
qu’il entendait exercer le protectorat à Madagascar d’une
façon plus étroite que ne le déclarait le traité du i er octobre.
M. Berthelot, qui avait succédé au ministère des, affaires
étrangères à M. Hanotaux, lisait, à ce sujet, le 27 novembre
i 8g5 à la Chambre des députés, la déclaration
suivante :
Messieurs, l’expédition de Madagascar est glorieusement achevée;
la rébellion des Hova contre le protectorat de la France a été vaincue;
la guerre qu’ils avaient suscitée s’est terminée par la prise de leur
capitale et la soumission de la reine Ranavalona.
Grâce à l’héroïsme de nos soldats, à leur discipline, à leur endurance
; grâce à la vigilance et à l’ énergie de nos officiers, à l’inébranlable
fermeté du commandant en chef, notre armée a surmonté
les difficultés exceptionnelles opposées par le sol et par le climat.
L’île de Madagascar est aujourd’hui une possession française.
L’expédition a amené des sacrifices douloureux, supérieurs â
toutes prévisions et qui nous ont donné le droit d’exiger des compensations
étendues et des garanties définitives.
Le gouvernement doit faire connaître aux Chambres et au pays
les décisions que cette situation a paru lui rendre nécessaires.
- Il ne peut en résulter aucune difficulté extérieure ; nous n’avons
pas besoin de déclarer que nous respecterons les engagements que
nous avons contractés vis-â-vis de certaines puissances étrangères :
la France a toujours été fidèle à sa parole. Quant aux obligations
que les Hova eux-mêmes ont pu contracter au dehors, sans avoir
à les garantir pour notre propre compte, nous saurons observer,
avec une entière loyauté, les règles que le droit international détermine,
au cas où la souveraineté d’un territoire est, par le fait des
armes, remise en de nouvelles mains. Soiis cette double réserve,
nous sommes résolus à exercer, notamment au point de vue économique,
tous les droits qui résultent pour nous de l’occujpation définitive
de Madagascar.
En ce qui touche l’ organisation du gouvernement intérieur de
l’île, nous estimons que, sous notre autorité, elle doit être maintenue
aussi complètement que la sécurité de nos intérêts le permettra.
Aucune atteinte ne doit être portée aux dignités et honneurs
de la reine, ni aux liens qui lui rattachent les populations qui lui
sont soumises. Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire ou désirable
de substituer une administration française à l’administration
indigène : nous introduirons d’ailleurs dans celte dernière les améliorations
indispensables pour faire pénétrer dans l’île les bienfaits
de la civilisation.
Le jour même de la prise de Tananarive, la soumission des Hova
à notre autorité a été constatée par un traité et par une convention
additionnelle, auxquels la reine Ranavalo a donné pour sa part la
ratification.
Nous n’avons pas l’intention de répudier ces conventions; toutefois,
avant de soumettre un texte définitif à la ratification des Chambres
et du président de la République, le gouvernement à pensé
que les principes que nous venons d’exposer, principes implicitement
contenus dans certaines clauses des conventions du i er octobre,
pourraient être formulés'd’une façdn plus nette ; il a estimé
qu’il était nécessaire d’apporter à ces textes certaines modifications,
destinées à éviter toute méprise sur leur signification véritable et à
prévenir toute possibilité de nouveaux conflits.
Nous avons décidé de prendre les mesures nécessaires pour qu’un
instrument définitif, conforme aux déclarations précédentes, soit
prochainement soumis à la ratification des Chambres.
Rattachement du protectorat au ministère des
colonies. Nomination de M. LarocheiÿÊ- A la suite de
cette déclaration, fut préparé un nouvel acte diplomatique,
qui devait être substitué au traité du Ier octobre
pour resserrer les liens de subordination du gouvernement
malgache à la France, et diverses mesures furent
adoptées pour indiquer nettement cette subordination.
La première et la plus importante dans ses conséquences
fut le rattachement au ministère des colonies
(décret du i i décembre 1895) du protectorat de Madagascar
qui, jusqu’alors, avait relevé du ministère des
affaires étrangères.
Le lendemain, M. Hippolyte Laroche, ancien officier
de marine, préfet de la Haute-Garonne, nommé résident
général, partait pour Tananarive, où il arrivait le 16 janvier
1896. Présenté à la reine par le général Duchesne,
il obtenait deux jours après, sans aucune résistance de
Ranavalona III, la déclaration unilatérale constatant la
prise de possession de Madagascar par la France (D.
1. Dans une visite postérieure, M. Laroche remettait à la reine un collier,
que lui offrait le gouvernement français pour la rassurer sur ses intentions
bienveillantes.