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Henri paiTe en
Italie.
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tout ce qu on. voulut ; & fit auffi-tôt fortir de fon camp
l’archevêque de C o lo gne , les évêques de Bamberg,
de Strafbourg, de Bâle , de Spire , de Laufane , de
C e it z , d’Ofnabruc 8c les autres excommuniez. Il rendit
Vormes à levêque , fe retira à Spire 8c y vécut
comme les feigneurs lui avoient preferit. Les Sueves 5c
les Saxons s’en retournèrent triomphans chez eu x , 8c
envoierent des députez à Rome pour inftruire le pape
de ce qui s’étoit paiTé, 6c le prier inftatnment de vouloir
bien fe rendre à Auibourg au jour nommé.
Mais le roi comprit que fon falut dépendoit d’être
abfous de l’excommunication avant l’an 8c jour -, 8c ne
crut pas fûr d’attendre que le pape vînt en Allemag
n e , ou il auroit à foutenir la prefence , non-feulement
de ce juge irrité , mais encore de fes accufateurs
obftinez à fa perte. C ’eft pourquoi il jugea que le
meilleur parti pour lui, étoit d’aller au-devant du pape
jufques en Italie , 8c de faire tous fes efforts pour obtenir
à quelque prix que ce fût fon abfolution, après
laquelle tout lui deviendroit fa c ile , puifque la religion
ne feroit plus un prétexte pour empêcher les feigneurs
de lui parler 8c fes amis de le fecourir. Il partit
donc de Spire peu de jours avant N o ë l , avec la reine
fa femme 6c fon fils encore enfant, fans être accompagné
que d’un feul noble Allemand , 6c fans prefque
trouver perfonne qui l’aidât pour les frais d’un fi grand
voïage.
Il fut bien averti que les ducs Rodolfe , Guelfe 8c
Berthold avoient mis des gardes à tous les paifages
des montagnes pour l’empêcher d’entrer d’Allemagne
en Italie : c’eft pourquoi il laiffa le droit chemin 6c
vint par la Bourgogne , où il fut reçu par le comte
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Guillaume oncle de fa mere, ôc célébra la fête de Noël ^ ^
à Befançon. Delà il entra en Savoie , dont le comte * 107 7 *
Arnedée, bien que fon beau-frere, ne lui permit le
paffage que moïennant la ceflion d’une bonne province.
Il trouva d’extrêmes difficultez à paffer les A lpes
, à caufe de la rigueur de l’hyver , qui fut telle
cette année , que le Rhin demeura glacé à le traverfer
à pied depuis la faint Martin prefque jufques au mois
d’Avril. Le roi Henri ne fut arrêté ni par les neiges,
ni par les glaces, qui rendoient les chemins glifTans
dans les précipices -, parce qu’il étoit prefle par le terme
que les feigneurs lui avoient preferit, favoir le bout de
l ’an de fon excommunication.
Quand le bruit fe fut répandu que le roi étoit arrivé p. H7;
en Italie, tous les évêques 6c les comtes de Lombardie,
vinrent à l ’envi le trouver, lui rendant l’honneur qui
étoit dû à fa dignité ; 6c en peu de jours une armée innombrable
s’aifembla auprès de lui : car il n’étoit point
encore venu en Italie, où dès le commencement de
fon regne on defiroit fa prefence , pour reprimer les
féditions, les brigandages 6c les autres defordres dont
ce roïaume étoit affligé. D ’ailleurs on difoit que le roi
irrité contre le pape venoit à deifein de le dépofer : ce
qui réjoüiiToit extrêmement les Lombards , croïant
avoir trouvé l’occafion de fe vanger du pape qui les
avoir excommuniez.
Cependant Grégoire s’étoit mis en chemin pour fe
rendre à Auibourg à la Chandeleur , fuivant la prie- thilde.
re des feigneurs Allemands qui lui en avoient écrit. Il
fortit de Rome malgré les feigneurs Romains , qui le
détournoient de.ee voïag e, à caufe de l’incertitude de
l ’évenement ; 6c il fut conduit par Mathilde comteiîe
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