
AN.1Q96. n’entens pas bien encore : Baptifez-nous feulement,
pour nous délivrer des mains de ceux qui nous pour-
îùivent. Tous les autres Juifs en dirent autant. L’archevêque
baptifadonc Michée, & lui donna fon nom,
& les prêtres qui étoient prefens baptiferent les autres
: mais il n’y eut que le Rabin qui perfevera
dans la f o i , tous les autres apoflafierent Tannée fui-
yante.
x lii. Le pape étoit rentré en Italie , &c avoit célébré à
l i e .pap n Mortare près de Pavie la fête de l’exaltation de la
Fuicher.car. fainte Croix. Comme il étoit près de Luques , une
c' 1, troupe de Pelerins François le rencontra, conduite
par Robert duc de Normandie & Eflienne comte de
Blois. Ces deux feigneurs & ceux de leur fuite qui
le voulurent, parlèrent au pape ; &. aïant reçu fa
benediêtion , ils allèrent à Rome. Etant entrez dans
l’églife de faint Pierre , ils trouvèrent des gens de
l’antipape Guibert, qui l’épée à la main s’emparoient
des offrandes que l’on mettoit fur l’autel : d’autres
montez fur les poutres qui traverfoient l’églife, en jet-
toient des pierres fur les pelerins profternez en orai-
fon. Car il - tôt qu’ils voïoient quelqu’un fidele
au pape Urbain , ils le vouloient tuer, il y avoit
toutefois dans une des tours de cette églife des gens
du pape , qui la lui gardoientfidellement. Les pelerins
affligez de ces crimes", mais n’y pouvant remedier, fe
contentèrent defouhaiter que Dieu en fit la vengeance.
Plufleurs d’entre eux manquant de courage, ne
pafferent pas Rome, & retournèrent chez eux : les autres
traverferent laCampanie Su la Poüille & arrivèrent
âB a r i, où aïant fait leurs prières à faint N ico las
, ils croïoient s’embarquer auili-tôt : mais la faifon
n’y étant plus propre, on les obligea de demeu- A n .1096.
rer ; & le duc de Normandie alla paiFer l’hyver en
Calabre avec fes compatriotes. Toutesfois le comte
de Flandre trouva moïen de pafTer la mer avec fa
troupe. Alors plufleurs des plus pauvres ou des plus
tim id e s , craignant la difette à venir , vendirent leurs
armes , reprirent leurs bourdons de pelerins, & retournèrent
à leurs maifons : dequoi ils furent fort blâmez.
Sur.Ia fin de cette année 1096. l’indi¿lioncinquième
étant commencée , Roger comte de Sicile & d e Calabre
voulant rétablir l’églife de Squillace, après la mort
de l’évêque Théodore qui étoit Grec , réfolut d’y mettre
un évêque Latin, parle confeil de tous les évêques s«.
de Sicile &c de quelques-uns de Calabre , entre autres S9U
de Saxon évêque de Caffane , vicaire du pape , & de
l’avis auffi de faint Brunon & de Landuin fon compagnon
, qui s’étoient établis en ce diocéfe. La raifon de
ce changement efl qu’il y avoit dans le païs grand nombre
de Normans & d’autres Chrétiens latins. Le comte
Roger choiflt donc pour premier évêqueLatin de Squillace
, Jean Nicephore, chanoine & doïen de l’églife de
Milet en Calabre-, & marqua l’étenduë de fon diocéfe
lui donnant toute jurifdiêlion fur les Grecs & fur les
Latins , particulièrement fur les prêtres Grecs ôc leurs
enfans..
La comteffe Mathilde vint au devant du pape, & le
conduifit jufques à Rome,où il rentra comme en triomphe,&
y célébra folemnellemcnt la fête de Noël avec fes
cardinaux. Il ne reftoit plus aux Guibertins que le château
faint Ange , prefque tout le refte de Rome étoit
fournis au pape , par le fecours des croifez, qui s’y"
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