
.pays et la barbarie de certaines peuplades nous obligèrent
à rendre ce contrôle très, étroit, en donnant à nos
agents des attributions nettement administratives.
Le système employé aujourd’hui à Madagascar tient
donc des deux conceptions que l’on avait opposées l’une
à l’autre au lendemain de la conquête et qu’on a dû fondre
au mieux des intérêts en cause. Il est certainement perfectible,
mais de profonds amendements ne peuvent y
être apportés qu’au fur et à mesure du progrès des populations
dans la voie de la civilisation et dans leur 'attachement
à la métropole.
Cette observation concerne seulement l’administration
intérieure de la grande île.
En ce qui touche les rapports avec les pays voisins, il
y a lieu de se demander si le gouvernement général de
Madagascar possède toute l’ampleur et toute la force
qu’il doit avoir pour la représentation et la défense des
intérêts français dans l’océan Indien. On en peut douter.
Son action ne s’étend, en effet, que sur la grande île
elle-même et sur ses dépendances immédiates, comme
Sainte-Marie et les îles de la côte nord-ouest, sans parler
d’Europa, de Juan-de-Nôva et de l’archipel de Bassas-da-
India, qui ne sont que des terres désertes, à peu près
stériles. Or, nous avons dans ces régions d’autres établissements,
constitués en gouvernements coloniaux, qui
forment avec Madagascar un seul groupement militaire
depuis le décret du 26 mai rgo3; N’y aurait-il pas avantage
à concentrer également et pour des raisons analogues
entre les mains du gouverneur général toute notre
action politique dans ces possessions voisines ?
L’archipel des Comores, relevant du gouverneur de
Mayotte, possède aujourd’hui une administration d?une
complexité vraiment excessive, eu égard à l’importance
du.petit groupement formé par les protectorats d’Anjouan,
de Mohéli, de la Grande-Comore et la colonie de
Mayotte. Le gouverneur, dont les pouvoirs sont limités,
est souvent sollicité ou attaqué* avec passion pour des
intérêts minimes, exagérés comme à plaisir, dont les
représentants privés croient devoir eux-mêmes saisir le
département. Désireux de se couvrir par des instructions
ministérielles, dès que surgit une difficulté de ce genre,
il en réfère à Paris et ne tarde pas à perdre son initiative.
D’autre part, le ministre se trouve harcelé de
questions qui auraient dû être solutionnées sur place.
Il en est de même pour nombre d’affaires touchant à
la prospérité économique de pays aussi rapprochés de
Madagascar, qui gagneraient à être tranchées par unie
autorité, seule responsable de l’extension de nos établissements
agricoles ou industriels dans l’ensemble de nos
possessions.
> Enfin, une autre considération est à invoquer : la fusion
des protectorats avec la colonie de Madagascar ferait
disparaître des Comores les derniers vestiges de l’esclavage;
L’abolition opérée sur la grande terre profiterait à
ces pays, dont l’indépendance relative n’est plus que
nominale et dont l’annexion est en fait réalisée, depuis
que nous y entretenons des administrateurs.
Une objection, à la vérité des plus sérieus'es, est élevée
contré la Suppression du gouvernement de Mayotte. Les
adversaires de cette réforme Craignent de voir absorber
les ressources de l’archipel par le budget de la grande
île, sans que les Comoriens aient la contre-partie des
avantages financiers résultant de cette fusion. Il serait
aisé de leur donner satisfaction en ne versant pas les
recettes dés Comores au budget de Madagascar et en
conservant à toutes les îles l’autonomie financière dont
elles jouissent aujourd’hui.
Pour conclure, le rattachement de l’archipel au gouvernement
général serait plus économique que l’adminis