence
aux intérêts français. En réalité, les Hova ne craignant
plus la France, réduite à l’occupation de la petite île de
, IMR,adama’ confonnéinent aux inspirations de Farquhar, s’intitulait « roi
re lifre c ylvain Roux avait ‘««jours refusé de lui reconnaître
c titre et, des le i 5 août i 8a3, Blévec renouvela ces réserves par une protestation
énergique, qui fut à plusieurs reprises confirmée depuis. « Considérant,
écrivait Blevec, que les injustes prétentions du roi Radama ne repoen
dmae I P Ü ‘ f ® prétendu de roi de Madagascar, qui, n’étant fondé ni
en droit m en fait, ne peut etre considéré que comme un véritable abus de
5“ '"® saury ‘ lui-même constituer un droit ; proteste au nom de S. M.
Louis XV III, roi de France et de Navarre, contre'le prétendu titre de roi de
l j me" t pris par le roi des Ho™> contre toutes les consé-
ontre L r CIeS,0U mdlrec‘ es fi«’0« voudrait en faire résulter; proteste, en
les d r n b f S, C°ncessi0ns’ lesq«elles ne sauraient en aucun cas annuler
ï w 1 S ; ¡ 1 . B r u n e i , L ’OE .v r, 1«
LES R IV A L IT É S D’ iNFLUENCES AU X IX e S IÈ CLE 5'5
Sainte-Marie, pensaient n’avoir plus besoin de l’appui des
Anglais et les renvoyaient.
Expédition de i 829. — Le gouvernement de Charles X
crut un instant qu’il serait possible d’entrer en pourparlers
avec le gouvernement hova et de reprendre nos
anciens comptoirs. Il résolut de faire une démonstration
sur les côtes de Madagascar ; une petite escadre fut mobilisée
à cet effet, avec mission de demander raison de
la prise de Fort-Dauphin par les troupes malgaches et
d’empêcher notre expulsion de Sainte-Marie. Avant dë
commencer les hostilités, le capitaine de vaisseau Gour-
beyre, commandant l’expédition, remit au gouverneur
de Tamatave un ultimatum pour Ranavalona tre et alla
reprendre possession de Tintingue, en attendant la réponse.
Il reçut de la souveraine la lettre suivante :
« Je recevrai avec plaisir les ambassadeurs du roi de
France, mais je ne consentirai jamais à ce que vous vous
établissiez sur mon territoire ; si c’est parce que je suis
femme que vous m’avez écrit sur un ton arrogant, et que
vous croyez me faire la loi dans mes États, je vous montrerai
que vous vous êtes trompé. »
En même temps, interdiction était faite à tout Malgache,
sous peine de mort, de rien vendre aux Français.
Le commandant Gourbeyre alla aussitôt s’emparer de
Tamatave le 11 octobre 1829, mais le 17 du même mois
son petit corps expéditionnaire éprouvait un échec près
de Foulpointe.
Après avoir bombardé et pris Pointe-à-Larrée, en face
de Sainte-Marie, Gourbeyre, ne disposant que d’effectifs à
peine suffisants pour assurer la garde des postes conquis,
se retira à Bourbon pour attendre des renforts.
A la fin de novembre, Ranavalona lui envoya deux
ambassadeurs, qui signèrent avec lui des conditions
avantageuses pour la France, mais la reine, ayant appris