
l’impossibilité où il était de poursuivre la campagne,
refusa de ratifier le traité.
En France, le gouvernement était peu favorable à la
continuation de l’expédition ; aussi, au lieu de soutenir
^ourbeyre, Louis-Philippe, qui venait de remplacer
arles X, ordonna-t-il, sur la proposition du ministre
de la marine Sébastiani, l’évacuation de Madagascar; les
réclamations instantes des colons réussirent seulement à
éviter celle de Sainte-Marie !
Cet acte d’abandon ne fit qu’accroître l’arrogance des
Hova, qui le considérèrent comme un aveu d’impuissance
et se crurent désormais maîtres absolus dans l’île.
Ordre malgache de mai 1845 et expédition franco-
anglaise. Les exigences des Hova envers les étrangers
augmentèrent chaque jour : ils chassèrent les derniers
missionnaires, martyrisèrent les chrétiens et en arrivèrent
bientôt à vouloir traiter les Européens à peu près
en vaincus, sinon en esclaves.
La situation de ces derniers devint tout à fait intolérable,
à la suite d’un ordre de la reine proclamé à
Tamatave le i 3 mai i 845 et déclarant que :
« A partir de ce jour, tous lés habitants et traitants
seront tenus de prendre la loi malgache faite en ce jour
concernant les étrangers, c’est-à-dire de faire toutes les
corvées de la reine, d’être assujettis à tous les travaux
publics, même ceux que font les esclaves ;
« De prendre le tanghin (poison, constituant l’épreuve
judiciaire), lorsque la loi les y oblige ;
« D’être vendus et faits esclaves, s’ils ont des dettes ;
« D obéir à tous les officiers et même aux simples
soldats hova, ne leur accordant aucune des prérogatives
que la loi malgache accorde à ses sujets ;
« De ne sortir de Tamatave sous aucun prétexte et de
ne faire aucun commerce avec l’intérieur de l’île.
« Quinze jours de réflexion sont accordés aux traitants
et commerçants. Si, à ce terme, ils n’ont pas accédé, leurs
clôtures seront brisées, leurs marchandises livrées au
vol et au pillage, eux-mêmes seront embarqués de force
sur le premier navire qui se trouvera en rade. »
Français et Anglais, également atteints par ce défi au
droit des gens, adressèrent à la reine Ranavalona Ire une
vaine protestation.
Le commandant Romain Desfossés, chef de la station
navale de l’océân Indien, se rendit aussitôt avec deux
navires, le Berceau et la Zélée, à Tamatave ; il y fut rejoint
par le navire anglais le Conway, commandé par le
capitaine Kelly. Les deux commandants, français et anglais,
adressèrent, après entente, au gouverneur hova un
ultimatum, réclamant le retrait de l’ordre royal du i 3 mai.
On refusa de leur donner satisfaction ( i 5 juin i 845).
Le bombardement de la ville commença aussitôt; puis
trois cents Français et Anglais débarquèrent ; ils se lancèrent
contre les positions malgaches, mais, sous le feu
des Hova fortement retranchés, leur chef tué, manquant
de munitions, ils durent se retirer précipitamment, en
abandonnant dix-huit morts sur le terrain.
Le soir même les Hova dressaient en trophée, sur la
plage, des piques surmontées des têtes des malheureux
soldats européens tombés dans cette journée.
La reine Ranavalona Ire proclama qu’elle avait vaincu à
la fois la France et l’Angleterre coalisées contre le royaume
de Madagascar !
Une nouvelle campagne fut projetée par le gouvernement
français ; elle devait être placée sous le commandement
du général Duvivier, mais son départ fut ajourné
au dernier moment, la Chambre des députés ayant émis le
voeu que « la France, n’abandonnant aucun de ses droits
sur Madagascar, ne s’engageât pas sans nécessité dans
de lointaines et onéreuses expéditions » !