
j i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ges de faint Bafile , pour ne pas ufer de viandes re-
• cherchées fous prétexte d’abftinence : il rapporte auffi
l ’exemple de faint Pacome , qui nourriffioit des porcs
pour les faire manger aux hoftes & en donnoit les pieds
j& les entrailles aux moines infirmes,
u- Mais le plus grand mal, ajoûte-t-il, c’eft l’addition
au fymbole ; & il s’étend fur cet article, qu’il juge digne
d’anathême. Il croit que l’on peut excufer l’autre
àdditiomUn faint, un feigneur Jefus-Chrift, & le relie
, que l’on attribuoit aux Latins, & qui femble marquer
la fin du Gloria in exceljts. Puis il continué : Nous
devons regarder la bonne intention, & quand la foi
n’eft point en péril,incliner plûtôt à la paix & à la charité
fraternelle. Ceux-ci font auffi nos freres, quoiqu’il
leur arrive fouvent de- manquer par ruflicite ou par
ignorance. Et il ne faut pas chercher la même exactitude
chez des nations barbares, que chez nous qui
femmes noürris dans l’étude. C ’eft beaucoup qu’ils
confervent la faine doctrine fur la Trinité & l’Incarnation.
Toutefois nous n’approuvons pas, qu’ils défendent
aux prêtres qui ont des femmes légitimes de toucher
aux chofes faintes, ni qu’ils quittent en même temps
•la chair & les laitages au commencement du carême.
Quant à la qucflion des azymes , je l’ai fuffifamment
traittée dans ma-lettre à l’évêque de la Venetie ; &c cette
pratique ne peut fe foûtenir que par l’ancienne
coûtume. Pour l’ufage des viandes fuffoquées & les
mariages des deux freres avec les deux foeurs,je ne crois
pas que le pape ni les autres évêques le permettent. Ce
font des excès commis par les particuliers, comme il
s’en commet à notre infçû dans l’empire. Vous trouverez
L i v r e s o i x a n t i e’m e, 33
rez bien des gens à C . P. même qui mangent du fang “
de porc, & l’on y voit du boudin expoie fur les bouti- ^ N‘ 1 ° ^ '
ques. Nous négligeons quantité d’abus qui fe commettent
chez nous, tandis que nous recherchons fi curieu-
fement ceux des autres.
Vous ferez bien d’infifler fur l’addition au fymbole
& le mariage des prêtres, mais on peut méprifer le relie^
dont peut-être la plus grande partie eft fauffie. Car
nous ne devons pas croire aifément de vaines calomnies..
Il faut donc que vous écriviez au pape , quand il
y en aura un d’élû : peut-être rcconnoîtra-t-il la vérité :
& peut-être dira-t-il pouf fadéfenfe , que ces reproches
font faux. Car comment peut-on croire qu’ils
n’honorent pas les reliques, eux qui fe glorifient tant
d’avoir celle de faint Pierre & de faint Paul ? & comment
peut-on dire qu’ils n’honorent pas les images,
après que le pape Adrien a préljdé au feptiéme concile
& anathematifé les Iconoclailes ? Vous avez à Ç , P,
tant d’images apportées de Rome, parfaitement fem-
blables aux originaux ; & nous voïons ici les pelerins
Francs entrer dans nos églifes &c rendre toute forte
d’honneur aux faintes images.
Je vous .conjure donc , me jettant en efprit à vos
pieds, de vous relâcher & d’ufer de condefcendance,
de peur qu’en voulant redreifer ce qui eft tombé, vous
ne rendiez la chûte plus grande. Confiderez que de
cette longue divifion entre nôtre églife & ce grand
iîege apoftolique, font venus toutes fortes de malheurs:
les roïaumes font en troubles, les villes & les provinces
defolées, nos, armées ne profperent nulle part.
Pour dire mon fentiment 5 s’ils fe corrigeoient de l’addition
au fymbole, je ne demanderois rien de plu s ;&
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