
308 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
m ettant de faire te lle p enitenc e qu’il lui preferiroit.’
G7Î ' L e pape lui o rd onn a de faire le v o ïa g e de Jerufalem ,
& il le promit. A lo r s le pape fe m it à une fen ê tr e , où
étendant les m a in s ,' il fit lign e au peuple de s’appai-
f e r , 8c demanda que quelques - uns des princ ipaux
m o n ta lfen t à la tou r. Les autres c ro ïan t q u ’il les e x -
h o r to it à achever de la prendre , l’efcaladerent 8c t i rèrent
le pape dehors. L e peuple fu t extrêmement
tou ch é de le v o ir cou v e r t de fang . O n le remena a
falnte M a r ie -M a je u r e , où il a che va la melfe 8c d o n n
a la benediél'ion au peuple ? puis il retourna au p a lais
de Latran 8c donna le fe ft in folemnel fé lon la
coutum e.
C ep en d an t C en c iu s s’en fu it a vec fa fem m e , fes en-
fans 8c fes freres. Le refte des conju rez p r it aulfi la
fu ite : on pilla tous leurs b ie n s , car le pape leur fauva
la v ie . Mais le lendemain H e 'la fê te , le peuple c o n damna
C en c iu s à être b anni de R om e pour to u jo u r s ,
8c ruina par le fe r & le feu fa tou r & to u t ce,qu’il a v o it
dans la v ille 8c dehors. Cenciu s auffi de fo n cô té ,
d étruifit to u t ce qu’il» put des.terres, de l’é g life . A in -
li le s . effets de ce tte léd itio n continu è ren t quelque
temps.
E n fu ite l ’archevêque Gu ib e rt demanda au pape la
p e rm ilfio n de retourner à R a v en n e , 8c y étant arrivé
i l confp ira fecrettement contre le pape a ve c T h ed a ld e
a r ch e v eq u e 'd e M ila n , 8c les autres évêques r é v o lte z
de L om b a rd ie : ce q u i fit manquer l ’entreprife que le
pape a v o it fo rmée contre les No rman d s. A u contraire
G u ib e rt fe fe rv it du cardinal Hugues le Blanc , pour
exc iter ç.ontre le pape R o b e r t G uifchard & le roi H en r
i , qui n ’y étôient déjà que trop d ifp o fe z .
L i v r e s o i x a n t e - d e u x i e ’ mj e . 309
Cependant le pape , avant que d’avoir la réponfe
«de fes légats auprès du r o i , lui écrivit une lettre , où
il difoit en fubffance : on dit que vous communiquez
avec ceux que le faint fiege a excommuniez. Si
cela eft v ra i, vous ne pouvez recevoir nôtre bénédiction.,
que vous ne les aïez féparez de vous & contraints
à faire penitence, 8c que vous ne l’aïez faite
vous-même» Adreffez-vous donc à quelque pieux
évêque , qu’il vous abfolve de nôtre part 8c nous rende
compte de vôtre fatisfaèlion. Au refte nous fom-
mes fort étonnez, qu’après nous avoir écrit tant de
lettres pleines d’amitié 8c de foumiffion , vous agif-
fiez d’une maniéré fi dure 8c fi contraire aux faints
décrets. Car pour ne point parler du refte-, on voit
par les effets quelles étoient les promeffes que vous
nous aviez faites touchant l’affaire de Milan; 8c vous
venez, encore de donner l’églife de Fermo & celle
de Spolette à des perfonnes qui nous font inconnues.
Et enfuite :
Nous avons affemblé cette année un concile où ont
affilié quelques - uns de vos fujets ; 8c pour relever la
difeipline de l’églife., nous y avons fait un décret qui
ne contient rien de nouveau ni de nôtre invention,
mais feulement les anciennes réglés : c’eft le décret
contre les clercs concubinaires ; & nous avons ordonné
qu’il fût reçu 8c obfervé dans vôtre roïaume &
chez tous les autres princes chrétiens. Mais comme
ce décret paroiffoit impratiquable à quelques-uns,
à caufe de la mauvaife coûtume , nous vous avons
mandé de nous envoïer des hommes favans & pieux
de vôtre roïaume, pour nous montrer ce que nous
pouvions faire en confidence, afin de modérer ce H B
A n . 1075.
X X V 1 1.
Lettre du pape au
roi Heuri.
n i. ep. 10.