
de ce qui se disait en Europe à son sujet, indiquait clairement
son état d’esprit. Les tentatives réitérées de nos
résidents généraux pour arriver à un modus vivendi acceptable
devaient échouer successivement et l’entente ne
pouvait désormais s’établir entre le peuple protégé et le
gouvernement protecteur, que lorsque celui-ci aurait de
nouveau affirmé ses droits par la force.
L opinion publique en France n’étant pas favorable à
une nouvelle expédition, on s’appliqua dans les milieux
politiques et parlementaires à l’y préparer.
Intérim de M. Larrouy. — Après avoir solutionné
au mieux, étant données les circonstances, les difficultés
exposées ci-dessus, M. Le Myre de Yilers rentra en
France en congé, en mars 1888. Pendant son absence,
qui dura six mois, il fut remplacé à titre intérimaire par
M. Larrouy; celui-ci installa une agence résidentielle sur
la côte nord-ouest et deux vice-résidences : l’une à Nosy-
Yey au sud-ouest, l’autre à Fianarants'ba, dans le Bet-
sileo.
L’année 1888 fut marquée, en outre, par l’expulsion
de Madagascar de Digby Willoughby, accusé de concussion,
et par les embarras que des sujets anglais habitant
Madagascar et leur, journal le Madagascar Times cherchèrent
à susciter à nos représentants, notamment en
irritant contre nous les populations indigènes.
M. Bompard. — M. Le Myre de Vilers revint à Tana-
narive en novembre 1888 et n’y resta que quelques mois.
Il eut pour successeur, en juillet 1889, Bompard,
dont le séjour ne fut, pendant les premiers mois, marqué
par aucun événement digne d’attention.
Entre temps, les Hova, à la sollicitation de la résidence
générale, avaient entrepris en octobre 1888, contre les
Sakalaves et les Mahafaly du roi Tompomanana, coupables
d’agressions contre des commerçants français, une
expédition qui put à grand’peine parvenir à Tulear ; elle
dut être recommencée, cette fois avec plein succès, au
mois d’avril suivant. Le prince Ramahatra, qui commandait
cette deuxième campagne, réussit à la fin de 1889 à
établir la prépondérance hova dans le sud-ouest.
Conventions de 1890 avec l ’Angleterre et l ’Allemagne.
— Les relations entre la résidence générale et
le gouvernement de la reine étaient, grâce à la modération
de nos représentants, relativement bonnes, lorsque
parvinrent à Tananarive les déclarations, signées le
5 août 1890 par MM. Waddington, ambassadeur de la
République française à Londres, et lord Salisbury, premier
ministre anglais, aux termes desquelles la Grande-
Bretagne, en échange de la reconnaissance par la France
du protectorat anglais sur Zanzibar, reconnaissait elle-
même « le protectorat de la France sur l’île de Madagascar
avec ses conséquences, notamment en ce qui
touche l’exequatur des consuls et agents britanniques,
qui devront être demandés par l’intermédiaire du résident
général français ».
A la date du 17 novembre 1890, l’Allemagne consentait
la même reconnaissance, notre pays déclarant n’opposer
aucune objection à l’acquisition par elle des possessions
continentales du sultan de Zanzibar et de l’île de
Mafia.
Quand ces actes furent connus à Tananarive, ils provoquèrent
un arrêt presque complet des relations entre
les autorités hova et notre résident général : Rainilaia-
rivony refusa de donner suite à toutes les affaires intéressant
les étrangers, qui lui furent envoyées par l’entremise
de notre représentant et d’observer la clause de
l’article 2 du traité de i 885 au sujet de l’exequatur du
consul d’Allemagne, M. Tappenbeck.