
148 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
7 fam in e , les harcelant tou te fo is con tin u e llem en t , ce
n . 10 ¿ to it fa cile étant en v iro n d ou ze mille .
Les chrétiens foù tin rent leurs attaques le vendredi
& le famedi fa in t , & le jou r de Pâques jufques a n e u f
heures du m a t in , fans a voir u n momen t de relâche
pou r prendre du repos : car pour la nourriture ils n y
penfo ient p a s , aïan t la m o r t d ev an t les y eu x , outre
q u ’ils manquoien t de v iv re s . C om m e leurs forces
é to ien t ép u ifé e s , u n des prêtres qui é to ien t entre eux
s’écria qu’ils a vo ie iit to r t de tenter D ieu &i de. fe
confie r en leurs armes : que puifqu’il a v o it permis
qu’ils fu ifen t réduits à c e tte extrémité , il fa llo ir fe
rendre ; d’autant plus que les Arabes n’en vo u lo ien t
pas à leur v ie , mais à leur argent. C e confe il fu t app
rou v é , & a u ili- tô t ils demandèrent par interprété a
capituler.
L e c h e f des Arabes s’a vança a vec d ix -fep t des princ
ipaux , & entra dans l ’énclos q u i fe r v o it de camp aux
ch r é t ien s , laiflant à la po rte fo n f i l s , pour empecher
les autres d’y entrer. Q u an d il fu t m o n te a la chambre
où l’a rchevêque de M a ïen c e & 1 ev eq u e de Bamb
e r g étoient e n fe rm e z , l’évêque le pria de prendre
to u t ce qu’ils a vo ien t & les laiifer aller. Le barbare
fier de fa v ié to i r e , & irrité de leur re fiftan c e , d it que
ce n ’étoit pas à eux à lui faire la l o i , & qu après leur
a vo ir to u t ô té , il p ré ten d a it encore manger leur chair
ô£ boire leur fan g ; & a u ifi- tô t dénoiiant fo n turban ,
il lè m it autou r du cou de l’év êq u e . L e prélat qui etoit
g r a v e , quoique jeune & v ig o u reu x , ne pu t fouffrir
cette in d ign ité , & lui donna un fi g ran d coup de p o in g
dans le v ifa g e , qu’il le jetta fur le carreau : c r ia n t , qu il
fa llo it commence r par le punir de fo n im p ié té , d a voir
mis fa main pro fane iur ;un prêtre’ de J c fu s -C b n i t . i q 6 <
Les autres chrétiens vin rent au fe co u r s , prirent ce c h e f
& ceux qui l’a vo ient accompagné , & leur lièrent les
mains derrière te dos fi ferrées , que le fang fortoit par
les ongles. L e com b a t recommença a vec plus de v io lence
que d ev an t : mais les chrétiens pour arrêter l’e f fo
r t des A r a b e s , leur prefentoient leurs chefs l i e z ,
a ve c un homme le p é e à la m a in , prêt à leur couper la
tête. ■ '
En cette extrémité les chrétiens apprirent qu’il leur
v e n o it du fecours. C a r q u e lq u e s -u n s d’entre eux s’e -
to ien t fau v e z à R am la après le premier com b a t du
vendredi ; & fur leur avis le gouve rneur de la place
v in t a vec des troupes nombreufes pour d élivrer les
chrétiens. Ils fu rent extrêmement fu rp r is 'q u e des
infidèles les feeouruiTent contre d’autres infidèles :
mais c ’é to it apparemment des T u r c s , qui depuis peu
s’étoien t rendus maîtres du païs. S i-tô t que les A r a bes
apprirent qu’ils marchoient contre eux , ils qu ittèrent
les ch ré tien s , & ne fongerent q u ’àfie iau v e r eu x -
m êm e s , en fu ïan t chacun de leur cô té . L e g o u v e r neur
de R am la arriva i & s’étant fa it reprefenter les
Arabes p r ifo n n ie r s , il fit aux chrétiens de grands re-
m e r c iem en s , d’a vo ir fi bien combattu contre ces v o leurs
qui ravag eoient impunément le païs depuis plufieurs
an n é e s , & les fit garder pour les mener au ro i
fo n maître. Enfuite aïant reçu des chrétiens l ’argent
d o n t ils étoien t c o n v en u s , il les mena chez lu i , & leur
donna une efeo r te pour les conduire jufques à Jerufa-
lem.
Ils y fu ren t reçus par le patriarche Soph rone , qui înguif.f.
étoit un vie illa rd v e n e r a b le , & conduits en p ro c e fiion
T i i j