
devaient, pour assurer leur existence, cultiver pendant
quelques semaines leurs rizières et en opérer la récolte.
Leur richesse s’évalue parle nombre de têtes de bétail
qu ils possèdent. Chez eux le mariage est un accord mutuel
qui dure autant que la conformité des sentiments entre
homme et femme et rarement au delà. Ils croient vaguement
à l’existence d’un dieu créateur, pratiquent avec un
grand respect le culte des ancêtres, à qui ils font des
sacrifices, la survie des défunts étant généralement admise,
et ont confiance dans les pratiques de sorcellerie.
Les Tsimihety occupent la région montagneuse des
hautes vallées de la Mahavavy, de la Sofia et de la partie
orientale de la province de Vohémar, entre les Antankara
au nord, les Betsimisaraka et les Antsihanaka à l’est et au
sud, les Sakalava à l’ouest. Ils forment un groupement
issu de ces derniers, fortement métissés de Hova, de
Betsimisaraka, de Sihanaka et même de Betsileo émigrés
dans cette région fertile. Ils ne sont pas très nombreux
(35ooo individus). Leur type n’a pas d’originalité propre,
mais leurs traits sont réguliers et leur teint relativement
clair; ces deux particularités rendent les femmes presque
jolies. Elles sont, de plus, assez fidèles, bien que l’union
libre soit l’unique forme de mariage et la polygamie fréquente.
Les Tsimihety sont de taille moyenne, vigoureux,
et sobres, mais paresseux et sales, de caractère doux
quoique énergiques. Ils habitent généralement la forêt,
élèvent des volailles et des boeufs et cultivent un peu de*
riz et de manioc.
Les Antsihanaka, au nombre de 4o ooo environ, sont
cantonnés au nord et à l’ouest du lac Aloatra. Ils ont pour
voisins au nord les Tsimihety, à l’est et à l’ouest les
Betsimisaraka et les Sakalava, enfin, au sud, les Beza-
nozano et les Hova. Ces derniers, profitant des rivalités
constantes entre les chefs de leurs villages, soumirent
les habitants du pays Sihanaka.
Les Antsihanaka sont timides, paresseux, malpropres
et menteurs, mais possèdent quelques facultés d assimilation
qui permettent de tirer parti de leurs services. Ils
sont de préférence agriculteurs, éleveurs ou pêcheurs et
savent tisser des nattes et des étoffes ouvragées. Le sol
relativement fertile de leur pays leur fournit, sans qu ils
aient de peine, les céréales et tubercules nécessaires à
leur existence.
Les Antankara, à peu près 3o ooo, occupent le nord de
Madagascar, depuis le cap d’Ambre jusqu’à la hauteur
du 15e parallèle environ. Éleveurs, ils vivent principalement
de l’exploitation de leurs troupeaux, dont les produits
s’exportent par Vohémar. Les tribus les moins au
nord sont métissées de Betsimisaraka et de Sakala\ a ,
dans le nord-ouest, elles sont aussi apparentées avec les
Comoriens et les Arabes. Chez eux, la fortune individuelle
est déjà constituée, par suite des nombreuses ventes de
boeufs qu’ils réalisent.
Les Betsimisaraka avoisinent la côte et la ceinture forestière
de l’est depuis la baie d’Antongil jusqu’au Saka-
leona ; ils paraissent être établis dans ces régions depuis
fort longtemps et sont divisés en nombreuses tribus qui,
après avoir résisté aux Hova, ont fini par subir leur domination.
Leur origine n’est pas connue, mais ils présentent
des ressemblances avec les Polynésiens. D’un naturel
docile, dôux et craintif, ils sont naïfs, crédules, indolents
et d’une paresse presque invincible; très sédentaires,
ils pratiquent la pèche et la culture du riz dans la
mesure strictement nécessaire pour assurer leur existence.
A l’égard des étrangers, ils sont très accueillants et poussent
très loin les devoirs de l’hospitalité. Leurs moeurs
ont toujours été signalées comme très relâchées. L’autorité
française s’est efforcée de secouer leur torpeur et semble y
parvenir quelque peu ; malheureusement l’alcoolisme
menace de faire chez eux des ravages considérables et,