
530 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que maniéré que ce fû t', avec le roi Henri depuis Ton
excommunication, jufques à ce que ce lui-là eût été
abious par l’évêque Altman. Ils évitoient de même
ceux qui avoient communiqué dans la priere, avec les
prêtres mariez ou les fimomaques.
On délibéra fept jours de iuite fur les moïens de
prévenir la ruine de l’état. On reprefentoit toute la vie
du roi H en r i, les crimes infâmes dont il s’étoit deshonoré
dès fa première jeuneffe : les injuftices qu’il avoit
faites à chacun en particulier ôc à tous en commun.
Q u ’aïant éloigné d’auprès de lui les feigneurs, il avoit
élevé aux premières dignitez des hommes fans naiffan-
ce, avec lefquels il déliberoit jour ôc nuit fur les moïens
d!exterminer la nobleffe. Que laiiTant en paix les nations
barbares, il avoit armé contre fes propres fujets,
rempli de fang ôc de divifions le roïaume que fes peres
lui avoient laiffé très-floriifant, ruiné les eglifes ôc les
monafteres, ôc emploie la fubfiftance des perfonnes
confacrées à D ie u , à païer fes troupes ôc à bâtir des
fortereifes ; non pour arrêter les courfes des étrangers,
mais pour troubler la tranquillité du païs | ôc réduire
une nation libre à une dure fervitude. Qu’il n’y avoit
plus nulle part ni confolation pour les veuves ôc les
orfelins, ni refuge contre l’oppreif on ôc la calomnie ,
ni refpeâ: pour les loix , ni difcipline dans les moeurs,
ni autorité dans l’é g liie , ni dignité dans l’é ta t , tant
l ’imprudence d’un feul homme avoit apporte de con-
fuiion. Ils concluoient, que l’unique remede à tant
de maux étoit de mettre au plûtôt à fa place un autre
roi capable d’arrêter la licence, ôc de raffermir l’état
chancelant.
. Pendant que l’on déliberoit ainiî à T r ib u r , le roi
L i v r e s o i x a n t e -d e u x i e ’ m e . 331
Henri avec ceux de fon parti, étoient a Oppenheim en
deçà du Rhin, un peu plus haut, d’où il leur envoioit
fouvent des députez pour leur faire de belles promef-
fes. Il en vint jufques à leur offrir d’abandonner le gouvernement
de l’état, pourvu qu’ils lui laiffaffent feulement
le nom ôc les marques de la roïauté. Ils répondirent
, qu’après les avoir tant de fois trompez par fes
promeffes ôc par fes fermens il ne pouvoit plus leur
donner aucune affurance. Qu’il ne leur étoit pas même
permis .en confcience de communiquer avec lu i, depuis
qu’il étoit excommunié ; ôc que le pape les aïant
abfous des fermens qu’ils lui avoient faits, ils devoient
profiter d’une ii belle occafion pour fe donner un digne
chef.
Enfin comme ils étoient prêts à paffer le Rhin &
aller attaquer le r o i , ils lui envoïerent dire pour la
derniere fois , qu’ils vouloient bien s’en rapporter au
jugement du pape : qu’ils l’engageroient a venir a
Auibourg à la purification de la Vierge : que l’on y
tiendrait une aiTemblée de tous les feigneurs du roïau-
m e , où le pape aïant oüi les raifons des deux parties,
condamnerait H en r i, ou le renvoïeroit abfous. Que
fi par fa faute il n’obtenoit pas Ton abfolution, avant
l ’an ôc jour de fon excommunication, il ferait à jamais
déchû du roïaume , fans aucune efperance de
retour. Si le rai acceptoit cette propofition, ils de-
mandoient pour preuve de fa bonne volonté , qu il
renvoïât auffi-tôt d’auprès de lui tous les excommuniez,
qu’il retirât fa garnilon de Vormes, ôc y rétablît
1 » / A i eveque.
Le roi trop heureux de fortir même à des conditions
honteufes du péril où il fe trouvoit , promit
T t ij
A n . 1076.
Lambert, p. 14®?