
difficiles, et l’augmentation du nombre des postes et des
escortes.
Mesures d’ordre politique et économique. — A l’égard
des populations, le général Gallieni s’appliqua à détruire
1 hégémonie hova : en dehors de l’Imerina, il procéda
au rappel et au remplacement des goùvérneurs de cette
origine par des chefs recrutés, autant que possible par
élection, dans la population indigène de chaque région
et dirigés eux-mêmes par les représentants de l’autorité
française. C est ce qu on a appelé la politique des races;
elle avait pour but d’accorder aux groupements de populations
indigènes le bénéfice d’une participation plus
effective à la gestion des intérêts de leur réqion, de faire
naître chez elles la notion d’une liberté plus grande sous
une tutelle plus protectrice et plus équitable.
Pour faciliter 1 application de cette politique, et réserver
la plus grande part de son activité à la répression
des troubles de la région centrale, le général Gallieni
appliqua à la colonie deux régimes administratifs distincts.
Les parties tranquilles, comprenant surtout les
régions côtières, restèrent constituées en. provinces civiles
qu administrèrent les résidents, tandis que le plateau
central où sévissait l’insurrection fut organisé en territoires
militaires dans les conditions indiquées plus haut.
Comme conséquence de cette division, le résident gé-
néral par intérim, tout en conservant la haute direction
administrative de l’île, dédoubla le secrétariat général,
de façon à concentrer en Imerina et dans les régions
soulevées toute l’autorité entre les mains des officiers du
corps d occupation. Il nomma, à Tananarive, son chef
d état-major secrétaire général, ordonnateur des dépenses
en territoires militaires, et chargea le secrétaire général
civil de l’administration des régions côtières non
soumises à 1 état de siège. Il lui assigna comme résidence
Tamatave, afin qu’il puisse correspondre aisément avec
tous les résidents du littoral. Le fonctionnement normal
du télégraphe entre Tamatave et Tananarive et la sécurité
promptement rétablie sur la ligne d’étapes permirent
au général Gallieni d’être tenu au courant, régulièrement
et avec rapidité, de tous les événements importants qui
survenaient dans l’île entière.
Pour parer aux difficultés de communications et à
l’éloignement des différents chefs-lieux de résidences, le
général Gallieni décentralisa autant que possible l’autorité
du chef de la colonie par une délégation très large
de ses pouvoirs à ses subordonnés, 11 leur donna une
orientation générale vers le but poursuivi, leur indiquant
les ressources budgétaires dont ils pouvaient disposer, et
les rendit responsables des résultats qu’ils obtenaient;
Vis-à-vis de la cour d’Imerina, le général Gallieni prit
dès le début une attitude très nette et très ferme. A son
arrivée, au lieu de faire à Ranavalona la visite qu’elle semblait
attendre, il lui fit savoir, afin de bien marquer sa
qualité.de sujette de la France, que c’était à elle devenir
la première à la résidence générale. Cette visite eut lieu
le 28 septembre. Le général la rendit le lendemain, mais
avant de pénétrer dans le palais royal, il exigea que le
pavillon hova fût amené et remplacé à demeure par notre
drapeau national.
Il crut nécessaire de maintenir provisoirement la
royauté en Imerina, en raison du prestige que la souveraine
possédait encore sur les populations, mais il la dépouilla
des prérogatives qui lui permettaient d’exercer
une action sur la marche des affaires. Pour la soustraire
aux conseils et aux entreprises de son entourage, il éloigna
d’elle les personnages de sa famille soupçonnés d’hostilité
envers les Français et ordonna, contre ceux dont
les relations avec les rebelles purent être surprises, les
mesures de rigueur que commandait la situation difficile
où se trouvaient nos nationaux.