
1098. après. Anfelme donc axant appris la difficulté de continuer
ion v o ïa g e , joint fa inauvaiie fanté , réfolut-
d’éçrirc au pape , 8c d’attendre à Lion fa réponfe.
La lettre portoit en fubftance: J’avois refolu , très-
faint pere , de recourir à vous dans l’affliétion de mon
coeur ; mais ne pouvant y aller moi-même par les
raifpns que vous apprendrez de ce porteur , je fuis
réduit à vous confulter par écrit. On connoît affez
avec quelle violence j ’ai été engagé à l’épifcopat. Il
y a déjà quatre ans que j ’y fuis fans aucun fruit , au
contraire accablé de tant d’affliélions, que je iouhaite
plutôt de mourir hors de l’Angleterre, que d’y vivre,
craignant de n’y pouvoir faire mon falut. Car quand
j’y étois, jevoïois plufieurs maux que je ne devois
pas fouffrir 8e ne pouvois corriger .*, le roi vexait
les éelifes après la mort des prélats ; 8c me fâifoit
\ • a 1 1»/ 1. r 1 1 * 1 tort à moi-meme 8c a 1 eglile de Cantorberi, donnant
à fes vaffaux des terres de l’archevêché , 8c le
chargeant de fubventions nouvelles 8c exceffives. Je
voïois la loi de Dieu 8c les conftitutions canoniques
méprifées -, 8c quand je voulois parler de tous ces
défordres , au lieu de juftice on ne m’oppoioit que
des coutumes arbitraires. Voïant donc que 11 je fou-
frois toujours je chargeois ma.confcience, en confirmant
ces mauvaifes coutumes au préjudice de mes
fucceifeurs ; 8c que je ne pouvois demander juftice ,
parce que perfonne n’ofoit me donner aide ni con-
feil : je demandai permiffion au roi d'aller trouver
vôtre fainteté: ce qui l’irrita tellement, qu’il prétendit
que jer^ui en devois faire fatisfacftion, comme d’une
grande injure ; 8c que je devois lui donner aflurance
de ne jamais avoir recours au faint fiege. Puis donc
qu’il m’eft impoffibleen ces circonftances défaire mon A h. iOî>8.‘
falut dans l'épifcopat : je vous fupplie autant que vous
aimez Dieu ôc mon ame pour Dieu, de me délivrer de
cette fervitude, 8c me rendre la liberté de le fervir
tranquillement : puis de pourvoir félon votre prudence
8c vocre autorité à l’églife d’Angleterre.
Cependant le bruit fe répandit en Italie que l’archevêque
de Cantorberi alloit à Rome chargé de
grands tréfors : ce qui excita l’avidité de plufieurs,
principalement des fchifinatiques partifans de l’empereur
Henri, pour le prendre par le chemin : car
ils dreifoient des embufcades à tous ceux qui alloient
a Rome : eniorte qu’ils prirent des évêques , des clercs
8c des moines , les pillèrent, leur firent divers outrages
8c en tuerent quelques-uns. Mais Anfelme évita ce
péril par le féjour qu’il fit à Lion , pour attendre la
reponfe de fa lettre au pape : car des pèlerins dirent
a ceux qui l’attendoient au paffage, qu’il étoit tombé
malade à Lion , 8c qu’il ne pafferoit pas outre. Il fut
en effet dangereufement malade ; mais il étoit prefque
gu é r i, quand ceux qu’il avoit envoïez à Rome arrivèrent
, 8c dirent que le pape lui ordonnoit de venir in-
ceffamment le trouver.
Il partit donc de Lion le mardi avant le diman- l i .
ehe des Rameaux, c’ell-à-dire, le dix-feptiéme de mciRom^'
Mars 1 0 9 8 ; accompagné feulement de deux moinesr Vit* n. 4.1# 41»
Baudouin 8c Edmer, qui a écrit l’hiftoire du Saint.
Il paffa inconnu comme un fimple moine, 8c célébra
la Pâque au monaftere de faint Michel de Clufe. il
arriva heureufement à Rome; 8c fi-tôt que le pape
l’eut appris, il donna ordre qu’il fut logé dans le
palais, 8c le laiffa repofer cejour-là. Le lendemain
M m m n a ’ ij