
Certes, ce sera pour ces derniers un précieux sujet
d’étude que celui que leur jeune maître met ainsi
entre leurs mains, et je pense qu’ils seront unanimes
à sentir le prix du service qui leur est rendu. Mais
il y a dans le livre de M. You autre chose que la
série des arrêtés et des décrets de l’administration,
autre chose que le recueil des actes accomplis par
nos troupes, que le résumé des phases par lesquelles
a passé la colonie, avant d’arriver à son état actuel.
Sans se départir de la réserve à laquelle ses fonctions
l’obligeaient et où l’inclinaient, d’ailleurs, les
tendances de son esprit, M. You a fait oeuvre non
seulement de professeur, mais d’historien. Rencontrant
à chaque instant sous sa plume, soit qu’elle
retraçât les épisodes du passé, soit qu’elle décrivît
la situation présente, des points sur lesquels les
meilleurs esprits ne sont pas d’accord, il n’a point
hésité à formuler son jugement et ses vues. Il l’a fait
toujours avec mesure et, toujours aussi, avec indépendance
et sincérité. Et ce jugement et ces vues
sont, à mes yeu x du moins, conformes aux données
de l’expérience et d’une bonne administration.
C ’est le mérite de ces ouvrages aux bases sûres et
solides de dégager tout naturellement les conclusions
qu’ils inspirent.
Il était impossible d’écrire une histoire coloniale,
militaire et politique de Madagascar sans, y
faire une large part à l’administration du général
Gallieni. Le nom du général Gallieni restera associé
aux destinées de Madagascar, comme celui du
maréchal Bugeaud à celles de l ’Algérie. Sans se
lasser, avec une vigilance sans cesse éveillée, il
poursuit l’accomplissement de la tâche que la Répu-
bliquedui a confiée et du programme qu’il s’est lui-
même tracé. Il a, sur le régime qu’il convient
d’appliquer à la Grande Ile, pour en assurer le développement
continu, des vues qu’il a fait connaître
dans de remarquables rapports et qu’il s’attache à
mettre en pratique sans bruit, sans vaines réclames,
mais avec suite, patience et fermeté. Notre grande
colonie gardera longtemps l’empreinte laissée sur
elle par cet esprit si sage et si éclairé. Aussi les
chapitres consacrés par M. You à l’administration
du général présentent-ils un intérêt particulier. Il
l’étudie sous tous les aspects, il en définit le caractère
et la portée, ainsi que la haute et noble pensée
qui l’inspire. Il rend à l’ensemble de cette belle oeuvre
toute la justice qu’elle mérite. Juste envers le
gouverneur général actuel de Madagascar, ju s te 'e t
respectueux, un agent du ministère des colonies ne
pouvait pas ne pas l’être. Témoin chaque jour des
progrès réalisés, qui était mieux placé que lui pour
apprécier le mérite de celui à qui ils sont dus en si
grande partie? Mais je sais gré à notre auteur d’avoir
fait la part de ce qui revient à chacun dans l’oeuvre
commune et de s’être montré à l’égard des personnes
impartial, équitable et généreux. Je lui sais
gré notamment d’avoir rappelé les services d’un des
prédécesseurs du général Gallieni, M. Laroche, esprit
noble et élevé, se faisant des relations qu’il appartient
à la France d’entretenir avec les populations
indigènes l’idée la plus haute et la plus vraie, serviteur
de la France peut-être un peu méconnu et, dans