
— ‘m 4 5+ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n. io8j . autres officiers i avec les compagnies dont ils étoient
chefs. Dans la fécondé lettre iL compte treize cardinaux.
Venant eniuite aux reproches contre Hilde-
brand , il accufe fon éleôbion d’irrégularité , en ce
qu’ellefut faite le jour même delà mort du pape Alexandre
fon predeceffeur : quoique les canons , d i t - i l ,
défendent d'élire le nouveau pape plutôt que trois
jours après la fépulture du défunt, il a , dit-il, éloigné
les cardinaux de fon confeil & de fa familiarité , quoique
les canons ordonnent, que le pape foit toujours accompagné
de trois cardinaux prêtres & de deux diacres
, pour être témoins de fa conduite.
Il a excommunié l'empereur contre la volonté des
cardinaux, fans obferver l’ordre judiciaire, Scfans que
ce prince eût été accufé canoniquement dans aucun
concile : & aucun cardinal n’a fouferit cette excommunication.
Quand il fe leva de fa chaire pour la prononcer,
la chaire qui étoit neuve & d’un bois très-fort,
fe fendit tout d’ün coup en plufieurs morceaux par
l’ordre de Dieu, pour montrer le fchifme que cette excommunication
devoit produire. Bennon ajoute en-
fuite : Le lundi de Pâques officiant à faint Pierre, il
monta fur l'ambon après l’évangile , & dit publiquement
, que le roi Henri mourroit dans la fête de faint
Pierre, ou ieroit chaffé du roïaume , en forte qu'il ne
pourroit affiembler fix chevaliers ; & ajouta : Ne me
tenez plus pour pape fi cette prédi&ion eft fans effet.
Le tems étant paffé , fans que le roi fût mort, ni que
fes forces fuffent diminuées , il perfuada au peuple
ignorant qu’il avoit parlé de la mort de l'ame & non
de celle du corps. Bennon conclut fa première lettre
par cette hiftoire.
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e ’ m e . 4 5 5 ---------------
Un jour venant d’Albane à Rome , il parletoûjours An 1085.
d’Hildebrand, il oublia d’apporter un livre de nécromancie,
fans lequel il ne marchoit gueres. S’en étant
fouvenu par le chemin, à l’entrée de la porte de La-
tran , il appella promptement deux de fes domefti-
ques , fideles miuiftres de fes crimes, leur commanda
de lui apporter inceffamment ce livre, &c leur défendit
fous de terribles menaces de l’ouvrir en chemin , ni
d’avoir aucune curiofité pour les feçrets qu’il contenoit.
La défenfe ne fit qu’irriter leur curiofité, ils ouvrirent
le livre en revenant, 8t en lurent quelques pages.
Auffi-tôt pâturent des démons, dont la multitude &
les figures horribles effraïerent tellement les deux jeunes
hommes, qu’ils en étoient hors d’eux-mêmes. Les
démons les preffoient, en difant : Pourquoi nous avez
vous appeliez , pourquoi nous avez - vous donné la
peine de venir i dites promtement ce que vous voulez
que nous faflions.: autrement nous nous jetterons
fur vou s , il vous nous retenez davantage. L’un des
deux leur dit : Abattez promptement ces murailles :
leur montrant de hautes murailles de R om e , que les
démons abattirent en un moment. Les jeunes hommes
firent le ligne de la c ro ix , fi tremblans &c fi hors d’ha-
leine, qu’à peine purent-ils arriver à Rome. Le lecteur
fenfé jugera quelle créance mérité un auteur qui
rapporte ferieufement de tels contes.
La fécondé lettre de Bennon commence par une
répétition des mêmes plaintes contre l’excommunication
du roi Henri. Surquoi il allegue ces paroles de
faint Auguftin dans le fermon de la penitence : L’apô- serm.,Si.cUm.
tre nous fait affez voir , que ce n’eff pas legerement, ¿"».i“.*.cornais
juridiquement qu’on doit ôter les méchans de la