
Cultures tropicales riches. — Outre les plantes d’alimentation
ordinaire dont il vient d’être parlé, le sol de
Madagascar est susceptible de se prêter à des cultures
riches, dont les produits sont assez rémunérateurs pour
inciter les Européens à en hâter le plus possible le développement
et qui doivent être particulièrement encouragées
par l’administration. En premier lieu, il faut citer la
canne à sucre, le café, le cacao et la vanille.
La canne à sucre peut se cultiver avec succès dans les
deux premières zones et dans les îles voisines de Madagascar
; ses principaux centres d’exploitation sont les
régions de Nosy-Be, Tamatave èt Vatomandry; elle ne
réussit pas dans la zone centrale, même au prix de soins
assidus.
Cette culture; moins difficile que celle des autres
plantes tropicales, a le grand avantage d’être d’un rapport
beaucoup plus rapide. Elle produit au bout d’un an
et demi et permet des coupes annuelles. La plantation
Se fait d’octobre à janvier, pendant la saison des pluies ;
la récolte commence en juin ou juillet et la manipulation
dure jusqu’en décembre ou janvier, suivant l’importance
de la récolte. Les mois les plus favorables à cette opération
sont ceux de septembre, octobre et novembre, pendant
lesquels la canne est en pleine maturité.
C’est en 1842 qu’ont eu lieü, à Mananjary, les premiers
essais de la culture de la canne et la fondation de
deux sucreries ; depuis, le nombre des plantations s’est
accru sur différents points ; elles sont exploitées principalement
par des Européens ou assimilés. Sur certains
points, les indigènes tirent de la canne un sucre de qualité
médiocre et une boisson fermentée, le betsabetsa,
dont l’administration cherche à réduire la production et
la consommation, pour arrêter les progrès de l’alcoolisme.
Le café. — On cultive à Madagascar deux variétés de
cafés : Y arabica et le libéria.
Le café Arabica (à petites feuilles), dont on a fait plusieurs
plantations à Nosy-Be et à la côte est (Fénérive,
Tamatave, Vatomandry), est sujet à une maladie, Yhemi-
leia vastatrix, à laquelle il ne résiste que fort difficilement,
au-dessous d’une altitude moyenne de 4oo mètres.
Le café) Libéria (à grandes feuilles) est plus vigoureux
et bien plus résistant à la maladie ; dans certaines régions
même, il n’en est pas atteint. Il a de plus sur l’arabica
l’avantage de posséder un feuillage bien plus épais, qui
abrite beaucoup mieux la fleur èt le fruit contre les intempéries
et les ardeurs du soleil; de plus, il peut -produire
à toute époque de l’année, ce qui permet d’organiser
les plantations de façon à avoir une récolte continue.
Enfin, soii rendement est notablement supérieur. Malheureusement,
il est moins estimé et ne se vend pas avec
facilité en France.
Contrairement à l’autre variété, le libéria se cultive
avec succès dans la zone côtière et dans la zone
moyenne. Il donne des fruits en suffisante quantité au
bout de trois à quatre ans et est en pleine production
vers huit ans ; il peut fournir alors de 600 à yookilogr. de
grains à l’hectare.
Dans la zone centrale, particulièrèment en Imerina, la
culture en grand du café n’a pas de chances de réussite.
On rencontre quelquefois, autour des maisons et des
villages/de petits groupes de caféiers Arabica d’assez
belle apparence et produisant une certaine quantité de
fruits; leur prospérité provient de ce que les terrains où
ils sont plantés sont particulièrement choisis et presque
constamment fumés ou fertilisés par les détritus de
toute sorte qu’ils reçoivent.
Le cacaoyer. — Avant notre établissement définitif à
Madagascar, la culture du cacaoyer n’y a jamais été pratiquée
d’une façon suivie et les petites plantations
actuellement existantes sont peu anciennes. La raison en