
A n - maI?dation que j’envoïai par un de ceux qui viennent
’ IO->' 4- accomplir leur voeu à Jcrufalcm, & je l’adrefTai à Ar-
gire duc d’Italie pour la faire tenir à fa fainteté : mais
il s’eft paiTé deux ans depuis fans que j'en aïe pû rien
apprendre : Je vous en envoie une copie, afin que vous
la faffiez tenir a fa béatitude, & que vous m’en envolez
la réponfe : &c f i vous voulez bien lui envoïer
aulii celle-ci après l’avoir lûë , vous me ferez un grand
plaifir. Peut-être fera-t-il content de.ee qui y eft écrit,
& fe conformera-t-il à nous, pour nous réunir tous
dans les mêmes fentimens & offrir à Dieu le même facrifice.
T XI I •, ■ Michel Cerularius aïant vû Cette lettre ; & de fon
Lettre de Michel a / . . A .
Ccruia ius à P k r - cote en aiant reçu une de Pierre d’Antioche fur une
te d’Antioche. affaire particulière : lui .écrivit une lettre , où après
,. il\i h I3Î'r avoir repondu fur cette alfaire , il ajoute : Il y a quelque
temps, qu’aïant appris de ceux qui viennent ici
de l’ancienne Rome la vertu, la noblelfe & la fcience
du pape qui. vient de mourir : je lui écrivis alfez amplement
& avec beaucoup d’humilité touchant la
concorde & la réunion fur les fujets de fcandale
contre la foi qu’on leur attribue , comme vous pour-g
rez voir vous-même par la lettre. Mon intention
etoit tant de gagner le pape lui-même., que de
nous attirer par ion moïen du fecours contre les
Francs, c’eft-à-dire contre les Normands d’Italie, contre
lefquels les Grecs fàvoient que le pape étoit irrit
e , & qu’il avoir grand crédit auprès de l’empereur
Henri.
Michel continue : Je donnai,cette lettre au Veftiarite
qui étoit chargé de celle de l’empereur au pape , efpe-
rant qu’il les lui rendroit l’une & l’autre & nous en rap-
L I V R E S O I X'A: N T , ï F.’ ME. ' g ________
pdrtèroit la réponfe. Mais cet officier étant arrive
auprès d’Argire duc d’I ta lie , fe laiffa furprendre &
lui remit les lettres , fous prétexte de les envoïer au
pape plus promptement. Cependant Argire , comme
nous en fommes très-bien informez , étant; toû-
jours mal- intentionné pour, l ’empire , prit l’argent
que l’empereur envoïôit & le tourna a fon p ro fit, &
quant aux lettres il ufa de cet artifice. Il fe fit venir
des gens en qui il aVoit une confiance, particulière,
dont l’un avoit été évêque d’Almafi & depuis chaffe
de Cette églife pour de bonnes raifons, en forte qu il
eft demeuré fug itif depuis cinq ans, l’autre a feulement
le nom d’archèvêque & on ne peut dire ou eft
fon évêché. C ’eft le cardinal Humbert, dont le -
vêché de fainte Rufine étoit deflors peu de chofe-.
Il donna au troifiéme le titre de chancelier de l’égli-
fe Romaine pour s’en fervir à fes deffeins comme d’une
fortereffe imprenable. Enfuite aïant ouvert ma lettre
, il en compofa une pour moi fous le nom du pape
, & en' aïant chargé ces miferables, voïcz la malice
& la fourberie, il leur perfuada de me les apporter
à C .P .
QLiand ils y furent arrivez ils fe prefenterent premièrement
à l’empereur, avec un air , un h a b it, une
démarche d’une extrême arrogance. Mais quand ils
vinrent me trouver , qui pourroit exprimer leur info-
lence, leur vanité , leur effronterie ? ils ne me dirent
pas une parole , ils ne firent pas la moindre inclination
de tête, & ne voulurent pas me rendre le faiut
accoutumé , ni s’affeoir derrière les métropolitains
qui étoient avec moi dans la fale. Ils le prenoient
à injure. Pourquoi ne dis - je pas ce qui eft encore
D i j