
rôle (*). Des fortifications ont été édifiées sur les hauteurs
qui dominent la rade, tandis que de grands établissements
(magasins, casernes, etc.) étaient élevés sur
le littoral. La plupart de ces travaux, exécutés par les
troupes du génie, ont été activement poussés sous l’énergique
et habile direction du général Joffre.
La garnison de Diégo-Suarez fut définitivement constituée
pendant l’année 1900.
Le point d’appui comprend tout le territoire avoisinant
la rade et une région dans l’intérieur, déterminée par
un arrêté du gouverneur général. Les défenses comportent
un front de mer et un front de terre, ainsi que l’établissement
d’un camp retranché. La place est pourvue
de toutes les ressources qui sont indispensables aux
troupes. Une chefferie du génie entretient les fortifications,
une direction d’artillerié exécute les travaux hydrauliques
propres aux établissements de la marine, et
une compagnie d’ouvriers d’artillerie est chargée des
constructions et des réparations à effectuer aux bâtiments
militaires, ainsi que des confections d’artifices.
Un service de commissariat et un service de santé, spé1.
« On désigne sous le nom de points d'appui de la flotte des places
fortes maritimes, dont le rôle, en temps de guerre, serait, suit d’offrir à
nos forces navales un refuge momentané, soit — et surtout — de leur
permettre de se ravitailler, de réparer leurs avaries et de se remettre en
état de tenir la m e r ............................ .. . . . . . . . . . . . . . . . .
« Un point d’appui de la flotte est avant tout un grand arsenal maritime.
On y réunit, dès le temps de paix, des approvisionnements suffisants afin
de pourvoir, pendant tonte la durée de la guerre, aux besoins des divisions
navales, qui y auront leur point d’attache ; il doit posséder, en outre, des
ateliers très importants et très bien Outillés, un grand bassin de radoub.
« Il est indispensable que ces établissements soient mis à l’abri d’une
attaque de l’ennemi, du côté de la terre comme du côté de la mer. . . . .
« La rade de Diégo-Suarez est une des plus belles et des plus vastes du
globe. Elle est reliée à la haute mer par une passe de 700 mètres de largeur,
assez profonde pour qu’aucun embouteillage ne soit à craindre. Cette
passe aboutit au carrefour de plusieurs baies; qui s’enfoncent profondément
dans les terres. L’une de ces baies constitue le port de la Nièvre, dont
l’en'.rée est à g kilomètres de la passe. Ce port, très sur, très bien abrité,
offre aux grands navires une surface utilisable de 7 à 8 kilomètres carrés
ciaux au point d’appui, fonctionnent à Diégo, qui possède
en outre un hôpital et un embryon d’arsenal maritime,
doté récemment d’un dock flottant et complété d’un parc
à charbon. Enfin, la défense mobile se compose d’un
ponton-atelier et de six torpilleurs (*). Il reste cependant
encore beaucoup à faire pour créer sur ce point du littoral
de Madagascar un centre de résistance maritime
efficace et il faut souhaiter que Diégo-Suarez, dont la
rade forme un abri très sûr, soit pourvu à bref délai de
tout l’outillage propre à un établissement maritime susceptible
de servir de point de refuge et de ravitaillement
à nos unités navales.
Les forces, stationnées à Diégo, comprennent :
i° 1 état-major de place ;
2° 1 régiment d’artillerie (le 7e) comprenant 4 batteries à pied,
1 batterie montée et 1 batterie de montagne;;
3° 1 compagnie d’ouvriers d’artillerie ;
4° 1 section de discipline ;
' 5° i bataillon d’infanterie coloniale (détaché du i 3« régiment);
6° 1 — de tirailleurs sénégalais (détaché du 3e régiment);
70 3 ba ta illon s de tirailleu rs m a lg a ch e s ( co n s titu an t le 3e rég im en t).
au minimum, avec des fonds de 10 à i5 mètres. Cette disposition des lieux
offre de très grands avantages pour la défense.
« Du côté de la mer, il suffit, pour mettre le port et les établissements
maritimes à l’abri de tout projectile de l’adversaire, d’interdire à celui-ci
l’entrée de la baie . . . .......................... .....................................................
« Pas plus aux colonies qu’en Europe, les troupes de la défense mobile, si
actives qu’elUs soient, ne réussiront bien longtemps à tenir à distance de
la place un assaillant supérieur en nombre. Il est indispensable que celui-
ci se heurte à une barrière fortifiée sérieuse et j ’ajoute que les ouvrages
de fortification à construire devraient présenter la même résistance que les
ouvrages similaires des places d’Europe ; car l’ennemi aura peut-être moins
de peine à amener du canon de siège devant Diégo que devant telle ou telle
place de notre frontière continentale.
« La ville, le port et les batteries de côte ont donc été couverts, du côté de la
terre, par une ceinture de forts et de batteries armées de pièces du calibre de
siège ; la place a été approvisionnée en vue de pouvoir soutenir un siège
de six mois. Toutes les batteries des fronts de mer, tous les oùvrages et
batteries des fronts de terre sont aujourd’hui terminés^ munis de leurs magasins,
approvisionnés en matériel d’artillerie et en munitions. # (Extrait d’un
article du commandant Pellé, Revue dé Madagascar, du 10 juillet igo4.)
1. Il est question de diriger des sous-marins sur Diégo et d’y créer un
bassin de radoub.