
Maria, ix.hijï»
c, 17.
JOl H i S T O l U E c c l e s i a s t i q jj e.
rétablir le monaftere de iaint Fagon, 8c lediftinguer autant
en Efpagne que Clugni l’çtoit en France, envoïa
demander a faint Hugues un fujet digne d’en être abbé,
& ce Saint lui envoïa Bernard, qui fe fit tellement aimer
, que peu après il fut élu tout d’une voix archevêque
de Tolede, dans le concile que le roi y avoit aftem-
blé pour ce fujet.
Le roi étant allé vers Léon, le nouvel archevêque
pouffé par la reine Confiance , fe faifit à main.armée
de la grande mofquée , y dreffa des autels, 8c mit des
cloches dans la grande tour. C ’étoit contre la parole
du roi , qui avoit promis aux Mores de leur conferver
^ette mofquée i c’eft pourquoi l’aïant appris, il en fut
tellement irrité, qu’il revint promptement à Tolede ,
8c menaçoit de faire brûler l’archevêque & la reine.
Les Mores Tarant appris , vinrent au devant du roi
avec leurs femmes 8c leurs enfans > & comme il crut
qu’ils venoient fe plaindre , il leur dit : Ce n’eft pas à
vous que Ton fait injure , c’eft à moi qui ne pourrai
plus me vanter d’être fidele à mes promeffes : c’eft
mon intérêt de vous fatisfairepar une fevere vengeance.
Les Mores lui demandèrent à genoux 8c avec larmes
de les écouter. Ils retinrent ion cheval,& ils dirent:
Nous favons que l’archevêque eft le chef de vôtre loi :
ii nous fommes caufe de fa m o rt, les Chrétiens nous
extermineront un jour , 8c fi la reine périt à caufe de
nous , nous ferons toûjours odieux à les enfans, 8c ils
s’en vengeront après vôtre regne. C ’eft pourquoi nous
vous prions de leur pardonner , 8c nous vous quittons
de vôtre ferment. Le roi fut ravi de conferver la mofquée
fans manquer à fa parole.
Le pape Grégoire VII. à la priere du roi A lfon fe ,
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avoit envoie Richard abbé de faint Viètor de Mar-. A n. 1088.
feille en qualité de fon légat , pour rétablir la difei-
pline dans les églifes d’Eipagne, où elle avoit été il
îong-tems interrompue par la domination des Mores
•- mais Richard le conduifit mal dans fa légation,
8c l’archevêque Bernard alla à Rome en porter fes
plaintes, il trouva fur le faint fiege Urbain II. qui le
reçut très - favorablement, 8c lui donna le paliium
avec un privilège, qui Tétabliffoit primat fur toute
l’Efpagne. Cette bulle eft du quinzième d’Oôtobre *«.▼.«»/£ p
1088. adrefféeà l’archevêque Bernard , &c le pape dit
en fubftance : Nous rendons à Dieu de grandes actions
de grâces, de ce que Téglife de Tolede , dont
la dignité eft Ci ancienne, 8c dont l’autorité a été II
grande en Efpagne 8c en Gaule, vient d’être délivrée
de Toppreifion des Sarrafins après environ 370. ans.
C ’eft pourquoi, tant par le refpeét de cette églife ,
qu’à la priere du roi Alfonfe, nous vous donnons le
pallium, c’eft-à-dire , la plénitude de la dignité fa-
cerdotale ; 8c nous vous établiffons primat dans tous
les roïaumes des Efpagnes ; comme il eft certain
que l’ont été anciennement les évêques de Tolede.
Tous les évêques des Efpagnes vous regarderont comme
leur primat -, 8c s'il s’élève entre eux quelque
queftion qui le mérité, ils vous en feront le rapport,
fauf toutefois les privfeges de chaque métropolitain.
On voit par les paroles de cette bulle, que le pape
Urbain ne prétendoit pas ériger de nouveau la pri-
matie de Tolede , mais la rétablir, comme axant
fubfifté avant l'invafion des Sarrafins : ce qu’il te-
noit pour certain , fe fondant fans doute comnïe
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