
Période de la Révolution et de l ’Empire. — Pendant
la Révolution et le premier Empire, les préoccupations de
la métropole, en Europe, furent trop considérables pour
qu’elle pût suivre et reprendre de nouvelles entreprises
coloniales. Néanmoins, elle ne se désintéressa pas complètement
de ses droits et intérêts à Madagascar. En août
1792, Daniel Lescallier était envoyé comme explorateur et
commissaire civil dans la grande île. Ses constatations et
ses études lui firent adresser à la Convention nationale
une notice très favorable à la reprise de la colonisation
française. En 1802, M. Bory de Saint-Vincent, rapporteur
d’une nouvelle mission à Madagascar, confirme cette
opinion et déclare que l’île est destinée à devenir une
des plus importantes colonies du monde, qui donnera
à la France une situation des plus fortes dans l’océan
Indien.
A la suite de ces constatations, le général Decaen,
capitaine général des possessions françaises à l’est du
cap de Bonne-Espérance, était invité par Napoléon à établir
solidement la puissance française à Madagascar, et
Sylvain Roux, nommé agent général de l’Empire, était
installé en i 8o4 à Tamatave, devenu chef-lieu de nos
possessions dans l’île. Des agences commerciales étaient
créées, peu après, sous l’autorité de Sylvain Roux, dans
les principaux centres de la côte, pour veiller aux intérêts
réciproques des Français et des indigènes.
La reprise de notre influence devait être cette fois encore
de courte durée. L’Angleterre, maîtresse de la mer
depuis la destruction de la flotte française à Trafalgar,
envoie, en 1810, une puissante escadre s’emparer de nos
possessions de l’île de France et de Bourbon. Le gouverneur
anglais, sir Robert Farquhar, constatant dans les
archives locales que Madagascar est considérée par les
Français comme une dépendance de ces colonies, n’hésite
pas à la déclarer possession britannique par voie de
conquête et décide d’y détruire tous les établissements
français ; l’année suivante, Sylvain Roux est contraint de
livrer Tamatave au commandant de la corvette anglaise
Eclipse.
L’accès de l’île, fermé à la France par la conquête étrangère,
ne devait lui être ouvert à nouveau que parle traité
de paix du 3o mai 1814.
II
Rivalités d’influences à Madagascar
au XIXe siècle.
Les Anglais.— Robert Farquhar et Sylvain Roux.
— Les Anglais n’avaient pas, avant le xixe siècle, porté
leurs visées d’expansion coloniale sur Madagascar. Ce
n’est que six ans après la bataille de Trafalgar et la destruction
de notre flotte qu’ils songèrent à nous chasser
de la grande île de l’océan Indien et, bien que s’étant emparés
de Tamatave en 1811, ils n’avaient pas l’intention de
s’y établir définitivement, lorsque furent conclus les
traités qui consacrèrent la déchéance de l’empire de
Napoléon Ier.
Toutefois, après les traités de 1814 et de i 8 i 5, s’ouvre
à Madagascar la période des rivalités d’influences, qui
ont obligé la France à tenter une action décisive pour y
affirmer sa prépondérance.
Notre pays, contraint, par le traité de Paris du 3o mai
i 8i 4, d’abandonner Maurice aux Anglais, ne possédait
plus dans l’océan Indien que l’île de la Réunion, où aucun
port de refuge ne pouvait abriter nos bâtiments de guerre
et de commerce. Le gouvernement de la Restauration
chercha à compenser la perte de l’île de France en faisant
valoir nos droits sur Madagascar.