
CHAPITRE III
LA CONQUÊTE FRANÇAISE ( 1 8 8 3 - 1 8 9 5 )
I. — L a campagne de i 883- i885. — Reprise de l’expansion coloniale de
la France à partir de 1880. — Causes de la guerre franco-malgache de
1883-1885 : succession Laborde; prétentions des Hova sur la côte nord
de Madagascar. — Reclamations des consuls et premières hostilités. —
Mission malgache en Europe'.'— Campagne de l’amiral Pierre. Mort
de Ranavalona II et avènement de Ranavalona III. — Gapnpagne de l’amiral
Galiber. — Première campagne de l’amiral Miot. — Embarras du gouver-
% nement français pour entreprendre la conquête de Madagascar. Deuxième
campagne de l’amiral Miot. — Négociations pour la paix. Traite du
17 décembre i 885. — Commentaires du traité par ses auteurs. — Critique
du tra ité .— Ratifications. — Lettre interprétative de MM. Miot et Patrimonio.
II. — Le protectorat. — M. Le Myre de Vilers. — Difficultés résultant de
l’application du traité. Contrat Kingdon et emprunt malgache. — Délimitation
de Diégo-Suarez. — Affaire des exequatur. — Insuffisance des
résultats obtenus. — M. Bompard. — Conventions de i8go avec l’Angleterre
et l ’Allemagne. — Intérim de M. Lacoste. — M. Larrouy. — Insolences
et armements des Hova. — Rappel de M. Larrouy et mission de
M. Le Myre de Vilers.
III . La campagne de i 8g5. — Le gouvernement, l’administration et l’armée
malgaches en i 8g5. — Préparation en France de la campagne. — Effectifs.
Théâtre des opérations. — Opérations préliminaires. — Retards au
détut de T a campagne. — Opérations du corps expéditionnaire. — La
colonne légère. — La prise de Tananarive et la signature de la paix.
I
Campagnes de 1883-1885.
Traité du 17 décembre 1885.
Reprise de l ’expansion coloniale de la France à
partir de 1880. — L’attention publique en France était
presque complètement détournée de Madagascar et s é-
L A GUER R E DE t 883- l 885 6 9
veillait à peine de nouveau sur les questions coloniales,
lorsque surgirent en même temps l’affaire de la succession
Laborde et l’évidente nécessité de défendre contre
les empiétements des Hova les intérêts des populations
malgaches du nord et de la côte ouest de la grande île,
qui, depuis 1841, s’étaient placées sous notre protection.
A la suite de nos désastres de 1870-1871, la France,
obligée de se recueillir et d’éviter pour sa propre sécurité
toutes causes de conflits avec les puissances étrangères,
avait dû conserver une attitude des plus réservées.
Lorsqu’elle eut réoccupé, aux conférences de Berlin, sa
place dans les grands conseils des nations civilisées et
acquis la certitude que nos ennemis de la veille ne prendraient
pas ombrage de ses essais d’expansion hors d’Europe^
la . République entama la campagne militaire de
Tunisie et poussa notre action un peu plus avant en
Indo-Chine. C’étaient les premiers signes de notre relèvement
national. Ils furent suivis de beaucoup d’autres,
puisqu’en vingt ans notre domaine colonial a été reconstitué
en Asie, en Afrique occidentale, en Afrique orientale
: la période de 1880 à 1900 a été l’ère la plus brillante
de nos conquêtes coloniales hors d’Europe.
A Madagascar, la prise de possession a nécessité deux
campagnes militaires, celle de i 883- i 885 et celle de i 8g5,
qui a été suivie de l’occupation progressive du pays.
Causes de la guerre franco-malgache de 1883-
1885. — i° Succession Laborde. — A sa mort, survenue
le 27 décembre 1878, notre compatriote Laborde laissa
à Madagascar une fortune immobilière évaluée à plus
d’un million.
Aux termes des articles 4 et 11 du traité franco-hova
du 8 août 1868, cette fortune avait été légalement acquise
et pouvait être transmise aux héritiers de son auteur. Le
gouvernement malgache ne l’entendit pas ainsi. Il leur