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100 H i s t o i r e E ç c l e s i a s t i q j j e .
qucs , & des défauts de là cour de Rome dans un des
écrits qu’il fit pour juftifier fa renonciation à l ’épifco-
pat. Le temps n’eft plus, d it- il, où l’on puiife garder
la modeftie , la mortification , la feyerité facerdotale.
Moi-même quand je viens vous trouver ( il parle au
pape & à Hildebrand ) vous voïez aufii-tôt fortir en
foule les railleries, les plaifanteries, les bons mots,
les queftions fans nombre & les paroles inutiles, la
diffipation , qui éteint la dévotion & ruine le bon
exemple. Si nous ne nous laiiTons aller à ces excès, on
nousi accufe de dureté & d’inhumanité.^ J’ai honte de
parler des defordres plus honteux , la chaife, la fauconnerie
, la-fureur des jeux dé hafard ou des échets,
qui font un boüfon d’un évêque. Un jour comme j’ê-
tois elr voïage avec, l’évêque de Florence, on vint me
dire qu’il joiioit aux échets. Ce difeours me perça le
coeur. ,Je pris mon temps pour lui montrer l’indécence
de cet amufement, en un homme dont la main offre
le corps de Nôtre-Seigneur &c dont la langue le rend
médiateur entre Dieu & les hommes : vû principalement
que les canons défendent le jeu aux évêques. L’évêque
prétendit qu’ils ne défendoient que les jeux
de hafard ;:mais je foutins, quils devoient s’entendre
en général de tous les 'jeux. Il fe rendit, &c me pria
.de lui impofer -une penirence. Je lui ordonnai de reciter
trois fois le pfeautier, laver les pieds à douze pauvres
, & leur donner chacun un- denier : afin de réparer
le: péché qu’il avoir commis par la langue & par les
mains.
Dans un autre écrit Pierre Damien fe plaint de la
maniéré dont plufieurs parvenoient à l’épifcopat,
qui étoit en s’attachant à la cour des:princes. Ils. quittent
l’ég life , d i t - i l , parce qu’ils veulent dominer A n iq 6i
dans l’éelife , & deviennent laïques afin d’être évêques.
Or je foutiens qu’ils font coupables de toutes ».
les efpeces de fimonie. Ils donnent de l’argent pour
acquérir les dignitez ecclefiaftiques, par les dépenfes
qu’ils font en voïages & en habits précieux. Suppo*
fons deux clercs, qui aient chacun cent livres de deniers
: dont l’un aille à la coür d’un roi & y dépenfe
petit à petit ce au’il avoit amaffe , 1 autre demeure c. 1;
chez lui & garde fon argent. Qu’on leur donne en-
fuite en même jour chacun un eveche ; lu n donne
pour l’acheter tout fon argent a la fo is , 1 autre ne
donne rien de nouveau, parce qu il a long-temps fervi
à la cour. Lequel des deux, je vous prie, a le plus chèrement
acheté fon évêché ?- n’eft-ce pas celui a qui,
outre fon argent, il a tant coûté de travail, plutôt que
celui qui eft demeuré en repos, & n’a donne que fon
argent? . ,
Quant aux deux autres efpeces de fimonie de la
langue & des? fervices, il eft évident que les clercs
courtifans en font coupables. Ils ne font continuellement
que flater le prince , étudier fes inclinations, <■. g
obéir à fes moindres, lignes applaudir à tous fes difeours
, lui complaire en tout. Ils lui font fournis
avec la derniere baffeiTe •, & comme ils fe ruinent dans
la vue de devenir fiches, l’envie de dominer les rend ,
efclaves. O r c’eft acheter chèrement les dignitez, que
de les acquérir par une longue fervitude , & faire le
métier de parafite & de boufon ,: pour devenir eve-
que. Ceux qui font ainfi parvenus à l’épifcbpat, prodiguent
enfuite les biens de l’églife., pour fe faire des
amis &c gagner ceux qui auroient dû les. élire. C e