
A n . 1059. L’akbé Didier, qui fut un des grands perfonnages
chr. cajp. ub. de ce lîe c le , etoit de l’illuftre famille des princes de
U1'JaTss&B,n. Eenevcnt. Dès l'enfance il fréquentoit les églifes ,
fiu.s.f.sis. écoutoit volontiers les faintes leétures, & s’en en-
tretenoit avec des perfonnes pieufes : mais fon pere
qui n avoit que lu i , vouloit l’engager dans le monde
, & iî-tot qu’il fut en âge il le fiança avec une
fille noble contre fon inclination. Peu de temps après
le pere aïant été tué par les Normands, le jeune Dau~
f ie r , car c etoit le premier nom de D idier, âgé d’environ
vingt ans, réfolut de fe retirer fecrettement j
& par le fecours d’un moine nommé Jaquint, il
fe déroba de fes parens , & reçut l’habit monaftique
de la main d’un faint hermite nommé Santari. Mais
fes parens laiant découvert, lui arrachèrent le faint
h a b it , & le ramenèrent par force à Benevent, où
il demeura près d’un an étroitement gardé dans la
maifon de fa mere. Il s’échappa toutefois, ôc vint à
Salerne trouver le prince Gaimar fon parent, & lui
dit : Puifque je ne puis être moine en mon païs,
fouffrez que je le fois ici fous vôtre proteélion. Gai—
mar admirant la refolution de ce jeune homme, lui
promit ce q u il defiroit, fur tout de ne le point rendre
a fes parens malgré lui. Ainfi Daufier demeura
quelque temps au monaftere de la "Trinité de Cavç
près de Salerne. Enfin Landulfç prince de Benevent
cédant aux importunitez de la mere, vint lui-même
a Salerne & le ramena : à condition qu’il auroit la liberté
de vivre au monaftere de fainte Sophie près de
Bçnevent. Il y fut reçu avec plaifir par l'abbé Grégoire
, qui lu; changea fon nom en celui dç Dçfiderius
pu Didier,
Aïant
Aïant vécu quelques années dans ce monaftere A n ^
avec grande édification , il pafla à celui de Trcmite
dans une iile de la mer Adriatique, dite autrefois de
Diomede : mais voïant que l’abbé le vouloit mettre a
fa place, il s’en retira & demeura trois mois avec des
hermites : enfin par ordre du pape il revint a fainte
Sophie. C ’étoit Léon IX . qui peu de temps après étant
venu à Benevent, connut le mérité de Didier , par le
cardinal Humbert &c le chancelier Frideric, & le prit
tellement en amitié , que fouvent il le faifoit fervir à
l ’autel, & chanter l’évangile à fa meife. Enfuite Didier
alla à Salerne, pour iè faire traiter d’une grande maladie
caufée par les abftinences &c fes veilles. Il .y fit amitié
avec Alfane çlerc très-noble & très-fage , lui per-
fuada d’embrafler la vie monaftique, & l’emmena a
fainte Sophie de Benevent.
Viètor I I . aïant fuccedé à Léon IX . Alfane craignit
fon indignation, parce que fes freres étoient
accufez de la mort de Guaimar prince de Salerne,
& voulut eifaïer de gagner fes bonnes grâces : efpe-
rant d’y réuifir par le moïen du chant qu’ir favoit
en perfeètion , & de la medecine dont il avoit auffi
une grande connoiifance, &c dont il avoit apporté
quelques livres de Salerne. Aïant donc compofé &
préparé autant qu’il put de médicamens , il alla à
la iuite de l’archevêque de Benevent, trouver le pape
à Florence & y emmena Didier. Les deux amis acquirent
bien-tôt une grande familiarité auprès du
pape : mais Didier confiderant que le féjour en cette
cour ne donvenoit point à fa profeflion , perfuada à
Alfane de s’en retirer. Ils vinrent fe profterner aux
pieds du pape , lui demandant leur congé, & la per-
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