
M ADAGASCAR
accordaient même valeur au texte malgache et au texte
français (*), qui devaient être approuvés dans un délai
maximum de trois mois.
Ratification du traité. — Malgré les critiques, justifiées
pour la plupart, dont il fut l’objet, le traité fut
néanmoins ratifié par le parlement français le 27 février
et publié au Journal officiel du 7 mars 1886.
Le discrédit qui frappait alors les expéditions coloniales
fit préférer une solution provisoire des anciennes
difficultés à un règlement définitif, qui eût coûté de nouveaux
sacrifices militaires et financiers. La conquête
de Madagascar, envisagée en i 883, fut ajournée'jusqu’à
ce qu il lût bien établi que le gouvernement malgache
ne gardait pas loyalement envers nous une attitude conforme
aux vues civilisatrices exprimées dans le traité, et
que 1 opinion publique fût par suite plus favorable à une
nouvelle expédition. Le traité fut notifié aux puissances
avec la déclaration qu’il ne changerait rien aux conventions
conclues entre elles et le gouvernement malgache.
Lettre d’interprétation de MM. MiotetPatrimonio.
— Le devoir de nos représentants à Tananarive allait
être de tirer le meilleur parti possible des dispositions
du traité et de faire comprendre au premier ministre
1 intérêt réel qu’il avait à ne pas éluder les charges très
légères qu’il lui imposait.
Malheureusement la juste interprétation de ses clauses
fut compromise par ses auteurs mêmes. Désireux d’en
obtenir une prompte ratification par la reine et répondant
à des demandes d’explications de Rainilaiarivony, ils
écrivirent, le 6 janvier 1886, au représentant de celui-ci,
^ er9f . f 68 d’interPrétation des deu* textes furent ,dans la suite
1 objet de difficultés qui contribuèrent pour beaucoup à aigrir les relations
du résident général français et du premier ministre hova.
L A GUERRE DE I 883-1885 8 7
Digby Willoughby, une lettre commentant divers articles
dans un sens parfois restrictif. C’est ainsi qu’ils déclarèrent
que l’article 2 signifiait que « le résident aura
le droit de s’ingérer dans les affaires ayant un caractère
de politique extérieure »; que l’article 3, portant que le
résident général résiderait à Tananarive avec une escorte
militaire, ils prenaient l’engagement que «cette escorte
ne dépasserait pas 5o cavaliers ou fantassins et n’entrerait
pas dans l’intérieur du palais royal ». Ils ajoutaient que
le gouvernement de la République « 11e prêterait évidemment
son assistance à la reine de Madagascar pour la
défense de ses États que si cette assistance était sollicitée
par S. M. la reine ». Ils assuraient en outre, en ce qui concerne
nos établissements dans la baie de Diégo-Suarez,
que le territoire que nous prendrions 11e dépasserait pas
un mille et demi dans tout le sud de la baie, ainsi que
d .as le contour de l’est à l’ouest, et quatre milles au
nord.
Enfin, dans un post-scriptum, ils estimaient que le
gouvernement malgache pourrait continuer à négocier
les traifés de commerce avec les puissances étrangères}
en tant que ces traités de commerce ne seraient pas
contraires aux nouvelles stipulations (f).
La lettre du 9 janvier 1886 décida Rainilaiarivony à
approuver le traité, mais elle fut un obstacle à son application
nette et loÿàlë". Le gouvernement français considéra,
en effet, les explications fournies par MM. Patri-
monio et Miot seulement comme l’expression de leur
propre pensée, et refusa d’en tenir compte,. Le premier
ministre malgache protesta que, sans ces déclarations, il
n’aurait pas accepté le traité. La lettre en question devint
une source de malentendus.
1. Ce post-scriptum précisait encore les restrictions du rôle du résident
général en matière de politique extérieure, indiquées au début de la lettre.