
mentèrent les difficultés de l’expédition. La gelée de la
Seine et de la Saône, en février i 8g5, ne permit pas de
faire descendre en temps voulu à Marseille les canonnières
et chalands construits à Saint-Denis et à Châlons
pour Madagascar, dont les dimensions ne permettaient
pas le transport par voies ferrées ; d’autre part, on ne
trouva pas en France assez de bâtiments capables de
loger un matériel aussi encombrant et on dut avoir
recours à des bâtiments anglais, le Brinckbarn, le River-
dale et le Collingham. De plus, l’aménagement de ce
matériel n’ayant pas été ordonné-à bord avec prévoyance
et méthode, le déchargement devint très lent et difficile*
Enfin, un accident arriva- dans le détroit de Messine au
Brinckburn, qui portait une grande partie des engins
de débarquement et de transport fluvial. L’arrêt que dut
subir, à Malte, ce steamer pour se faire réparer causa
aussi un retard de plusieurs semaines, qui fut des plus
préjudiciables. La plus grande partie du matériel qui,
d’après les prévisions, aurait dû être en service le 10 mai,
ne put l’être en réalité qu’à la fin de juin.
Nos malheureux soldats, arrivés à Majunga, durent,
par suite de ces lenteurs, séjourner dans les marais de
l’embouchure de la Betsiboka, traverser des rivières avec
de l’eau jusqu’au cou, construire des ponts et dés routes,
porter des fardeaux et subir des fatigues de toutes sortes,
qui mirent gravement en péril la santé de tout le corps
expéditionnaire. La mortalité fut telle qu’après la campagne
une société : « L’oeuvre des tombes du Roïna »,
à été fondée à Madagascar pour l’entretien des cime-
tièrès où reposent les corps de sept mille_de nos compatriotes
(*) !
Opérations du corps expéditionnaire. — Ces empêchements
n’arrêtèrent pas nos troupes dans l’exécution
j . Voir la note i de la page 107.
du programme qui leur avait été tracé et qui se déroula
de la façon suivante (*) :
Le général Duchesne, débarqué le 6 mai à Majunga,
résolut aussitôt de faire sortir ses soldats de l’estuaire de
la Betsiboka; le 17 mai, il prit Androtra, le 22, Ambato;
le 6 juin, il passa la Betsiboka; le 9 juin, les forces françaises
s’emparaient de Maevatanana, après deux heures
de combat, et entraient à Suberbieville. Le 29, les Hova
tentaient avec trois colonnes un retour offensif à Tsara-
soatra, à 15 kilomètres de Suberbieville ; ils étaient mis
en déroute le lendemain au mont Beritsokâ', premier
contrefort du massif central, et rejetés vers la plaine
d’Andriba.
Le mois de juillet fut consacré à organiser à Suberbieville
des dépôts de ravitaillement et à reposer le
corps expéditionnaire, qui avait fait par ses propres
moyens i 85 kilomètres de routes et comptait trois mille
malades (2).
Le général Duchesne se remit en mouvement le 31 juillet
et le 22 août se trouva à Andriba, que les Hova avaient
abandonné pendant la nuit précédente. Il était à une
altitude de 670 mètres, près du mont Iandrarezina(i 200
1. Le rapport du général Duchesne divise les opérations de la manière
suivante :
i° Opérations maritimes (occupation des points-de la côte) : n décembre
i 8g4- i er mars i 8g5 ;
a® Opérations de l ’avant-garde,' avant l’arrivée du corps expéditionnaire :
Ier mars-17 mai 1895 ; , b > . .
3° Opérations du corps expéditionnaire jusqu’à l’ouverture du pont de la
Betsiboka * 17 mai-14 juillet i 8g5 ;
4° Opérations du corps expéditionnaire jusqu’au départ de la colonne légère :
i 4 juillet-i4 septembre i 8g5 ;
5° Marche et opérations de la colonne légère : 14 septembre-3o septembre
i8g5 ;
6° Occupation de Tananarive et répression des mouvements insurrectionnels
: I er octobre 1896-18 janvier 1896.
a. Lorsque le pont de la Betsiboka fut terminé, le 14 juillet, au prix des
plus grands efforts, la i 3e compagnie du génie ne comptait plus que
4o hommes de troupe valides sur un effectif initial de 195 hommes (Rapport
du général DuGhesne).