
l i é H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q ü è .
Lanfranc a prouvé par l’ancienne coûtume , que
1 archevêque d’Yorc doit faire fa foumiffion avec ferment
a l’archèvêque de Cantorberi : mais pour l’amour
du r o i , il a remis le ferment à l’archevêque Thomas,
& s’eft contenté de recevoir fa foumiffion par écrit,
fans porter préjudice à fes fucceifeurs, s’ils veulent exiger
le ferment des fucceifeurs de Thomas. Si l’archevêque
de Cantorberi vient à m ourir,l’archevêque d’Yorc
viendra a Cantorberi, & avec les autres évêques de
cette eglife , il facrera comme fon primat celui qui fera
élu. Mais fi l’archevêque d’Yorc déeède , celui qui
fera élu pour lui iucceder, aïant reçû du roi le don de
1 archevêché, viendra à Cantorberi, ou en tel lieu
quil plaira à l’archevêque , & recevra de lui l’ordination
canonique. Ce décret fut fouicrit par le roi Guillaume
, la reine. Matilde fon époufe ,• Hubert légat
du pape , l’archevêque Lanfranc , Guillaume évêque
de Londres, faint Vulftan de Rocheftre, neuf autres
evêques d’Angleterre & deux de Normandie qui
avoicnt fuivi le r o i , favoir Odon de Bayeux fon frerc
utérin comte de C a n t , & Geofroi de Coutance en
qualité de feigneur en Angleterre. C ’étoit quinze évêques
en tout. Enfuite foufcrivirent onze abbez. L’archevêque
Thomas donna fa déclaration féparément
conforme au décret du concile. On envoïa des copies
de ce décret aux principales églifes d’Angleterre ; &
Lanfranc en envoïa une au pape , avec une lettre contenant
la relation de ce qui s’étoit paiïc au concile, le
priant de lui envoïer un privilège , c’eft-à-dire une
bulle, pour la confirmation de fon droit. Il envoïa en
meme temps fon écrit contre Berengcr que le pape lui
avoit demandé.
L i v r e s o i X a n T e-ü n i e m e . 7 _
Lanfranc écrivit auffi à l’archidiacre Hildcbrand > An> I 0 7 i .
qui avoit à'Rome la p lu s grande autorité après le pa- ^ ^ ^
p e , le priant de lire la lettre qu’il envqioit au pape , ahn l8. M
de voir ce que le papelui devoir accorder. Hildebrand 5-
lui répondit : Nous avons été affligez de ne pouvoir n. t.
fatisfaire vos députez, en vous envoiant, quoiqu ab-
fen t , un privilège comme ils le demandoient ; & vous
ne devez pas le trouver mauvais, car fi nous avions vu
que de nôtre temps on l’eût accorde a quelque archevêque
ab fent, nous vous aurions volontiers rendu cet
honneur., fans vous fatiguer. C ’eft pourquoi il nous
paroît neceifaire que vous veniez a Rome, tant poui ce
fu je t, que pour délibérer avec nous plus efficacement
fur tout le refte. ^
Nous avons deux autres lettres de Lanfranc au pa- Lettre de Lanpe
Alexandre. Dans la première il lui reprefente la ftanca iw .
maniéré dont il a été élevé maigre lui fur le fiege de
Cantorberi ; puis il ajoûte : J’y fouffre tous les jours
en moi-même tant de peines, d’ennuis & de déchet
du bien de mon ame : je v o i , j’entends, je fens continuellement
dans les autres tant de troubles , d afflictions
, de pertes, d’endurciifement, de paffion , d impureté
) une telle décadence de 1 eglife , que la vie
m’eft à charge, & je gémis d’être venu jufques à ce
temps. Car ce que l’on voit a prefent eft mauvais, mais
on en prévoit des fuites bien plus mauvaiies pour 1 a-
venir. Je vous conjure donc au nom de Dieu , que
comme vous m’avez impofé ce fardeau par votre autorité
, à laquelle il ne m’a pas été permis de refifter ,
vous m’en déchargiez par la même autorité , & nie
permettiez de retourner à la vie monaftique, que j aime
fur toutes chofes. Vous ne devez pas refufer une
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