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A,n 1074 n* Par pr£i'ens : nous n’y fommes portez-quc par la vive
douleur de voir périr , par la faute d’un malheureux
homme, un fi noble roïaume & un peuple fi
nombreux. Cette lettre eft du dixième de Septembre
10 74.
Le pape écrivit du même ft ile , deux mois après à
Guillaume co.mte.de Poitiers. Il fe plaint encore de
la violence exercée par le roi contre ces marchands
Italiens ; & il exhorte le comte à fe joindre avec les
évêques & les feigneurs de France , pour preifcr le roi
de fe corriger ôc d’épargner les pclerins qui alloient à
Home : car on voit bien que les deux articles qu’il
avoit le plus à coeur étoient ces pèlerins ôc ces marchands.
Puis, il ajoûte : Sri perievere dans fa mau-
vaife conduite, nous le féparerons de la communion
de l’églife dans le concile de Rome, lui & quiconque
lui rendra l’honneur ôc l’obéïffance comme à un roi r
ôc cette excommunication fera confirmée tous les jours
fur r autel de faint Pierre. Car il y a long-temps que
nous dilfimulons fes crimes : mais il s’eft rendu maintenant
fi odieux, que quand il auroit la puiifance
que les empereurs païens exerçoient contre les mar-
tirs , aucune crainte ne pourrait nous obliger à laif-
fer fes iniquitez impunies. Grégoire fait encore les
h. ef. jjp mêmes menaces contre le roi Philippe, écrivant à Ma-
nafles archevêque de Reims au mois de. Décembre fui-
vant : mais nous ne voïons en France aucun effet de
ces lettres.
Concnc^e Cette même-année 1 0 7 4 . Jean archevêque de
Rouen. Roüen tint un concile à l’occafion du tumulte arrief.
Lmfr.m7ut. vé l'année précédente dans l ’éslife de faint Oiien, le
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jour de la rete du laint v-ingt- quatrième d’Aouft.
L IV RE S O I X A N T E-D E 0 X I E* ME. z 8 j __________ _
Le roi d’Angleterre Guillaume étoit au Mans, ôc A n ' 1q
avec lui l’archevêque ôc. I abbe de faint Oiien^: comme
plufieurs autres ieigneurs. Le jour de la fete l archevêque
devoir, félon la coutume, celebrer la meife
dans l’églife du monaftere. Il partit du Mans Ôc en-
voïa devant à Roüen avertir de fon arrivéermais comme
il tardoit à venir , on commença la meife ; ôc.
quand il arriva on avoit deja chante le Gloria in
excelfts. Il en fut extrêmement indigné -, il excommunia
les moines- ôc leur fit ceffet l office , chafTa de
l ’autel Richard abbé de Séès, qui avoit commencé
la meife ; ôc tandis qu il fe préparait pour la célébrer ,
il fit continuer par fon clergé ce que l’on avoit commencé.;
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Les moines obéirent à l’interdit, quitteront les ornement
ôc fortirent de l’églife : mais en tumulte & en
murmurant. Un d’entre eux courut a la tour ôc fon-
na la croiTe cloche , puis il fortit & cria par les rués;
que l’archevêque vouloir emporter le corps de faint
Oüen à la-cathédrale. Le peuple fortit des maifons,
l ’un prit une épée, l’autre une hache, l autre ce qu il
trouva fous fa main. L’archevêque voïant venir contre
lui ces furieux ,■ ôc craignant principalement ceux
qui étoient aux galeries hautes, quitta l autel & fe .
retira à la porte de l’églife où il fe fit un rampart de
Jîeges ôc de formes, quelques-uns des fiens armez de
chandeliers, de cierges, de perches, fe jetterent fur
les moines ; qui les reçurent vigoureufement. Le vicomte
de Roiien aïant appris le péril ou fe trou-
voit l’archevêque , ôc craignant que s il lui arrivoit du
mal on ne s’en prît a lui-même, aifembla fes gens en
armes ôc criant de par le roi que l’on s’arrêtât, vint
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