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A n .1094. vée de la prifon où il l’a voitm ife , elle s’étoit retirée
auprès de la comcelTe Mathilde , qui la reçut avec
beaucoup d ’amitié, 8c l’amena à ce concile. Praxede
s’y plaignit des outrages 8c des infamies que l’empe-
-reur fon époux lui avoic fait fouffrir en fa perfonne;
& les confeifa publiquement. Et comme le pape fa-
voit qu’elle n’y avoit point confenti , il la difpenfa
de la penitence qu’elle auroit pû mériter. Mais elle
ne laiiTa pas de fe retirer dans un monaftereoù elle
mourut faintement ; 8c ces crimes de Henri étant devenus
publics , exciterent plufieurs de fes partifans à
l ’abandonner.
Philippe roi de France envoïa une ambaiTade à ce
concile, & manda qu’il s’étoic mis en chemin pour y
aller , mais qu il en avoir ete empeché par des raifons
légitimés. C ’efl pourquoi il demandoit un délai juf-
ques à la Pentecôte , que le pape lui accorda à la prière
du concile. Mais Hugues archevêque de Lion, qui
avoit été appelle au concile , fut fufpendu de fes fonctions
pour n’y être pas venu, 8c n’avoir point envoïé
d’excufe canonique.
il vint auiïi au concile de Plaifance des ambafla-
deurs d’Alexis Comnene empereur de Ç. P. prier
humblement le pape.5c cous les Chrétiens, de lui donner
quelque fecours contre les infidèles, pour la dé-
fenfe de l’é g life , qu’ils avoient prefque détruite en
Orient. Car ils y étoient fi puiifans, qu’ils venoient
jufqu’aux murs de C. P Le pape excita les fideles à
accorder ce fecours:en forte que plufieurs s’engagèrent
parfermencàfairele vo ïa g e , & aider fidelemenc l’empereur
de C. P. félon leur pouvoir.
On r'enouvella en ce concile la condamnation de
l ’herefie
L i v r e S o i x a n t e Q u a t r . i e ’ m e . 595
l’herefie de Berenger i 5c on déclara que le pain 8c le
vin , quand on les confacre fur l’autel, font changez,
non feulement en figure, mais véritablement 8c eifen-
tiellement au corps 8c au fang de Nôtre-Seigneur.
On condamna aulh l’herefiedes Nicolaïces, c’eil-à-di-
re , des prêtres 5c des autres clercs majeurs , qui pré-
tendoient n’être pas obligez à la continence -, on leur
défendic de faire leurs fondrons 8c au peuple d’y affilier.
On confirma tous les reglemens des Papes pré-
cedens fur la fimonie, en défendant de rien exiger
pour le faint chrême, le baptême 8c la fepulcure. On
déclare nulles les ordinations fëites par l’antipape
Guibert, 6c par les autres évêques intrus ou nommément
excommuniez : mais on ufe d’indulgence à l ’égard
de ceux qui ont été ordonnez fans fimonie par
des fchifmatiques ou des fimoniaques, fans les con-
noître pour tels ; ou qui ont renoncé aux églifes qu’ils
avoient obcenuës par fimonie ; fans toutefois que cette
indulgence porte préjudice aux faints canons , hors
le cas de neceffité. Le jeûne des quatre-tems eil fixé
aux mêmes jours où nous l’obfervons encore. On
défend de recevoir à la penitence ceux qui ne voudront
pas renoncer au concubinage, à la haine, ou
à quelque autYe péché mortel. Qu’aucun prêtre ne
reçoive perfonne à penitence fans commillion de l’évê-
que ; 5c qu’on ne refufe pas les facremens à ceux
qui ne demeurent avec les excommuniez , que par la
prefence corporelle, fans participer à leurs facremens.
On dit que ce’ fut en ce concile de Plaifance, que le
pape inllitua la dixième préfacé pour la mefTe, qui eil
celle de la Vierge.
Après le concile le pape pafla à Cremone,<où le
Tome X l l l . E e e e
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